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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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idéal et de ne pas mériter ma place au sein de la SS. J’en étais arrivé à un point où je me considérais, malgré mon uniforme, dans le camp des victimes. Je mesure à présent ce que ces paroles peuvent avoir de choquant, mais je te les livre comme je les ai ressenties à l’époque.
    C’est à cette période que j’ai commencé à me changer les idées en marchant. Seul l’exercice physique m’apportait un peu de réconfort. J’effectuais de longues promenades dans la neige dans la campagne autour du camp. Je me disais qu’une saine fatigue physique serait de nature à atténuer ma douleur. Étrangement, je conservais au plus profond de moi-même la conviction que la SS incarnait un Ordre renaissant des Templiers. Je me disais que les erreurs (dont j’étais moi-même une victime) étaient dues à des hésitations, des faux pas qui devaient être imputés à des hommes qui trahissaient la pureté du message. Je me disais qu’il en allait souvent ainsi avec les religions et qu’un jour notre mission retrouverait sa pureté originelle.
    Tu dois te demander où j’en étais de mes recherches concernant les Cathares. Très honnêtement, j’y ai assez peu pensé pendant ces moments pénibles. J’avais perdu tout contact avec mon ami Richard qui ne m’envoyait plus le moindre courrier. À moins qu’on ne me remît pas ses lettres. La quête qui faisait jusque-là le sens de ma vie me paraissait accessoire en regard de l’épreuve à laquelle j’étais confronté. J’écrivis plusieurs requêtes dans l’espoir d’être libéré de ce martyre. Et finalement, j’ai été entendu. La SS ne voulait plus de moi et me laissa même croire qu’elle s’était désintéressée de mon sort. En quittant l’enfer de Buchenwald, je me dis qu’il serait peut-être possible de commencer une nouvelle vie. Je dois confesser que, même arrivé à l’âge adulte, il m’est resté de mes années d’enfance une grande part de naïveté. Mon attrait pour les histoires de chevaliers et de Graal allait probablement de pair avec ma tendance à croire un peu trop facilement aux jours meilleurs.
    Alors que Himmler en personne examinait les conditions de mon éloignement de la SS, je compris que mes jours étaient comptés. J’avais perdu le peu de crédit qui me restait en ne répondant pas aux attentes de mes supérieurs dans le camp. Ils exigeaient que je montre de quoi j’étais capable en endossant les habits d’un tortionnaire. Mais je n’étais resté qu’un simple scientifique qui s’était encore trompé de voie. Pour autant, une fois que je fus libéré de cet enfer, l’envie de poursuivre mes recherches me revint très vite. Ils ne m’empêcheraient pas d’atteindre le but que je m’étais fixé. Je décidai de me rendre malgré tout à Cologne, mais cette fois-ci, sans me faire remarquer.
    Ton dévoué,
    Otto Rahn

 
    51
    Philippa ouvrit le premier tiroir de la commode de sa chambre. Elle en sortit du linge de corps, parut hésiter un instant en regardant une chemise de nuit qu’elle finit par plier et ranger dans la valise qu’elle avait posée sur son lit. Elle passa ensuite au salon où elle ramassa quelques papiers qu’elle alla jeter dans la cheminée. Elle prit une allumette et la craqua. Sur la petite table du salon était posé un cadre avec une photo d’un couple et d’une petite fille. Philippa songea d’abord à la jeter dans les flammes avant d’aller la mettre dans une poche intérieure de la valise. Elle réfléchit un instant afin de s’assurer qu’elle n’avait rien oublié. Bien sûr, il y avait mille autres choses qu’elle aurait aimé emporter avec elle, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas s’encombrer. Il fallait surtout qu’elle fasse vite. Elle était sur le point de fermer sa valise lorsqu’elle vit une petite carte de visite posée sur la tablette de la cheminée : l’hôtel des Albigeois. Elle en aurait peut-être besoin. Elle la mit dans la poche de son chemisier. Puis elle prit son sac à main qui était déjà plein à craquer avec ses papiers, ses économies et une carte routière de la France.
    À présent qu’elle avait trouvé le courage nécessaire, elle était sûre qu’elle pourrait réussir. Elle songea à Bertrand qui avait refusé de la suivre. Serait-elle donc la seule à oser quitter cet enfer ? Elle ne voulait pas y penser. En tout cas, pas pour le moment. Elle ferma sa valise non sans difficulté, car elle avait voulu emporter

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