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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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trop de choses. Elle jeta un dernier regard sur sa chambre comme on salue un vieil ami que l’on ne reverra plus, et puis s’engagea rapidement dans le couloir. Elle entendit alors une clé qui tournait dans la serrure. Philippa n’eut pas le temps de réfléchir à ce qui se passait. Elle voulut faire demi-tour, aller se cacher dans la chambre, mais il était déjà trop tard. La porte s’ouvrit et elle se trouva face au Bon Homme. Il était habillé en civil, mais portait l’insigne de l’Ordre au revers de son veston.
    — Alors Bonne Femme, lui dit-il sur un ton de reproche. On veut nous quitter ? Quelle ingratitude après tout ce que nous avons fait pour toi !
    — Laissez-moi, répondit-elle d’une voix étranglée par la peur. Je ne dirai rien. Je vous laisserai tranquille. Je le jure ! Je veux seulement partir, m’éloigner de la région.
    Le Bon Homme fit une moue réprobatrice en la regardant comme un père qui surprend son enfant en flagrant délit de mensonge.
    — Tsss... Tsss... Philippa, tu sais aussi bien que moi qu’il ne suffit pas de fuir pour échapper à son passé. Remarque, ton attitude ne nous surprend pas ; tu as toujours été la plus indisciplinée parmi nos frères et nos soeurs. Nous t’avons chaque fois repêchée parce que nous avions foi en ton âme. Cela me coûte de devoir te le dire, mais aujourd’hui, j’en suis venu à douter de ta volonté à vouloir élever ton âme et honorer l’Ordre.
    À mesure qu’il parlait, le Bon Homme se rapprochait de Philippa. Celle-ci avait laissé sa valise tomber à terre et reculait, pas après pas, dans le couloir. Mais elle se savait prise au piège, elle finirait bientôt dos au mur. Le Parfait poursuivait son sermon, toujours sur le même ton réprobateur.
    — Je suis heureux qu’un Bon Homme sensé nous ait éclairés sur tes mauvaises pensées.
    Philippa ressentit cette affirmation comme un coup porté à l’estomac. Bertrand l’avait trahie. Elle avait voulu le sauver et il l’avait donnée !
    — Tu connais pourtant notre règle, poursuivit le Bon Homme. Nous l’avons héritée de la guerre. Pour toute défection d’un de nos frères, nous en sacrifions cinq. Tu as raison, il est cruel de faire payer cinq innocents pour un mouton noir, mais de cette manière, nous lui faisons porter le poids de la culpabilité. Et nous évitons tout acte d’insubordination.
    Philippa commença à trembler. De désespoir et de peur mêlés. Elle sentait les larmes lui venir aux yeux, mais elle luttait pour les refouler. Elle ne voulait pas lui donner ce plaisir et surtout elle refusait encore de s’avouer vaincue.
    — Mais dame Philippa se soucie peu des autres, ajouta le Bon Homme sur le même ton de reproche. Dame Philippa ne pense qu’à elle et peu importe si ses anciens compères doivent payer de leur vie le prix de son égoïsme.
    — Non ! s’écria-t-elle. Je ne leur voulais pas de mal. Laissez-les !
    Le Bon Homme regarda alors la valise en hochant la tête de droite à gauche pour constater le gâchis.
    — Et où espérais-tu aller, ma pauvre Philippa ? lui demanda-t-il. Quelque part dans cette France qui n’est plus la tienne ? Pauvre naïve que tu es ! J’avoue que parfois ta candeur me surprend.
    Cette fois, Philippa ne réussit pas à contenir ses larmes. Elle était à présent contre le mur et se laissa lentement glisser sur le sol, à côté de sa valise en sanglotant.
    — De grâce ! lui dit-elle d’une voix mêlée de larmes. Laissez-moi partir ! Je veux seulement être libre !
    — Pauvre idiote ! haussa-t-il la voix. Et tu penses pouvoir être libre dans cette France qui te traque ! Tu as oublié que ton père a été fusillé après la Libération pour intelligence avec l’ennemi ? Tu as oublié que ta chère mère a préféré se suicider plutôt que de connaître la honte d’être tondue ? Forcément, elle était plus fière lorsqu’il s’agissait d’aller danser avec les officiers allemands à l’ambassade du Reich. Et toi, ma pauvre Philippa, et toi...
    — Arrêtez ! sanglotait-elle. Taisez-vous !
    — Et toi ? Tu ne t’es pas contentée de faire de brillantes études scientifiques. Non, tu as poussé le souci de fidélité aux valeurs du national-socialisme jusqu’à rédiger une thèse sur les facteurs raciaux objectifs déterminant le caractère nuisible de la race juive. On raconte que ton travail a été lu et apprécié jusque dans les plus hautes sphères

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