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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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plus tôt que de coutume. Le code était respecté. Trois petits coups sur la porte, suivis d’un quatrième, plus sonore. Bertrand quitta le matelas sur lequel il passait le plus clair de son temps. Il ouvrit la porte et trouva la boîte en fer-blanc dans laquelle la vieille dame déposait toujours le pain, le fromage, la charcuterie et un fruit. Le jeune homme jeta un coup d’oeil dans le couloir, mais Georgette s’en était déjà allée. Bertrand se dit qu’elle devait avoir à faire et ne s’en étonna pas davantage. Il ouvrit rapidement la boîte, car la faim le tenaillait déjà depuis quelques heures. Il s’y prit à trois reprises pour desceller le couvercle, qui se montrait toujours un peu retors. Encore un dernier effort et la boîte s’ouvrit.
    — Ahhhh !
    Ce que Bertrand venait de voir lui avait arraché un cri d’effroi, immédiatement suivi par une atroce sensation de chaleur. À terre, était tombée la boîte en fer-blanc et dans cette boîte se trouvait une main coupée, ensanglantée. Il s’agissait de la main d’une vieille femme. Un petit détail donna à Bertrand l’envie de crier à nouveau : une bague à l’annulaire avec une figure de la Sainte Vierge. C’était la bague de Georgette ! Le jeune homme sortit de sa mansarde, il s’engagea dans le couloir. Les idées s’entrechoquaient dans sa tête qui menaçait d’exploser sous l’effet de l’émotion. Ils l’avaient retrouvé et ils avaient puni Georgette de l’avoir hébergé ! Il avait encore le temps de fuir, mais il n’y avait pas un instant à perdre. Vite, les escaliers. Il dévala la première volée et il abordait la deuxième lorsqu’une barre de fer s’insinua entre deux marches. Lancé à vive allure, Bertrand sentit qu’il perdait l’équilibre.
    — Noooon !
    Il tenta de se retenir à la rampe, mais son élan rendit tout rétablissement impossible. Il fut projeté, la tête la première, sur les marches et roula jusqu’au deuxième palier où il vint terminer sa course en se fracassant la tête contre le mur. Il était encore sonné quand il entendit une voix familière.
    — Tsss... Bertrand... J’espère que tu ne t’es pas fait trop mal.
    Le Bon Homme était debout, il tenait une barre de fer qu’il frappait dans la paume de sa main.
    — Un accident est si vite arrivé, continua-t-il d’une voix compatissante. La pauvre Georgette en sait quelque chose. Il est toujours risqué de découper du gigot avec un couteau de cuisine trop tranchant. À ce propos, la viande était délicieuse. Oh, mais quel égoïste je fais, j’aurais dû t’en laisser !
    — Pitié ! implora Bertrand.
    L’homme brandit la barre de fer et lui asséna un grand coup dans les côtes. Bertrand crut qu’il allait s’évanouir sous l’effet de la douleur.
    — Pitié ? Tu oses me demander pitié alors que tu n’as pas hésité à aller prévenir le Normand de je ne sais quel danger imaginaire. Un caillou dans la vitre, un vrai gosse ! Je dirais même un sale gosse ! Mon pauvre Bertrand, tu n’as pas oublié les bonnes vieilles habitudes de la guerre. Tu as toujours témoigné d’un goût prononcé pour la délation, non ?
    Le jeune homme se tordait encore de douleur quand l’autre continuait son récit :
    — Je me suis laissé dire que tu avais dénoncé un rival pour une amourette dérisoire. Le pauvre, à cette époque, il était risqué de s’engager dans la Résistance. C’est bien, Bertrand, tu as fait ton devoir de citoyen en dénonçant ton ami et la Milice t’en a été reconnaissante. Je me trompe ?
    — Pitié, gémit-il.
    Le Bon Homme s’empara de la barre de fer à deux mains et la lui planta profondément dans la cuisse en le plaquant au sol comme un insecte pris au piège par un entomologiste.
    — Tu vas arrêter de demander pitié ? cria-t-il. Par ta faute, Georgette a interrompu brutalement une retraite bien méritée. Crois-moi, si cela ne tenait qu’à moi, tu ne bénéficierais pas de la moindre mansuétude, mais notre maître a d’autres projets pour toi.
    La pression de la barre qui pénétrait encore dans la chair se fit plus forte avant qu’il ne la retire d’un geste brusque.
    Bertrand manqua de s’étrangler tant la douleur était insoutenable. Il sanglotait bruyamment et il n’entendit pas que la porte venait de s’ouvrir au rez-de-chaussée. Le détail n’avait pas échappé au Bon Homme. Il se baissa et cria dans l’escalier :
    — Monte ! Nous

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