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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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posteriori.
    Conseil du 19 avril 1967.
    Jeanneney : « Paris reste calme, et à Lyon cela s'apaise, mais à Saint-Nazaire, en Lorraine, à Dunkerque chez Usinor, c'est grave. Pour Saint-Nazaire, nous avions trouvé un accord avec les syndicats, sous réserve d'une consultation de la base. Le référendum a donné 86 % contre la reprise du travail. La solidarité avec les grévistes est réelle, même si elle résulte de méthodes de terreur. En Lorraine, lapréoccupation de l'emploi est plus fondée. Cela a commencé avec les mines de fer et ça s'est étendu à la sidérurgie. Selon le préfet, le mouvement est encadré par des éléments venus du dehors.
    Pompidou. — L'information comme l'action doivent varier selon les cas. Celui de la Lorraine est spécifique. Il faut le surmonter en s'occupant de l'ordre public et de la liberté du travail. À Saint-Nazaire, c'est de la déraison pure et simple. L'accord signé à Paris n'a pas résisté à la frénésie locale. Le gouvernement doit se retirer. La grève finira bien par cesser. Mais il faut que les uniformes soient le moins visibles possible. On est en face d'une sorte de Commune assiégée. Isolons les conflits, puisque la CGT s'efforce de les réunir.

    « Ne nous excitons pas »
    GdG. — Ne nous excitons pas. Il y a 100 000 grévistes pour dix millions de travailleurs au travail. Le plus grave, c'est la Lorraine. Elle mérite qu'on s'en occupe. Il y a une affaire lorraine spécifique, qu'il faut reprendre complètement, ou accélérer. Il ne faut pas donner le sentiment qu'après la reprise du travail, on va s'en tenir là. Le fond de l'affaire, c'est que les mineurs ne savent pas ce qui les attend dans un avenir plus ou moins proche.
    « À Saint-Nazaire, on a fait la gaffe de laisser Dassault augmenter ses mensuels et les aligner sur Paris. On a les conséquences. Mais il faut marquer un coup d'arrêt.
    « Pour l'information, ne comptons pas sur les journaux, mais d'un côté sur l'ORTF, et de l'autre côté sur l'action locale de nos représentants, qui ne doivent pas aider la démagogie. La majorité doit faire son devoir. »
    « Ne nous excitons pas » : le Général et son Premier ministre sont sur la même longueur d'ondes, avec peut-être une nuance. Le Général veut relativiser l'effet global sur l'opinion publique. Pompidou est plus attentif au traitement séparé des crises. Surtout, il perçoit le péril que représente cette exaltation que Jeanneney a qualifiée de messianique. Éviter de mettre en présence les excités et « les uniformes »...
    Rétrospectivement, on voit ce qu'il y avait de répétition générale, un an à l'avance et sur un théâtre de province, de la dramaturgie de Mai 1968. Jusqu'à la méthode de Pompidou, nouveau Fabius Cunctator 1 .

    « Nous n'avons pas créé les comités d'entreprise pour s'occuper seulement des sapins de Noël »
    Conseil du 25 avril 1967.
    Jeanneney insiste sur les soubresauts de violence dans les fins de grève : « Nous sommes en présence de mouvements qui tiennent aux divisions et donc aux surenchères syndicales et aussi à l'inexpérience d'ouvriers qui, depuis quinze ans, ont perdu la pratique de la grève et ne savent pas la terminer.
    GdG. — Il faut informer les salariés. En permanence, il faut qu'ils soient au courant de la vie et des problèmes de l'entreprise. C'est bien pour cela que nous avons créé les comités d'entreprise, et pas seulement pour s'occuper des sapins de Noël et des colonies de vacances. Mais ils ne jouent pas le rôle que l'on peut attendre d'eux. »

    Conseil du 3 mai 1967.
    Jeanneney : « C'est l'apaisement. À Saint-Nazaire, les mensuels ont accepté les propositions qui leur avaient été faites il y a trois semaines. Ils ont donc perdu trois semaines pour rien. »
    Le Général revient sur sa frustration : « L'information doit s'organiser mieux qu'elle ne l'est, non seulement vis-à-vis du grand public, mais aussi à destination des salariés eux-mêmes. Il faut faire comprendre que notre économie vit au milieu de la concurrence, et qu'elle ne peut y échapper. »
    Il respecte trop les ouvriers pour douter que, bien informés, ils ne se rendent pas à « l'évidence ».

    « Nous voulons un enjeu qui intéresse à la fois le capital et le travail : c'est l'investissement »
    Conseil du 12 juillet 1967.
    Il est rare que ce soit le Premier ministre qui présente un projet. Mais Pompidou a sans doute décidé que, compte tenu de l'impatience du

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