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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qualificatifs du peuple juif, en oubliant ou feignant d'oublier leur contexte. Avant d'en venir aux causes et aux suites de la guerre, le Général est remonté aux origines de la création d'un « foyer sioniste en Palestine », puis de l'État d'Israël. Devant ce fait nouveau, il évoque les « appréhensions » de certains, et la confiance des autres.
    « Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles. »

    Tel était le versant de l'appréhension. Mais de Gaulle évoque aussi le versant de la confiance :
    « Un capital considérable d'intérêt et même de sympathie s'était accumulé en leur faveur, surtout, il faut bien le dire, dans la Chrétienté ; un capital qui était issu de l'immense pouvoir du Testament, nourri par toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu'inspirait leur antique malheur et que poétisait, chez nous, la légende du Juif errant, accru par les abominables persécutions qu'ils avaient subies pendant laDeuxième Guerre mondiale et grossi, depuis qu'ils avaient retrouvé une patrie, par leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats 10 . »

    Comment ne pas voir à travers ces lignes l'admiration de De Gaulle pour ce peuple de si longue durée, pour cette histoire qui résiste à toutes les séductions, réductions et persécutions de l'Histoire ?
    Quant aux trois célèbres qualificatifs, ah, qu'il eût aimé qu'on pût les appliquer au peuple français ** !
    1 Guy Mollet, président du Conseil, a organisé avec Eden en 1956 une expédition franco-britannique contre l'Égypte. Il est encore en 1966 secrétaire général du parti socialiste (SFIO).
    2 Le gouvernement britannique a fait le 22 mai une déclaration proposant la réunion des Quatre pour décider le rétablissement de la circulation dans le golfe d'Akaba : c'est adopter le seul point de vue israélien. Même Washington était plus prudent dans ses déclarations. À l'inverse, l'URSS approuvait hautement la position égyptienne.
    3 En mars 1957, le gouvernement français avait fait une déclaration favorable à la liberté de navigation dans le golfe d'Akaba, précisant que toute violation de cette liberté ouvrirait à Israël un droit de légitime défense et de riposte.
    4 Qu'on appellera « guerre des Six Jours ».
    5 Ministre des Affaires étrangères israélien ; en chemin vers Washington, il s'est arrêté à Paris.
    6 Elle avait été demandée par les Russes.
    7 Quand Kossyguine quitte Moscou le 16 juin, pour Paris et les États-Unis, il est beaucoup question d'une rencontre avec le Président Johnson. Mais Kossyguine refuse d'aller à Washington, et Johnson ne veut pas aller le voir à New York.
    8 Elle a explosé le 17 juin 1967.
    9 Le projet de résolution yougoslave enjoignait à Israël de retirer ses forces de tous les territoires occupés depuis le déclenchement de la guerre. La France l'a voté. Mais le bloc des États-Unis, des pays d'Amérique latine (sauf Cuba), des pays de l'Alliance atlantique (sauf la France), de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande l'a empêché d'atteindre la majorité des deux tiers.
    10 Discours et Messages, t. V, p. 232-233.
    ** Trois mois avant cette conférence de presse, de Gaulle était à Auschwitz (cf. ch. 5, p. 297) : on l'avait oublié.
    J'ai eu l'occasion de souligner que, contrairement à ce qui est souvent dit et écrit, de Gaulle, dans ses Mémoires de guerre, n'est pas silencieux sur ce qu'il appelle précisément, les trois fois qu'il en parle, une persécution : « Au cours de l'été [1941], s'aggravait la persécution des Juifs, menée par un "commissariat" spécial de concert avec l'envahisseur. » « Au cours de l'hiver 1942-43, redoublait la persécution des Juifs, malgré l'indignation publique, les protestations des évêques — comme Mgr Saliège à Toulouse, le cardinal Gerlier à Lyon — et la réprobation du pasteur Boegner, président de la Fédération protestante de France. » « Pendant la même période [1943], s'étalent les honteuses horreurs de la persécution juive » (p. 37, 89 et 170 in tome Il de l'édition Plon).
    Ce rappel, publié par Le Point (27 juin

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