Cathares
rendre visite à Philippa n’avait même pas pris la peine de fermer la porte. À en juger par l’état de l’appartement, elle devait chercher quelque chose de précis tant la pièce avait été plongée dans le plus grand désordre. Les tiroirs avaient été jetés à terre et toutes les armoires avaient été ouvertes. Il n’y avait pas à proprement parler de trace de lutte, mais plutôt le signe que la personne avait été obligée de faire vite. Était-elle pour autant arrivée à un résultat ? Le Bihan avait remarqué qu’aucun sac à main ne se trouvait au bar à côté du corps de Philippa. Il n’en trouva pas plus dans son appartement. Peut-être s’agissait-il d’un indice. Le Bihan se raisonna en se disant qu’il n’était pas un détective et qu’il ne tirait peut-être pas les bonnes conclusions.
« Il faut que vous veniez m’aider. Ils sont sur mes traces. Ils vont me tuer ! »
La présence d’une valise ouverte dans le couloir semblait prouver que Philippa préparait un voyage ou une fuite. Le jeune homme commença à fouiller le bagage. Il contenait des affaires de première nécessité destinées à un long voyage : une trousse de toilette, des vêtements, quelques médicaments... Rien de bien éclairant, soupira Le Bihan. En enlevant deux chemisiers de la valise, il sentit un petit cadre pourvu d’une glace protectrice dans une poche. La photo représentait trois personnes, un couple et une jeune fille qui devait être Philippa. Sur le mur du fond de la pièce où se trouvaient les trois personnes, était accrochée une photo du Maréchal Pétain. Elle en disait plus long sur la période où avait été pris le cliché. Le Bihan voulut glisser le petit cadre dans sa poche, mais celui-ci tomba à terre et se brisa. En observant la photo, il s’aperçut qu’un numéro de téléphone était écrit au verso. Fort de cette nouvelle découverte, Le Bihan décida de renoncer à d’autres investigations. Il ne trouverait pas grand-chose de plus dans cette valise. Alors qu’il se préparait à quitter l’appartement, il trouva au fond du couloir une pile de journaux. Au-dessus se trouvait un exemplaire de Sud-Ouest avec un article qui avait été mis en évidence par un grand cercle tracé au crayon rouge. Le Bihan décida de le prendre aussi. Il avait atteint la dernière marche de la dernière portion de l’escalier lorsque la porte de l’immeuble s’ouvrit. Le Bihan eut juste le temps de se réfugier derrière la porte qui donnait accès à la cave pour échapper aux gendarmes qui venaient de pénétrer dans l’immeuble. Il attendit quelques minutes pour s’assurer que le chemin était libre. Par chance, aucun homme n’était resté à l’extérieur. Le coeur battant, Le Bihan s’engagea dans la rue en prenant garde de marcher le plus normalement possible. Quand il se fut un peu éloigné, il déplia la une du journal et lut le titre de l’article.
« Léon Michaux décoré par le préfet pour son comportement héroïque dans la Résistance ».
53
— Tiens ! s’exclama Léon, le fada est de retour !
Le Bihan ne s’attendait pas à un accueil protocolaire, mais les paroles de Léon réussirent à lui couper le sifflet pendant quelques secondes. Léon venait de guider un groupe de touristes sur les hauteurs d’Ussat et redescendait vers le village. Il conservait son éternel béret vissé sur la tête.
— Vous n’avez toujours pas renoncé à vos idées farfelues ? En tout cas, vous pouvez vous vanter de ne pas être passé inaperçu au village. Tout le monde a parlé de vous !
— En mal, je suppose ? répondit Le Bihan qui avait retrouvé l’usage de la parole.
Léon le fixa un instant et esquissa une grimace qui pouvait passer chez lui pour un sourire.
— Bien sûr ! Se faire renvoyer de l’hôtel de la Source, il faut le faire ! D’habitude, la patronne n’est pas trop regardante sur la clientèle à laquelle elle réussit à louer ses chambres.
— Il faut croire que ma tête ne lui revenait pas. J’aurais aimé vous parler.
— Et si je vous réponds que je n’ai rien à vous dire ? répondit Léon, toujours du tac au tac.
Le Bihan se dit qu’il n’avait qu’une chance de viser juste et qu’il ne voulait pas la laisser passer.
— Je voudrais vous parler de la Résistance.
Léon le regardait encore, mais son expression changea. Il serait plus juste de dire qu’il le dévisageait. Il se remit en marche et puis il
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