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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Grands Lacs en Champagne." Ils ont pris ça pour un compliment. C'étaient des Canadiens anglais. »
    Il reprend, au bout d'un instant : « En réalité, les Canadiens anglais ne comprennent pas les Canadiens français. On peut même dire qu'ils ne les aiment pas. Et réciproquement. Depuis deux siècles qu'ils vivent ensemble, ils ne se sont pratiquement pas mélangés. Ce n'est pas maintenant qu'ils vont le faire, alors que partout on assiste au réveil des nationalités. Un jour ou l'autre, les Français se rebelleront contre les Anglais. Du moins au Québec, puisque partout ailleurs au Canada, ils sont minoritaires... Pourquoi aurions-nous donné l'autodétermination aux Algériens, et pourquoi les Anglais ne l'accorderaient-ils pas aux Français du Canada ? »
    Il conclut : « Un jour ou l'autre, le Québec sera libre. »
    « Québec libre », les deux mots qui vont faire le tour du monde sont déjà là, quatre ans et trois mois à l'avance.

    « Un homme qui confond dans le même geste sa foi de chrétien et son amour de la France »
    En mai 1963, comme je parlais au général Catroux du recteur français de Saint-Pierre-Port, à Guernesey, qui prétendait bien le connaître, il me confirma vivement : « En prenant ses fonctions, ce prêtre a trouvé son église et son presbytère délabrés. Les paroissiens de langue française s'étaient détournés du sanctuaire de Notre-Dame du Rosaire vers les églises britanniques de l'île. Il a dû emprunter pour restaurer les bâtiments ; mais tant que ses dettes ne seront pas remboursées, son église ne pourra être consacrée. J'ai conté au général de Gaulle l'histoire de cette église, qui avait été construite avec l'aide personnelle de Charles X. Je lui ai dit : "Le Charles d'alors a contribué à la construction de cette église. Il serait beau que le Charles d'aujourd'hui contribue à sa restauration." J'étais sûr de sa réaction.
    « Le Général a aussitôt fait tenir à cet abbé son obole personnelle, qui prenait en charge l'autel de granit rose. Il m'a dit : "Je suis touché par l'entreprise d'un homme qui confond dans le même geste sa foi de chrétien et son amour de la France." Eh bien, c'est exactement cela qui l'attire dans les Canadiens français. Vous verrez, il n'aura de cesse qu'il n'ait fait un coup d'éclat pour nous rapprocher d'eux. »

    « Je crois bien qu'il y aura une République française du Canada »
    Salon doré, après le Conseil du 7 mai 1963.
    Moins de deux ans après sa première visite, Lesage est de retour. Je suis convoqué à une réunion préparatoire que le Général doit présider le surlendemain, mais un déplacement à Bonn m'empêchera d'y assister. Je profite de notre entretien pour m'en excuser — et pour lui demander ce qu'il attend de la visite de Lesage.
    GdG : « Ah oui, effectivement, j'ai prévu un Conseil restreint. C'est une question très importante. Le Canada français est en pleine évolution et en plein développement. Un jour ou l'autre, il se séparera du Canada anglais, parce que ce n'est pas dans la nature des choses que les Français du Canada vivent éternellement sous la domination des Anglais.
    « Bien sûr, il est naturel qu'ils forment une Confédération, et que cette Confédération règle les problèmes de leur vie commune. Mais aucun des deux peuples ne doit être sous la dépendance de l'autre. Je crois bien qu'il y aura une République française du Canada. Ce jour-là, la question de ses rapports avec la France revêtira une importance particulière.
    « Bien sûr, le jour où nous ferons une réunion des peuples de langue française 4 , le Canada français y aurait sa place de choix.
    AP. — Ne va-t-on pas dire que vous avez abandonné l'Algérie après toutes nos autres colonies, mais que vous allez maintenant reconquérir le Canada ?
    GdG. — Qu'on dise ce qu'on voudra.

    « La francophonie est une grande idée, mais il ne faut pas que nous soyons demandeurs »
    « La francophonie est une grande idée, il faudra qu'un jour ou l'autre elle aboutisse. Je ne le verrai sans doute pas. Il ne faut pas que nous soyons demandeurs. Il faut que le projet vienne du dehors, que ce soit mûri par des pays où on parle français et qui ne craindront pas d'affirmer leur attachement à la culture française. Mais il suffirait que nous fassions des avances dans ce sens, pour qu'on nous taxe de néocolonialisme.
    « Ce qui serait raisonnable, c'est de créer une assemblée périodique et

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