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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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doute serait-il tenté par l'aventure de la libération des prix. Mais il s'incline devant la compétence du gouverneur.
    Cette fois, c'est Pompidou qui voyait juste et loin. Attendrait-il d'être aux commandes de l'Elysée pour entreprendre le processus ?

    « Il faut arrêter cela dans l'oeuf, comme toujours ! »
    Conseil du 5 juillet 1967.
    Frey dresse le bilan de la session de printemps : « Le Parlement a adopté 44 lois. Il n'y a pas eu besoin d'un seul vote bloqué. On peut dire que la majorité était un peu, comment dire, branlante. Mais l'opposition, agressive au départ, s'est finalement montrée absentéiste.
    Debré. — Peut-être, mais l'atmosphère est quand même inquiétante. Il y a des risques d'indiscipline au sein de la majorité. L'opposition vote comme un seul homme, la majorité est trop individualiste. Les commissions font de la démagogie et surenchérissent l'une sur l'autre...
    Joxe. — Absolument...
    Debré. — M. Pompidou les a tancés, mais ils vont oublier pendant les vacances. J'ai des craintes pour le vote du budget. Il ne faut surtout pas laisser se développer une idée qui est en train de se répandre : que le vote des lois puisse être délégué par l'Assemblée aux commissions.
    GdG. — C'est contraire à la Constitution ! Il faut arrêter cela dans l'oeuf, comme toujours !
    Edgar Faure (le parlementaire classique se réveille). — Les commissions sont dominées par quelques spécialistes. Les débats en seraient faussés. Ce serait un abandon de l'Assemblée par elle-même.
    GdG. — La situation est connue : c'est celle de la faiblesse et de la division de la majorité. Elle peut aller jusqu'à compromettre le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Si le budget n'était pas voté cet automne, il serait promulgué quand même, comme le prévoit la Constitution. Bien sûr, il vaut mieux que la discipline de la majorité permette d'éviter d'en venir là. Il faut que la discipline s'améliore. Il n'y a pas d'autre majorité. Mais de toute façon, la France aura son budget. »
    Le fonctionnement régulier des pouvoirs publics : tiens, c'est le motif même du recours à l'article 16. Une fois de plus, le Général montre sa force, pour ne pas avoir à s'en servir. Je comprends de mieux en mieux pourquoi il n'a pas aimé mon discours de Montcuq 4 .
    1 Plus exactement, il a annoncé la création d'une commission ; c'est plus tard, en 1965, qu'elle a été constituée et que sa présidence a été confiée à Raymond Mathey, conseiller-maître à la Cour des comptes.
    2 Le Parlement doit en effet, avant les ordonnances, autoriser et cadrer cette procédure ; et après les ordonnances, les ratifier, comme il ratifie les traités.
    3 Olivier Guichard est entré au gouvernement comme ministre de l'Industrie.
    4 Voir supra, I re partie, ch. 12, p. 94.

Chapitre 3
    « NOUS VOULONS DÉPASSER LA LUTTE DES CLASSES »
    Dès la première réunion du gouvernement, après les élections de mars 1967, on constate que l'affaiblissement de la majorité a dopé les syndicats : le printemps sera chaud.
    Conseil du 12 avril 1967.
    Jeanneney expose la situation sociale : « Les conflits de la région lyonnaise, à Rhodiaceta notamment, se sont apaisés. L'agitation se déplace vers la Lorraine et vers Saint-Nazaire.

    Jeanneney : « Cette grève a quelque chose de messianique »
    « Aux Chantiers navals, la direction était prête à se montrer accommodante et pourtant la grève est très dure ; c'est une des plus longues qu'on ait connues. Les grévistes pensent que l'État ne laissera jamais les Chantiers aller à la ruine. Il n'y a pas d'inquiétude pour l'emploi. C'est une grève de prospérité. Elle a quelque chose de messianique. L'idée règne à Saint-Nazaire, et surtout à la CFDT, que l'on mène le combat de tous les salariés de France et d'Europe. Cela dit, il y aura demain après-midi une rencontre au ministère. Je compte informer les syndicats que je suis prêt à leur sauver la face, s'ils acceptent les ultimes concessions de la direction. Sinon, ils n'auront rien.
    Pompidou. — À Saint-Nazaire, nous avons une cause de grève tout à fait classique : ils veulent obtenir les mêmes avantages que les ouvriers de Dassault. Quant aux grèves qui mettent l'emploi en avant, elles sont purement politiques. »
    Le Général se tait. Hésite-t-il entre l'interprétation « classique » de Pompidou, et la perception originale de Jeanneney ?
    Et si perspicace, pouvons-nous dire a

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