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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Général et aussi pour contrôler le processus, c'était à lui de s'engager sur la participation des travailleurs.
    Pompidou : « Nous nous lançons dans une réforme qui trouve son origine dans le discours du général de Gaulle à Saint-Étienne 2 . L'objectif a été alors posé : c'est, contre la lutte des classes, l'associationdes travailleurs aux résultats de l'entreprise. L'ordonnance de 1959 en a ouvert la possibilité aux entreprises. Le régime était facultatif et on se contentait d'incitations fiscales. Mais on n'a pas constaté beaucoup d'entrain. Les réticences viennent aussi bien du patronat que des syndicats : ce qui intéresse les uns et les autres, c'est le salaire. Il y a eu un rebondissement, avec le vote de l'amendement Vallon. Nous avions monté la commission Mathey, qui nous a donné un rapport consciencieux, mais décevant. (Et pour cause : il a conclu à l'abandon de la réforme proposée.)
    « En quoi consiste notre projet ? D'abord, à créer un régime obligatoire, pour les entreprises d'une certaine importance, plus de cent salariés. En dessous, on resterait dans le facultatif.
    « Ensuite, on proposerait un choix entre trois formules. Distribution d'actions de l'entreprise ; cela ne concerne que celles qui sont cotées en Bourse. Ou bien, création d'un fonds d'investissement de l'entreprise, sur lequel les salariés auraient un droit, sous forme d'obligations. Ou bien encore, remise aux salariés de titres d'un fonds national, qui investirait ces capitaux dans des entreprises uniquement françaises : l'inconvénient est qu'on s'éloigne un peu de la stricte participation des travailleurs à leur entreprise, mais c'est le seul moyen d'étendre le système aux petites et moyennes entreprises.
    « Deux principes : il n'y aura pas de cogestion ; et comme c'est de l'argent qui va à l'investissement, le salarié n'en aura pas la disposition immédiate : il y aura un délai de quelques années.
    « Restent deux problèmes. Sur quelle base asseoir le calcul des sommes revenant aux salariés ? Je crois que la seule possible est le bénéfice fiscal. M. Debré cherche une autre formule, mais je suis sceptique. Et entre les trois formules, qui fera le choix ? Les intéressés eux-mêmes, par voie de convention. Mais sera-ce dans le cadre des comités d'entreprise, ou bien dans une discussion avec les syndicats ?
    Debré. — Sur le bénéfice fiscal comme base de calcul, je suis réticent, en effet. Je crains le contentieux, et que ce soit une déception pour tout le monde. C'est pourquoi je cherche d'autres solutions.
    Edgar Faure. — C'est une grande partie politique et philosophique qui se joue sur cette réforme. La lutte des classes ne nous a que trop encombrés, depuis si longtemps. Il faut aboutir, et pour aboutir il faut des formules simples et empiriques. La diversité est une bonne chose, elle répond à ce qu'il faut souligner : cette réforme a un caractère à la fois irréversible dans ses intentions et expérimental dans ses manifestations.
    GdG. — M. Edgar Faure a très bien dit ce qu'il fallait dire. Les syndicats exploitent la lutte des classes. Nous voulons dépasser la lutte des classes. La lutte des classes a le salaire pour enjeu ; elle y trouve un objet commode de contestation. Nous voulons un enjeuqui intéresse à la fois le capital et le travail : c'est l'investissement. Et j'ajoute que, on le constate déjà, dans les entreprises où les travailleurs sont intéressés aux résultats, cela augmente le rendement.
    « Maintenant, il faut aboutir. Quel est le calendrier ?
    Pompidou. — Le texte du projet d'ordonnance doit pouvoir être présenté au Conseil des ministres du 31 juillet et, après passage au Conseil d'État, adopté par le Conseil des ministres du 9 août. »

    « Il s'agit de créer un ordre social nouveau »
    Conseil du 31 juillet 1967.
    Calendrier tenu : nous avons sous les yeux le texte du projet d'ordonnance. Il ne s'écarte pas des lignes définies le 12 juillet. C'est le bénéfice fiscal qui a été retenu pour calculer l'assiette.
    L'examen de ce texte bien préparé ne suscite guère de débat, et le Général conclut en revenant, une fois de plus, sur une profession de foi qui lui est chère.
    GdG : « Avec cet intéressement aux bénéfices de l'entreprise, ainsi affirmé et prescrit en faveur des travailleurs, on peut attendre une amélioration réelle de la productivité.
    « Je vous remercie. Cette ordonnance a demandé beaucoup de

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