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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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mort plutôt que d’atteindre son but. D’autres, ceux qui lui avaient fait confiance, auraient bien aimé qu’il réussisse, mais ils avaient perdu foi en lui. Ce malin de Richard a fait semblant de travailler pour les seconds alors qu’il était au service des premiers.
    — Il a empêché Rahn de réussir ?
    Betty s’était levée pour aller allumer une cigarette. Nue, à la fenêtre de la chambre, elle jeta son regard habilement mélancolique sur cette Méditerranée qui l’avait tellement fait rêver alors qu’elle n’était encore qu’une petite fille.
    — Oui et de la manière la plus radicale qui soit ! Il l’a supprimé, mais il a veillé à récupérer tout ce qu’il pouvait, histoire de poursuivre ses recherches.
    — Rahn avait laissé des écrits ?
    Betty caressa ses longs cheveux blonds d’un air songeur. À ce moment précis, elle semblait vraiment avoir retrouvé le souvenir du Rahn qu’elle avait connu jadis.
    — Otto n’était pas toujours lucide, mais il était loin d’être un imbécile. Il a senti la trahison de son ami. Il était occupé à écrire un nouveau livre sous la forme d’une sorte de correspondance. Il l’avait adressé à un certain... Comment s’appelait-il encore ? Ah oui, à un certain Jacques Breton, un éditeur à Paris qu’il avait rencontré lors de son premier voyage en France. Rahn avait consigné toutes ses recherches et espérait faire publier le livre afin de révéler au monde ses découvertes.
    — Il a réussi à lui envoyer ?
    — Oui, répondit Betty en venant se rasseoir sur le lit. Mais Richard avait connaissance du projet. Dès qu’il le put, il le menaça de révéler les origines juives de l’éditeur ainsi que la portée subversive de ses écrits. Le pauvre Breton accepta de confier le manuscrit de Rahn à son maître chanteur. Mais Richard tenait à sa tranquillité et il mit sa menace à exécution. L’éditeur prit le chemin d’un camp de la mort et il ne revint plus jamais boire son petit café serré aux Deux Magots.
    Le Bihan réfléchit un instant.
    — Mais alors, ce manuscrit...
    Betty se leva et ouvrit le tiroir de la commode où elle avait rangé ses effets personnels. Elle en sortit une liasse de feuilles.
    — Il est ici ! Quand j’ai refroidi le beau Richard, je me suis permis de faire ses poches. J’ai trouvé non seulement le rapport de la SS, mais aussi le fameux manuscrit de Rahn.
    Elle tendit les feuilles contenues dans une chemise de carton bleu à Le Bihan qui commença à tourner les pages. Tout en lisant en diagonale les confessions de Rahn, il continuait à réfléchir à l’itinéraire de Richard.
    — Mais ce Richard... S’il est parti sur les traces de Rahn. Il a dû fouiller lui aussi pour trouver les documents ?
    — Il était très discret sur le sujet, mais je suppose qu’il est allé à Cologne puisque Rahn n’a pas eu le temps d’aller au bout de sa recherche et que, moi, je n’ai rien trouvé. Et si tu as réussi à dénicher les trois autres, c’est qu’il n’a pas eu le temps de le faire !
    — Mais alors, le document de Cologne, où se trouve-t-il ? demanda Le Bihan.
    Betty, toujours nue, revint s’asseoir à côté de lui. Elle lui passa l’index sur la joue et lui murmura :
    — Figure-toi que je n’en ai pas la moindre idée ! Il ne le possédait pas dans ses affaires. Il ne m’en a pas parlé.
    — Tu es sûre de ne plus mentir ?
    — Tu penses que je me serais tapé Cologne dans un train tape-cul avec une brochette de militaires de retour de permission dans mon compartiment si j’avais eu le document ?
    Le Bihan sourit. Une nouvelle fois, il avait envie de croire Betty. Celle-ci le regarda et adopta au bon moment le ton de la confession.
    — Tu vois, j’avais enfoui toutes ces histoires au plus profond de ma mémoire. Quand tu es arrivé au village, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à en tirer. Je ne compte pas rincer les gosiers de tous ces ploucs jusqu’à la fin de mes jours ! Alors, je me suis dit que je pouvais très bien reprendre le boulot que le Boche avait laissé en plan.
    — Et tu t’es plantée !
    Betty partit d’un grand éclat de rire.
    — C’est le drame de ma vie ! J’ai toujours mal choisi mes rôles. À force, on s’y fait, mais c’est plus fort que moi, parfois j’ai encore envie d’y croire.

 
    63
    Kustein, 1939
    Cher Jacques,
    Je crains de ne pouvoir finir ce livre. Les hommes qui sont

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