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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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consultative qui reprenne l'idée du Sénat de la Communauté, et qui permette à des délégations des Parlements des États africains de venir chaque année, par exemple à Paris, de manière àdébattre des problèmes communs. Voyez, un peu comme l'Assemblée du Conseil de l'Europe : ce que nous faisons à Strasbourg avec seize autres pays, pourquoi ne le ferions-nous pas à Paris, au moins une fois par an ? Ce serait logique. Beaucoup le souhaitent. Mais il faut tenir compte de la démagogie anticoloniale.
    « Raphaël-Leygues 5 s'était beaucoup occupé de cette question l'an dernier. Il avait parcouru tous les Etats d'Afrique en essayant de susciter cette idée. Il avait rencontré beaucoup de sympathie, mais aussi quelques réticences. Finalement, presque tous étaient prêts à y venir, à condition que la guerre d'Algérie soit finie. Houphouët et Senghor étaient prêts à prendre eux-mêmes l'initiative dès la fin de la guerre d'Algérie. Elle a pris fin et ils n'ont pas pris l'initiative du tout. En réalité, tous ces hommes d'État africains sont tellement démagogues, qu'ils ont peur de se retrouver en tête à tête avec des Blancs. Alors, ils n'accepteront jamais de recréer une structure où ils seraient face à face avec les Français : ça les fait trop penser à l'association du cheval et du cavalier. On leur a tellement répété qu'ils s'étaient laissé exploiter, et que s'ils étaient pauvres, c'est que nous les avions pillés... Ils ont peur de prêter le flanc à l'accusation de se faire exploiter encore.
    « Alors, le jour où l'Algérie se sera calmée, où le Maroc et la Tunisie s'y mettront aussi, et puis aussi le Vietnam, le Laos, le Cambodge et puis le Liban, peut-être même la Syrie si elle a cessé de s'acoquiner avec Nasser... Et puis, Haïti, et puis, pourquoi pas, le Canada français, puisqu'il y a un peuple français en Amérique, et qui aurait toutes les raisons de se trouver dans cet ensemble... Alors, le jour où ces conditions seront réunies, nous pourrons faire une réunion des chefs d'État et de gouvernement de tous ces pays. Puis une assemblée de langue française, qui repose sur la libre volonté de tous les États qui en seront membres. Elle ne pourra pas avoir un aspect politique trop accentué. Ce sera une assemblée purement consultative, où l'on parlera en français et où l'on sera content de se retrouver entre gens qui parlent français, qui participent à la même culture et à la même civilisation, qui entretiennent la même langue et qui veulent la voir se développer. Ce sera une assemblée culturelle, économique et sentimentale. Il ne faudra pas en attendre l'élaboration d'une politique commune. Pourtant, elle pourra rendre de bons services. Mais ce jour-là n'est pas venu. »
    1 Le Premier ministre « provincial » est venu ouvrir à Paris la « délégation générale du Québec » — embryon, pour le Québec et aux yeux du Général, d'une relation diplomatique.
    2 C'était de Gaulle, t . I, I re partie, ch. 11.
    3 Futur Premier ministre du Québec entre 1976 et 1985.
    4 C'est en 1986 seulement, du fait de l'hostilité d'Ottawa à la présence du Québec, que cette réunion s'est réalisée, avec les « sommets de la francophonie ».
    5 Notre ambassadeur en Côte d'Ivoire.

Chapitre 2
    « LE CANADA FRANÇAIS N'EST PAS SORTI DE L'ÉPOQUE COLONIALE »
    Conseil du 29 mai 1963.
    Couve et Messmer relatent la dernière session de l'Alliance atlantique à Ottawa — et ils évoquent l'un et l'autre le Canada français. Messmer est le plus incisif des deux. Pour lui, les rapports entre Français et Anglais traduisent une disparité choquante entre les communautés. Couve est beaucoup plus réservé — et, derrière lui, le Quai est franchement hostile aux idées du Général.
    Après ses deux ministres, le Général revient sur le sujet : « Je suis frappé, moi aussi, du caractère colonial que conserve le Canada français. Notamment, il n'est pas sorti de l'époque coloniale pour son économie et pour ses classes sociales. Son industrie, son commerce, sa banque sont entre les mains des Anglo-Saxons ; et de plus en plus, entre les mains des Américains, qui en détiennent 60 %, avec une tendance à l'augmentation de ce pourcentage.
    « Jusqu'à maintenant, ça ne choquait personne : il en était ainsi depuis deux siècles. Donc, ça se prolongeait sans dégâts. Aujourd'hui, une partie des Canadiens français, qui ont quand même fait des études et

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