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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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de François Missoffe, venu mettre en marche l'Office franco-québécois de la Jeunesse.
    5 En québécois, ce mot, comme l'anglais politician, n'est pas péjoratif.
    6 En effet, un texte revêtu de nos deux signatures évoquera des « rencontres régulières au plus haut niveau ». Sans plus de précisions. Il faudra attendre 1977 et le gouvernement de René Lévesque pour qu'elles prennent corps, sous forme de visites alternées des deux Premiers ministres.
    7 Cette tournure, péjorative en France, est normale au Canada, où la prééminence du pouvoir civil sur les militaires est fortement établie.

Chapitre 9
    « JOHNSON NE SAIT PAS FORCER LE DESTIN »
    Salon doré, 21 septembre 1967.
    En préambule à notre entretien, je remets au Général la lettre que les Acadiens m'ont remise à son intention ; je commence à me faire l'interprète de leur détresse. Il m'arrête aussitôt. Parce qu'il connaît sur le bout des doigts les moindres détails de la gesta Dei per Francos ? Pas seulement : il a sous les yeux une copie de cette lettre. Preuve surprenante de l'efficacité du « lobby » québécois 1 .

    « Les Acadiens, c'est incroyable qu'ils aient surmonté tant d'épreuves ! »
    GdG : « Je vais leur écrire pour prendre acte de leur demande et pour les inviter à venir en France. Il faut que leur fidélité soit récompensée. C'est incroyable, qu'ils aient traversé et surmonté tant d'épreuves ! C'est une autre communauté française, plus petite certes que les Québécois, mais pas moins admirable. Qu'ils soient restés si fidèles à leur culture, c'est vraiment pour la France une cause de fierté. Nous allons leur organiser un séjour ici. Je vais les inviter à déjeuner avec les commensaux idoines 2 , à commencer par vous. »
    Le Général reprend les principales requêtes qu'ils présentent.
    « Tout ça ne m'a pas l'air bien terrible. Si la France n'était pas capable de répondre à ces demandes, elle ne serait plus la France.
    AP. — Pourtant, eux-mêmes ou leurs prédécesseurs, depuis des dizaines d'années, ont présenté des demandes analogues ; et la France n'y a jamais répondu.
    GdG. — C'est que la France n'était plus la France. »
    Je n'ai pas l'impertinence de faire observer au Général que,depuis huit ans qu'il est au pouvoir, l'administration française n'a pas été plus efficace que dans les décennies précédentes 3 .
    GdG : « Alors, au Québec, vous avez dû voir beaucoup de monde. Quelles ont été vos impressions ?
    AP. —Après huit jours d'entretiens sur place avec des témoins de votre visite, il me semble que, si elle a eu tant d'effet, c'est parce qu'elle a donné aux Québécois confiance en eux-mêmes. C'était une société d'Ancien Régime, placée sous l'autorité du clergé et dépendante des Anglais. Elle s'était recroquevillée sur elle-même. Elle n'osait pas se mesurer avec la communauté anglaise. Elle était inhibée. Pourtant, elle s'éveillait ; la Révolution tranquille l'avait montré. Mais elle n'en avait pas pris pleine conscience. Vous le lui avez révélé.

    « Un vrai chef aurait aussitôt tiré parti du succès »
    GdG. — Et vos entretiens avec Johnson, comment ça s'est passé ? »
    Je résume l'accord complet sur mes 25 propositions, ainsi que sur l'invitation à adresser pour la conférence de Libreville au ministre de l'Éducation du Québec. Le Général a l'air vivement satisfait.
    AP : « En revanche, l'idée d'adopter le système de rencontres semestrielles au sommet, à la manière franco-allemande, fait peur à Johnson. Il a refusé qu'on l'inscrive en noir sur blanc et a seulement accepté une vague allusion à des rencontres au plus haut niveau.
    GdG.—Ah bon ! »
    (Quand le colonel Passy avait annoncé au Général la mort de Jean Moulin, il avait répondu par ce même « Ah bon ! » Et Passy ajoutait : « Je suis sûr que si on lui avait annoncé ma propre mort, il aurait dit : "Ah bon ! " »)
    Le Général reprend : « Comment expliquez-vous ça ?
    AP. — Les hommes politiques québécois naviguent au doigt mouillé en fonction des sondages. »
    Je raconte que Lesage, en tant que leader du parti libéral d'opposition, s'apprêtait à faire à l'Assemblée nationale du Québec un discours hostile au Général, bien qu'il ait été l'initiateur du rapprochement franco-québécois. Quand il a vu que les enquêtes d'opinion étaient massivement favorables à celui-ci, il a changécomplètement de discours. Lévesque lui-même, de

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