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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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moment pour lui de l'acquérir. Quand il l'aura acquise, personne ne pourra la lui enlever. »

    Malraux : « Il y a toujours un de Gaulle avant de Gaulle »
    Après le Conseil du 27 septembre 1967, Malraux me retient quelques instants : « Ce qu'il y a d'extraordinaire avec le Général, c'est sa cohérence dans l'espace et dans le temps. Il y a toujours un de Gaulle avant de Gaulle. Si vous creusez un peu, vous trouverez toujours une phrase, un geste de lui qui annonce une phrase, un geste, très postérieurs et qu'on avait crus sur le moment improvisés. Saviez-vous que le Général, à la radio de Londres, s'est adressé aux Canadiens français six semaines après le 18 juin ? Retrouvez ce texte 4 . En somme, le Canada français était un modèle et un espoirpour la France quand elle était au fond de l'abîme. La France est un modèle et un espoir pour les Canadiens français quand elle se redresse. Il y a vingt-sept ans de ça ! De Gaulle est un bloc de marbre. »

    « Ottawa ne serait pas actuellement désirable à la conférence de Libreville »
    Fort de l'empressement de Daniel Johnson pour que le Québec participe à la conférence de Libreville et de la ferme approbation du Général, j'ai saisi officiellement Couve de Murville de ce projet. Il y est résolument opposé ; il me le dit ; son collaborateur intime Jacques de Beaumarchais me le répète. Leduc, notre ambassadeur à Ottawa, adresse télégramme sur télégramme pour mettre en garde contre le conflit que provoquerait inévitablement une telle invitation. La direction d'Afrique-Levant suggère un moyen terme : que le gouvernement fédéral soit simultanément invité ; ou que le ministre québécois reçoive seulement, dans un premier temps, le statut d'observateur. Mais si le Québec est cantonné dans ce statut, il est probable qu'il n'en sortira jamais. S'il obtient celui de membre, il sera difficile de le lui retirer. Le fait accompli s'imposera.

    Il ne reste qu'à faire trancher le différend par le Général. Le « lobby québécois » fonctionne à merveille, via Dorin et Saint-Légier. Comme prévu, une apostille présidentielle tranche la question de façon décisive sur la note présentée :
    « Il y a lieu d'aider le Québec à participer à la conférence de Libreville ; par contre, Ottawa n'y serait pas actuellement désirable.
    « Charles de Gaulle,
    « 27.12.67. »

    Bon gré mal gré, Couve ne peut que donner suite. Il prescrit à Maurice Delauney, notre ambassadeur à Libreville, de faire inviter par le Gabon le nouveau ministre québécois de l'Education, Jean-Guy Cardinal, et lui seul. L'ambassadeur prévient le 10 janvier que l'invitation est partie par la poste le 5 janvier.
    Les jours passent sans que la lettre parvienne. Les Québécois, très soucieux, nous interrogent quotidiennement. C'est seulement à la fin du mois que nous apprenons les raisons de ce retard : l'invitation gabonaise a été envoyée à l'ambassadeur du Gabon aux États-Unis, compétent pour le Canada auprès duquel son pays n'a pas d'ambassadeur. Elle a été réexpédiée à « Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Québec, Québec, Canada » — un ministre qui n'existe pas. Une intelligente secrétaire, le 30 janvier,retire l'enveloppe... de la corbeille destinée à la réexpédition vers Ottawa. Elle la transmet au cabinet de Daniel Johnson. Jean-Guy Cardinal saute dans l'avion de Paris. Ensemble nous arrivons le 3 février à Libreville.
    Il était temps. Pierre Elliott Trudeau 5 , secrétaire parlementaire du Premier ministre Lester Pearson, avait pris les devants en parcourant l'Afrique francophone. Il avait rencontré les deux pionniers de l'idée francophone en Afrique, Senghor et Bourguiba, et d'autres Présidents, comme Ahidjo, Président du Cameroun — francophone et anglophone à la fois, tout comme le Canada. À chacun, il avait fait la leçon : le gouvernement fédéral a seul compétence constitutionnelle pour traiter avec l'étranger ; en outre, il parle au nom de tous les Canadiens français, alors que le Québec ne compte qu'une partie d'entre eux.

    « Quand ce tapis a été tissé, vos ancêtres étaient encore en France »
    Orly, 7 janvier 1968.
    Les quatre mousquetaires d'Acadie atterrissent à Orly. Le gouvernement leur a offert le voyage. André Bettencourt et moi les attendons à l' « isba », avec une délégation de hauts fonctionnaires. Nous les conduisons à l'hôtel Crillon. Leur joie et leur émotion font

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