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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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l’Ahnenerbe, l’institut créé par Himmler pour mener des recherches sur les ancêtres de la race aryenne. L’espace de quelques mois, il était entré dans la peau d’un autre homme. Il n’avait plus été le jeune historien, futur professeur respectable d’une ville de province, mais un résistant qui se battait sur le terrain de l’archéologie et du mystère de l’Histoire. A la fin de la guerre, Le Bihan comprit que sa guerre était finie. Il avait rencontré une femme qui lui avait fait découvrir l’amour, mais elle avait eu moins de chance que lui. Avec les années, il avait le sentiment que le souvenir du visage de Joséphine s’estompait peu à peu. Il avait tourné la page et, à présent, il plongeait délibérément dans une nouvelle histoire. Ne craignait-il pas de réveiller des fantômes qu’il tentait de reléguer aux confins de sa mémoire et de son oubli ? Sept ans après la fin de la guerre, Le Bihan était prêt à se confronter une nouvelle fois à ces pseudo-scientifiques tout dévoués à la cause idéologique du Reich.
    Le taxi arriva au petit bourg de Saint-Paul-de-Jarrat. Encore perdu dans ses pensées, Le Bihan découvrit l’hôtel des Albigeois. Il se trouvait un peu à l’écart, à l’entrée du village. La demeure lui parut d’emblée plus sympathique que l’hôtel de la Source avec son crépi jaune et ses volets bruns vernis de fraîche date. Le Bihan monta les six marches du petit perron et tira la petite cloche. Un homme souriant, âgé d’une cinquantaine d’années, ouvrit la porte. Il devait venir de sa cuisine puisqu’il s’essuyait les mains avec un torchon rouge lorsqu’il salua son nouveau client.
    — Vous voici arrivé ! s’exclama-t-il en découvrant de belles dents blanches et régulières que soulignait encore sa carnation foncée. Vous avez fait bon voyage, Monsieur Le Bihan ?
    — Oh, le voyage fut court, répondit l’historien. Mais suffisant pour admirer votre belle région.
    — Déposez donc votre valise et débarrassez-vous, lui dit-il en le faisant entrer dans la réception de l’hôtel. Je vais vous servir un petit verre pour vous requinquer. Un petit verre de calva, ça vous dit ?
    — Avec plaisir !
    Georges Chenal alla chercher la bouteille dans la salle à manger et un verre. Pendant ce temps, Le Bihan jeta un coup d’oeil sur le décor. Les murs de la réception étaient décorés de gravures liées à l’histoire du Languedoc. Figures héroïques et châteaux réputés inexpugnables n’étaient pas seuls à accueillir les clients. Il y avait aussi une ancienne roue de charrette et deux sièges en bois pourvus de coussins recouverts d’un tissu jaune un peu criard qui conférait à l’ensemble une tonalité résolument rustique. Au fond de la pièce et juste à côté de l’escalier, se trouvait le comptoir de bois avec quelques cartes postales aux bords dentelés vantant les mérites de sites de la région, le téléphone et derrière, suspendue au mur, une petite étagère de bois destinée à recueillir les clés des chambres. Georges Chenal revint avec la bouteille de calvados. Il servit généreusement Le Bihan et l’invita à s’asseoir. Il prit place à son tour dans un siège face à lui.
    — Votre sens de l’hospitalité contraste avec celui de vos collègues d’Ussat, dit Le Bihan.
    — Il ne faut pas trop leur en vouloir, répondit-il. Ussat-les-Bains est une petite ville, mais elle est souvent prise d’assaut par les curistes. Alors, vous savez, ils ont parfois tendance à oublier que ce sont les clients qui les font vivre. Vous comptez rester longtemps ?
    — Une semaine, répondit Le Bihan avec aplomb comme s’il cherchait surtout à se convaincre lui-même.
    — À la bonne heure ! Vous verrez, c’est plutôt calme pour l’instant. Je n’ai que deux chambres louées cette semaine ! Un couple d’habitués et un monsieur de passage, un adepte de la marche, très calme.
    Chenal était visiblement satisfait de tailler un brin de causette avec un nouveau venu. Il resservit un verre de calva à Le Bihan.
    — Si ce n’est pas trop indiscret, qu’est-ce qui vous amène en notre belle région ? Si ce n’est pas la vertu de nos eaux, cela ne peut être que nos fiers et tragiques Cathares. Je me trompe ?
    — Eh bien, répondit Le Bihan un peu troublé et qui ne s’attendait pas à pareille clairvoyance, oui, je m’intéresse aux Cathares. J’aimerais mieux comprendre ce qui leur est

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