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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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indice lié à la présence d’un cadavre. Alors qu’il avait déjà échappé à un accident qui ressemblait davantage à un piège et qu’il avait recueilli le dernier souffle d’un homme transpercé par une flèche, c’était étrangement la première fois que Le Bihan éprouvait une telle sensation de malaise, pour ne pas dire de peur. Non seulement ceux qui avaient décoché la flèche mortelle étaient restés dans les parages, mais en plus, ils avaient fait disparaître le corps en un temps record. S’il avait d’abord pensé qu’il s’agissait d’un crime perpétré par des fous, il fallait reconnaître que ceux-ci ne manquaient pas de rapidité. Le Bihan réfléchit. Il avait été le seul témoin d’un meurtre dont il ne subsistait plus la moindre trace. Autrement dit, d’un meurtre qui n’avait jamais existé, sauf à ses yeux. Tout comme l’appel de Philippa. Quant à la lettre et au message écrit, ils ne constituaient en aucun cas la preuve d’un quelconque complot. Le Bihan réalisa à quel point il était seul. Il avait l’impression d’avancer dans un tunnel qui s’obscurcissait au fur et à mesure qu’il progressait. Serait-il à la hauteur du défi qu’il s’était lancé ? Il éprouvait une désagréable impression de peur et d’impuissance mêlées. Très vite, il n’eut plus qu’une seule envie : quitter le village. L’historien serra la poignée de sa valise et courut vers la gare. Il était dix-sept heures vingt. Dans cinq minutes, il pourrait enfin monter à bord de ce train qui allait le libérer de ce piège.

 
    16
    Berlin, 1938
    Cher Jacques,
    L’homme qui influença en grande partie ma vie s’appelait Maurice Magre. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le nom de ce grand écrivain qui sut déceler et attiser la flamme qui brûlait au plus profond de mon âme. À l’époque où j’étais à Paris, Magre avait réuni autour de lui des érudits qui s’intéressaient à l’histoire des Cathares. J’éprouvai comme une révélation en réunissant le thème de mes études et les dernières recherches menées par un aussi grand savant. J’avais déjà pleinement conscience que le but ultime de ma vie serait la quête du Graal.
    Dès les premiers jours que je passai à Ussat-les-Bains, je compris que je n’étais pas le bienvenu. Tous mes amis m’avaient parlé du caractère particulier des habitants de la région, mais je n’imaginais pas à quel point il serait difficile de se faire accepter. Je me suis souvent demandé pourquoi des gens simples n’élevaient pas leur âme en habitant des lieux autant chargés d’histoire. Ferment-ils les yeux au point de devenir aveugles ? Malgré ma bonne connaissance de la langue française et, je l’affirme, ma volonté de m’intégrer, je restais pour tous « l’Allemand ». C’est d’ailleurs le surnom le plus sympathique que j’ai conservé dans la région.
    Après avoir quitté le château de la comtesse de Pujol-Murat, à la suite de divergences de vues, je me suis installé dans une petite pension de famille « Lauriers, roses et tilleuls » tenue par une dénommée Louise. J’avais déjà visité Foix, Pamiers, Lavelanet et Mirepoix et je commençais donc à bien connaître la région. J’avais aussi eu l’occasion de passer une dizaine de jours à Montségur, mais j’y reviendrai en détail plus tard.
    Comme je le disais, les gens de la ville me considéraient avec méfiance. Les Ussatois auraient pourtant été bien avisés de m’accueillir avec davantage de courtoisie. La station tournait encore correctement à l’époque, mais des critiques commençaient à se faire entendre. Selon certains habitués, Ussat-les-Bains était condamnée à ne plus être que le pâle reflet de ce qu’elle avait été. Il en va des cures thermales comme des artistes de variété et des chapeaux des élégantes, les modes passent et les vagues les plus fortes finissent toujours par retomber.
    Heureusement, ma sombre vision de la cité ariégeoise changea lorsque mon chemin croisa celui d’Antonin Gadal qui était une autorité dans la région. D’un tempérament rugueux, l’homme en imposait. Instituteur à la retraite, il dirigeait l’établissement thermal et se chargeait de la gestion touristique de la grotte de Lombrives. À Ussat-les-Bains, certains pensaient qu’il s’était considérablement enrichi, mais ils se trompaient. Gadal aimait ses grottes et il avait même manqué de se ruiner en

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