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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qu'il en casse. On peut toujours se laisser entraîner par une foule. Alors, j'avais obtenu que le discours ait lieu sur la terrasse à l'arrière de l'Hôtel de Ville, loin de la foule, devant six cents invités triés sur le volet. Le matin, comme je me méfiais d'un accident, j'ai fait mon inspection. J'ai vu qu'un micro avait été installé sur le balcon, contrairement à mes ordres. J'ai fait aussitôt appeler le technicien. Je l'ai réprimandé pour son zèle intempestif et lui ai ordonné d' enlever le micro.
    « M. de Gaulle salue la foule en levant les bras. Une immense acclamation jaillit. Il me dit : "Il faut que je leur parle. — C'est impossible, Monsieur le Président, il n'y a pas de micro." Par infortune (sic), le technicien du matin était de nouveau là, comme un diablotin, et il dit : "Je l'ai caché derrière le rideau, mais je peux le remettre en marche" ; et, en deux gestes, il le fait, avant que j'aie eu le temps de réagir. C'est ainsi que M. de Gaulle a prononcé son discours. Quand un accident est pour arriver, il est pour arriver. »
    Drapeau répète cette formule fataliste. Il a fait tout ce qu'il a pu pour éviter l'accident. Mais le destin voulait que l'accident arrivât.
    Il m'entraîne ensuite vers la terrasse sur l'arrière, où il avait fait installer six cents chaises sous un dais, pour faire attendre les principaux « notables » de Montréal. « Le son avait été retransmis. Ils avaient tous des mines consternées. »

    Septembre 1967.
    À mon retour, je fais part de mes impressions à Couve, puis à Pompidou : « Ce que les Canadiens ne sont pas près d'oublier, c'est que le peuple québécois français a communié, de Québec à Montréal, dans une grande liturgie patriotique. Ce fut une révélation non seulement pour les Canadiens anglais et pour le monde entier, qui se désintéressaient jusque-là de ce voyage folklorique ; mais pour les Canadiens français eux-mêmes, qui ne se doutaient pas encore de la puissance de leur rancune envers les Anglais et de leur enthousiasme envers le représentant de la France. Évidemment, il faudra détendre les relations avec le Canada. Mais le temps y pourvoira. Et le bilan pourrait bien ne pas être négatif. »
    Devant cette expression en forme de litote, Couve et Pompidou, que je m'attendais à voir rechigner, m'écoutent avec attention, sans émettre aucune réserve.

    « Nous y retournerons, nous nous y sentons un peu chez nous »
    Conseil du 20 septembre 1967.
    Je rends compte de mon voyage, en me gardant d'évoquer la proposition secrètement présentée à Johnson. Le Général va s'en charger.
    GdG : « Vous avez constaté un réveil, qui a pu être aidé par le réveil français. Il y a eu un ébranlement décisif. Les voilà partis. Où vont-ils ? Vers l'indépendance ? Pourquoi pas ? Ce qui n'exclut pas des arrangements locaux, un Marché commun ou autres procédés. Mais avec une identité française qui serait un État. Nous voyons une communauté française qui a rejoint la communauté principale. Cette communauté ne se développera qu'en relation avec la première.
    « Pourquoi ne pas accepter de faire avec les Français du Canada ce que nous faisons avec les Allemands ? Ce que nous faisons avec les Allemands, il ne manquerait plus que ça que nous ne le fassions pas avec eux ! Nous aurions une rencontre deux fois par an.
    « Nous y retournerons. Nous avons déjà constaté que nous nous y sentons un peu chez nous... »
    1 Directeur général des Affaires culturelles et techniques au Quai d'Orsay.
    2 Le traité d'Utrecht mettait fin à la guerre de Succession d'Espagne en installant un Bourbon sur le trône d'Espagne, mais en renforçant la vocation maritime et coloniale de l'Angleterre : l'Espagne lui cédait Gilbratar et Minorque ; la France, Terre-Neuve et l'Acadie.
    3 Notamment : aider l'université de Moncton par l'envoi de professeurs, de livres, de matériel pédagogique et par l'octroi de bourses à des étudiants acadiens ; appuyer financièrement et techniquement le journal Évangéline, qui a le plus grand mal à survivre ; fournir un ciné-bus pour soutenir la culture française dans toutes les localités du Nouveau-Brunswick où vivent des Acadiens ; favoriser la création d'une école privée française en Acadie ; aider les Acadiens à ouvrir une délégation générale à Paris sur le modèle de la délégation générale du Québec.
    4 Elles n'allaient pas manquer de le faire. À commencer par celle

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