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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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juin, en est à son troisième jour et que déjà, sur le terrain militaire, la partie est gagnée par Israël : la bataille de chars dans le Sinaï se déroule à son avantage, l'aviation égyptienne est détruite, Gaza est prise, l'armée jordanienne évacue précipitamment la Cisjordanie.
    GdG : « Nous avons proposé que les Quatre Grands se rencontrent. Les Russes n'ont pas accepté et doivent s'en mordre les doigts. Les Israéliens ont évidemment pris les devants, et à mesure que les opérations se déroulaient, les Russes ont changé d'attitude. Voici les messages que j'ai échangés avec Kossyguine, sur le téléphone vert (il nous les lit). Maintenant, où en sommes-nous ? Rien n'est réglé. Une série de négociations va s'ouvrir. Mais nous allons demeurer les champions de la concertation entre les Quatre, en vue d'un examen des problèmes pratiques : les réfugiés, la circulation dans le golfe d'Akaba, les rapports de voisinage. Il faut aboutir à un accord qui soit garanti par les Quatre.
    « M. Couve va parler à l'Assemblée cet après-midi ; l'oppositionaurait été mieux inspirée en choisissant un autre que M. Guy Mollet pour lui répondre. »
    En effet, selon le règlement, la « déclaration sans débat » que fait Couve à l'Assemblée ne sera suivie que d'une intervention, dont va se charger celui qui voulut et rata l'expédition de Suez en 1956...

    « Que les Français, dans cette affaire, voient leur intérêt national avant tout »
    Conseil du 15 juin 1967.
    Les armes se sont tues. Couve fait l'inventaire de « cette crise internationale extrêmement grave qui se prolongera longtemps » : « Les Arabes, dans l'amertume de leur déroute, ne peuvent que durcir leur attitude. La Russie, qui a subi une défaite diplomatique, encourage les Arabes dans leur durcissement, pour rétablir son prestige. Israël entend se dispenser du concours des Nations Unies.
    GdG. — Je voudrais que les Français, dans cette affaire, voient leur intérêt national avant tout. Quand nous avons prôné la modération, les Arabes nous ont écoutés. Pas les Israéliens, que nous avions pourtant prévenus contre les succès militaires initiaux que leur assuraient leur armement, leur expérience, leur cohésion et leur situation sur le terrain. J'avais mis en garde Abba Eban 5 avec la plus grande netteté dans notre entretien du 24 mai.
    « Aujourd'hui, le fait de leur victoire est là. Mais nous ne pouvons admettre d'entériner des conquêtes territoriales. Les Israéliens ne voudront lâcher ni Gaza, ni Charm-el-Cheikh, ni les étendues du Sinaï, ni les rives du Jourdain, ni les hauteurs du Golan. Or les Arabes ne peuvent accepter ces conquêtes. Il y a donc un armistice, mais pas la paix.
    « Le spectacle des réfugiés arabes mourant de soif et sans recours est tragique. Il y a un vrai ghetto arabe à Gaza. Les conséquences morales et politiques du drame pèseront lourd.
    « Au Conseil de sécurité, nous avons manoeuvré avec sagesse. Il va y avoir l'Assemblée générale, où l'on va constater une émotion énorme, notamment dans le tiers-monde. Ce ne sera pas drôle pour les Américains. Nous avons bien fait d'accepter les premiers cette réunion 6 . Il fallait un exutoire.
    « Ce drame du Moyen-Orient a rouvert une période de guerre froide qui peut aller très loin.
    « Pour le pétrole et le canal, il y a des questions pratiques graves.
    « Quant à la suite, nous n'avons aucune raison de prendre parti, quels que soient les sentiments. On ne recouvrera pas la paix avant très longtemps, car ce n'est pas avant très longtemps que les États en cause se rapprocheront. Les Israéliens n'ont rien à nous demander et nous n'avons rien à leur donner. Nous nous efforcerons en revanche, dans la mesure convenable, de secourir les Arabes moralement et de garder leur confiance péniblement recouvrée.
    « Alors, il y a l'opinion française ! Elle ne nous encourage pas ! Ce n'est pas nouveau. Quand une question de politique internationale grave est en cause, jamais les Français n'ont vu juste pour commencer. Mais on ne fait pas une politique en suivant l'opinion publique. L'opinion finit toujours par se rallier à une politique, à condition qu'elle soit bonne. »

    « Nous tenons pour nuls et non avenus les résultats militairement obtenus surplace »
    Conseil du 21 juin 1967.
    Pour une fois, c'est Pompidou qui fait le point de la situation internationale, car Couve est au Proche-Orient. Kossyguine, en route pour

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