Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
nourrissent des ambitions, trouvent que c'est choquant, que ça ne doit plus durer.
    « Ce sentiment est plus important que les manifestations pseudo-terroristes 1 . Simplement, elles trouvent un écho dans l'esprit et dans le coeur des Canadiens français et britanniques.
    Messmer (comme s'il n'y avait pas de ministre des Affaires étrangères ; mais celles-ci sont-elles vraiment étrangères ?). — Il n'y a pas longtemps, quand les Canadiens français pensaient à la France, c'était à celle du XVII e siècle. Aujourd'hui, quand ils pensent à la France, c'est à celle du général de Gaulle. Ça nous posera quelques problèmes. Des problèmes financiers : ils ne manqueront pas de nous demander des investissements, des facilités. Mais surtout des problèmes psychologiques et politiques.
    GdG. — Pourquoi ne pas apporter une plus grande aide financière française au Québec ? Lesage nous demande : "Pourquoi n'assurerait-on pas le montage d'autos françaises au Québec ? Pourquoi les firmes françaises sont-elles si réticentes à investir chez nous ?"
    Giscard. — Nous nous heurterons à la concurrence américaine ! Aujourd'hui, les capitaux qui investissent au Canada sont entièrement américains. Nos entreprises considèrent qu'investir au Canada revient à vouloir investir sur le marché américain. Avant de prendre pied sur ce marché, elles demandent à réfléchir. Même Renault, avec toute sa puissance, n'a pas d'usine de montage aux États-Unis.

    « Tâchez de trouver un type à la coule »
    Pompidou. — Le rôle de la finance américaine est grandissant. Les Québécois ne s'en tireront que par les nationalisations. C'est un réflexe inévitable, quand on se trouve dans une pareille situation de domination. C'est un réflexe anticolonial, comme celui qu'a eu Nasser en nationalisant la Compagnie de Suez. D'ailleurs, il n'y a que l'État qui puisse faire des industries. Le Québec vit sur ses matières premières et sur son électricité.
    GdG. — Les Québécois sont de plus en plus mal à l'aise. Ils sont en train de devenir des révoltés. Ils seront de plus en plus tentés par le plastic, si Ottawa n'accepte pas de les affranchir.
    « Depuis deux ans qu'ils ont ouvert une délégation générale du Québec en France, quels contacts ont-ils pris ?
    Giscard. — De modestes réalisations sont en cours. Par exemple, Air Liquide se développe. Il y aura une exposition française à l'automne prochain.
    GdG. — En tout cas, j'insiste pour qu'on nourrisse les Canadiens français de tout ce qu'ils demandent à absorber. Notamment (en se tournant vers moi) en matière d'émissions de radio et de télévision. »

    À l'issue du Conseil, le Général me précise : « Il n'y a pas de véritables relations entre les Canadiens français et anglais. Les Canadiens anglais sont ingénieurs, chefs d'entreprise, administrateurs, financiers. Les Canadiens français restent le plus souvent paysans, ouvriers non qualifiés, balayeurs, garçons d'ascenseur ou encore avocats, notaires et curés. »
    Pratique, il me donne ensuite une instruction précise : « Dites ! Pour la radio, vous devriez faire quelque chose ! Il faut absolument que notre radiotélévision ait en permanence un représentant à Montréal ou à Québec. Il pourrait faire des reportages sur ce qui se passe chez les Français d'Amérique. Il faut qu'il nous abreuve eninformations sur le Canada français et qu'il abreuve les Français du Canada d'informations sur la France. Il y a là une grande mission à accomplir. Tâchez de trouver un type à la coule 2 . »

    « Personne ne m'a demandé d'aller à Montréal »
    Conseil du jeudi 29 août 1963.
    Giscard demande l'assentiment du Conseil pour la participation française à l'Exposition universelle de Montréal en 1967.
    Giscard : « Quels que soient les doutes sur l'utilité pour nous de cette exposition — mon doute est profond —, il est difficile de se dérober, puisqu'il s'agit de Montréal. Notre participation ne se justifie pas vraiment pour des raisons commerciales, mais elle est inévitable pour des raisons politiques.
    Pompidou. — Auparavant, il y aura, cet automne, l'exposition particulière que la France organise à Montréal. Les Canadiens invitent un grand nombre de membres du gouvernement à aller à cette première exposition. M. Malraux doit déjà y aller, ce qui donnera un éclat considérable à notre présence. Les autres ministres ne doivent répondre à ces invitations

Weitere Kostenlose Bücher