Ce jour-là
hommes avait débarqué et le Little Bird était reparti.
Le spécialiste en explosifs a couru à la porte du toit, placé sa charge et l’a fait sauter. Quelques secondes plus tard, j’ai entendu la charge du rez-de-chaussée, suivie de coups de feu.
Jon en tête, nous avons dévalé l’escalier.
« Nous sommes sur le mauvais toit », dit Jon presque tout de suite.
Les coups de feu venaient de la maison d’à côté. J’ai entendu plusieurs petites explosions, sans doute des grenades à main, tandis que nous sommes remontés sur le toit et avons couru jusqu’à l’angle.
« C’est la mauvaise maison », confirma Jon. Nous voulions voir si, de là, il y avait moyen d’aider nos camarades.
Les maisons se ressemblaient toutes depuis les airs et, pour la première fois, les pilotes s’étaient trompés de cible. Arrivés par le sud, nous avions atterri sur un bâtiment trop loin au nord.
« Il faut gagner l’autre maison, dit Jon. Nous ne servons à rien ici. »
L’immeuble voisin était à l’est de la cible et avait deux étages, il nous servirait donc à couvrir la cible car il était plus haut.
« Un aigle touché », entendis-je à la radio. Cela voulait dire que l’un des nôtres avait été blessé.
Un des hommes de la Delta Force avait été atteint au mollet. Les autres avaient reçu une pluie de grenaille à cause des grenades à main.
Les insurgés, à l’intérieur de la maison, lançaient leurs grenades dans la cage d’escalier. Ils ralentissaient la progression des nôtres qui, après avoir nettoyé le rez-de-chaussée, tentaient de gagner le premier étage.
L’équipe au sol demanda l’évacuation du blessé et se retira de l’escalier. Après avoir dégagé du mauvais bâtiment, nous avons pu faire le tour du bloc en courant et monter sur le toit de la maison plus haute à l’est de la cible.
Le bruit des explosions et des coups de feu résonnait. Depuis le toit de la maison qui donnait sur la cible, nous avons commencé à chercher les insurgés. Les rayons laser dansaient sur les fenêtres de la cible, à la recherche des ennemis. Toutes les minutes, un ennemi passait son AK-47 par une fenêtre du premier et tirait une longue rafale sur nos camarades en contrebas. Allahou Akbar ! criaient-ils ensuite.
La situation était bloquée. L’équipe au sol ne pouvait pas monter par l’escalier et nous ne pouvions pas, d’où nous étions, passer sur le toit de la cible. J’ai entendu qu’on lançait un appel radio à l’unité mécanisée d’infanterie stationnée à dix coins de rues de là pour assurer la sécurité éloignée.
Nous aimions bien avoir deux cercles concentriques de sécurité. Ce soir-là, le plus proche était une escouade de rangers postée à un pâté de maisons du secteur. À un kilomètre et demi de là, il y avait des tanks M1 et des véhicules de combat Bradley équipés d’une tourelle avec un canon de 25 mm capables de transporter vingt hommes.
« Faites venir les Bradley ! » lança quelqu’un à la radio.
J’entendais les chenilles mordre l’asphalte.
« Pulvérisez-moi tout le premier étage ! » cria le patron de l’assaut au commandant du Bradley perché au-dessus de la tourelle.
Le blindé enfonça un mur de pierre côté sud de la maison, s’arrêta dans la cour et tira une courte rafale avec son 25 mm. Les petits obus n’eurent pas de mal à s’enfoncer dans les murs du premier étage, découpant de grandes brèches dans le béton.
Lorsque le Bradley recula, le patron de l’assaut courut jusqu’au véhicule.
« Continuez à tirer ! leur cria-t-il par l’écoutille.
— Quoi ? demanda le canonnier.
— Je veux que vous démolissiez tout le premier étage. Qu’il ne reste rien debout ! »
Le Bradley a refait feu, ses chenilles écrasaient bruyamment les débris. L’un des insurgés a crié « Allahou Akbar ! » et a lâché des longues rafales depuis sa fenêtre.
Cette fois, le Bradley n’a pas reculé. Les types poussaient des exclamations au même rythme que les explosions. Très vite, le Bradley « a fait Winchester » – « à court de munitions » en termes militaires. On a fait venir un second Bradley, qui a tiré aussi jusqu’à épuisement de ses munitions.
Le temps que le second Bradley se retire, un violent incendie s’était déclaré au premier étage. Une fumée noire et épaisse sortait par les fenêtres et montait vers le ciel. De notre position sur le toit
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