Ce jour-là
un groupe de bâtiments. Le bâtiment principal, à l’architecture terne des pays du bloc de l’Est, murs en béton, porte métallique, comportait un étage. Couvert par mes coéquipiers, j’ai ouvert la porte.
J’ignorais ce que j’allais trouver en m’engageant dans le long couloir. On pouvait se faire tirer dessus à tout moment.
Il y avait des pièces de part et d’autre. Nous avons commencé à avancer, et avons distingué du mouvement dans une pièce du fond. Deux mains apparurent, puis plusieurs gardiens irakiens. Ils avaient les mains en l’air et n’étaient pas armés.
Mes coéquipiers s’en occupèrent tandis que je poursuivais ma progression dans le couloir. Je trouvai leurs fusils AK-47 dans l’une des pièces. Aucun n’avait de cartouche dans la chambre. À croire qu’ils dormaient et que le bruit des hélicoptères les avait réveillés.
Le bâtiment était grand. Il nous a fallu un moment pour le sécuriser. Nous étions particulièrement méticuleux car nous voulions vérifier si des explosifs n’avaient pas été mis en place pour faire sauter le barrage. Nous n’avions jamais nettoyé de bâtiment aussi grand, aussi ça a pris plus de temps que prévu.
Il n’y eut pas de blessé, à part un type du GROM qui s’était cassé la cheville en se réceptionnant de sa descente trop rapide à la corde.
Une fois le bâtiment principal sécurisé, mon chef de peloton est venu me voir :
« Hé, tu peux vérifier ma radio ? Je ne reçois pas les communications. »
Quand nous avions sauté, la radio était attachée dans son dos. Je voyais le cordon des écouteurs qui pendait sur son épaule. J’ai vérifié son sac. Tout le bazar avait disparu. Il n’y avait plus que le cordon.
« Tu n’as plus de sac à dos, dis-je.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?
— Il a disparu. »
Il n’avait pas fixé correctement son sac à son gilet pare-balles. Le gilet comportait des boucles en nylon sur le devant et dans le dos pour attacher divers objets ou sacs. Mon chef avait dû le faire sommairement, et lorsqu’il était descendu à la corde, avec le vent des rotors, sac à dos et radio avaient été arrachés et précipités dans l’eau, au pied du barrage. La même chose était arrivée à notre médecin. Il avait perdu un lot de morphine dans un sac identique.
Une partie de notre matériel pour cette mission était nouvelle pour nous. Juste avant de nous déployer, des caisses étaient arrivées dans la salle commune de l’équipe. Nous avons une règle : « Entraîne-toi comme tu combats », ce qui signifie ne pas aller au combat avec un équipement que l’on n’a pas déjà utilisé à l’entraînement, et de préférence assez longuement. Nous n’avions pas respecté cette règle, et il était clair que nous avions eu beaucoup de chance que cela ne nous soit pas revenu en boomerang. Telle avait été notre première leçon.
Ce ne fut pas notre seul coup de chance au cours de cette mission. Les Irakiens avaient des armes anti-aériennes prêtes à ouvrir le feu à proximité du barrage. Ils auraient pu tirer sur les hélicoptères pendant qu’ils étaient en vol stationnaire et que nous descendions à la corde.
Cette mission nous a appris énormément : depuis la nécessité de posséder des renseignements plus complets sur la cible jusqu’à la manière d’attacher notre matériel. Heureusement nous n’avions perdu personne. Ce genre de leçon est apprise dans les moments les plus rudes. Le fait que nous soyons restés en vie grâce à la chance m’avait souverainement déplu, et je me suis senti mortifié dans mes tendances perfectionnistes.
Tandis que l’hélicoptère décollait pour nous ramener au Koweït, trois jours plus tard, je me suis rendu compte que nous étions tous des petits nouveaux dans ce genre d’opération. Mes coéquipiers de la Team Five avaient des expériences variables dans les équipes des SEAL, mais cette mission était bel et bien une première pour chacun.
4
D ELTA
De retour à Bagdad, deux ans plus tard, j’étais un peu plus expérimenté, mais à peine. J’avais réussi ma formation à la Green Team, mais, incontestablement, j’étais encore un petit nouveau. L’avantage était que j’avais eu l’expérience de la capitale irakienne quand j’étais dans la Team Five. En effet, après l’opération du barrage, nous avions été envoyés à Bagdad pour participer à l’arrestation d’anciens fidèles du
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