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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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tutélaire. »
    Le Général se lève et me raccompagne lentement :
    GdG : « Il n'y a que les Québécois qui puissent s'émanciper. Dans les autres provinces, les Canadiens français sont trop faibles. Ce sont les Québécois qui tiennent la solution en main. En quelques années, ce qui n'était qu'une province est devenu un État. Lesage et son parti ont gagné les élections avec le slogan : "Maîtres chez nous. " Ils ont pris la charge de l'éducation des mains du clergé. Ils ont constitué des ministères, une fonction publique. Ils se sont assuré la maîtrise des ressources hydroélectriques. Ils ont affirmé leur personnalité française. Ils ont réalisé beaucoup en peu de temps. C'est la preuve qu'ils sont portés par la volonté populaire. Donc, ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin. »
    1 Sir Wilfrid Laurier (1841-1919), Premier ministre fédéral de 1896 à 1911. Louis Stephen Saint-Laurent (1882-1973), Premier ministre fédéral de 1948 à 1957.
    2 Il emploie le même terme pour les musulmans algériens et pour les Canaques de Nouvelle-Calédonie. Voir III e partie, ch. 5, p. 213.
    3 Le Général l'a reçu à déjeuner le même jour.
    4 Philippe Rossillon, rapporteur général du Haut Comité pour la défense et l'expansion de la langue française.

Chapitre 5
    « LE CANADA FRANÇAIS MEURT S'IL SE REND, IL VIVRA S'IL REFUSE DE SE RENDRE »
    Salon doré, après le Conseil du 29 septembre 1965, le Général revient sur la communication de Joxe qui, faisant l'intérim de Couve en déplacement à New York, a parlé de l'éclatement de la Fédération d'Aden et du conflit du Cachemire.

    « Les Anglais, c'est leur manie, ces fédérations à la gomme »
    GdG : « Regardez. Toutes les fédérations que fabriquent les Anglais ratent les unes après les autres : Fédération d'Aden, Fédération de l'Inde (avec le Cachemire, devenu pomme de discorde entre l'Inde et le Pakistan), Fédération de Rhodésie, Fédération d'Afrique orientale, Fédération de Malaisie, Fédération de Chypre, Fédération de la République arabe unie.
    AP. — C'est un art que nous n'avons pas su pratiquer dans l'Union française. Est-il pour cela mauvais ?
    GdG. — Ce n'est pas un art, c'est un artifice ! Ça ne marche pas ! Et la Fédération du Canada ne se porte guère mieux. Mais non ! (Avais-je eu l'air étonné ?)
    « Les Anglais, c'est leur manie. Ils ont été obligés de lâcher le pouvoir, ou du pouvoir, mais alors ils ont fabriqué ces fédérations à la gomme, de manière à avoir les moyens d'intriguer à l'intérieur, en organisant la zizanie. Toujours, diviser pour régner. Ils ont bien commencé à jouer, conformément à leurs calculs, dans ces fédérations bancales. Mais ça ne marche plus. Pour une raison très simple, c'est qu'ils n'ont plus ce qu'il faut pour jouer. Autrefois, ils jouaient avec la cavalerie de Saint-Georges. Et puis, ils ont joué avec la flotte. Mais leur flotte, tout le monde s'en fout. Et l'argent, ils n'en ont plus. Comment voulez-vous qu'ils jouent avec l'argent et la flotte, entre l'Inde et le Pakistan ? Comment voulez-vous qu'ils jouent à Chypre avec l'argent et la flotte, entre les Turcs et les Grecs ? Ils n'ont plus ce qu'il faut. Ils ne peuvent pas jouer non plus en Rhodésie.
    AP. — Ils envoient quand même leur flotte à Aden.
    GdG. — Oui. Ils envoient encore un porte-avions, en dernier recours... »

    « L'avenir du Canada français, c'est l'indépendance »
    Il reprend, après un silence : « Au Canada, la Fédération ne va pas beaucoup mieux. Un jour ou l'autre, elle éclatera. L'avenir du Canada français, c'est l'indépendance.
    AP. — Les Anglais ne sont pas seuls à créer des fédérations. Dans notre mouvance, également, la Fédération du Mali a éclaté : le Sénégal d'un côté, le Soudan de l'autre.
    GdG. — Nous n'y étions pour rien ! Au contraire, nous ne l'avions pas approuvée ! Nous avions simplement laissé faire, mais nous n'avions pas pris parti. C'était une affaire d'Africains. Il fallait qu'ils la règlent entre eux. Cette fois, au Canada, c'est une affaire entre des Français et des Anglais. C'est-à-dire, en final, entre la France et le mastodonte anglo-saxon. C'est donc notre devoir de nous en mêler, pour empêcher les Français d'être écrasés. »

    Pompidou : « L'engouement du Général pour le Québec est une sorte de folie gratuite »
    Conseil du 10 novembre 1965.
    Couve : « Un mot sur les élections canadiennes, qui nous

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