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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Nouveau-Brunswick n'appréciaient pas l'idée que cette maison serait propriété de l'État français et qu'elles n'auraient pas droit de regard sur sa gestion. L'envoi de coopérants français à Moncton ? Ils avivèrent les inquiétudes : ces étudiants, qui venaient de participer à la fronde de Mai 68, ne souhaitaient apparemment qu'une chose, c'est de réussir à Moncton ce qui avait tourné court à Paris ; les Acadiens eux-mêmes réclamèrent leur départ. Le ciné-bus ? Il fut livré, mais alors qu'il s'apprêtait à faire la tournée des écoles du Nouveau-Brunswick, les autorités scolaires, vexées de n'avoir pas été consultées, s'y opposèrent comme à une ingérence caractérisée ; le beau ciné-bus fut remisé dans un garage.
    Les délégués de l'Acadie revinrent à Paris en avril 1969 pour essayer de surmonter ces difficultés. Au lendemain du retrait du Général, ils essuyèrent une rebuffade au Quai d'Orsay. Ils voulurent faire appel à l'Élysée, mais Alain Poher venait de s'y installer ; ils furent éconduits. Les voilà de nouveau seuls.
    Triste démonstration de ce que n'avait cessé de proclamer le Général. La coopération de la France avec le Québec, dont le gouvernement était seulement composé de Canadiens français, pouvait prospérer et contribuer à l'émancipation de la nation québécoise. Dans des provinces maîtrisées par les Anglais, la coopération avec des communautés minoritaires était vouée à l'échec.

    Daniel Johnson : « Allez-y fort ! »
    Libreville, Gabon, 3 février 1968.
    J'arrive à Libreville en compagnie de Jean-Guy Cardinal. Il est tout pénétré de l'importance historique de son geste : « J'ai l'impression d'ouvrir une piste dans la forêt. »
    À son départ de Québec, il a été tout étonné d'entendre Johnson, d'ordinaire si prudent, lui dire : « Allez-y fort ! » Le Premier ministre comptait bien que ce geste allait créer un précédent pour donner au Québec la maîtrise de ses relations internationales dans les domaines de sa compétence.
    Bernard Dorin, arrivé quelques jours plus tôt à Libreville, avait veillé à faire hisser des drapeaux québécois, à la place des drapeaux canadiens à feuille d'érable... qui flottaient déjà devant les bâtiments officiels. Ouverte à Paris en mai dernier, la guerre des drapeaux se concluait à Libreville de la même façon.
    Dorin a veillé à ce que Cardinal bénéficie des mêmes honneurs que moi : nous sommes hébergés dans deux suites symétriques, au palais présidentiel ; tous deux placés sur l'estrade pour la cérémonie d'ouverture; tous deux faits grands officiers de l'Ordre gabonais.
    Dans le salon de l'aéroport, je tiens une conférence de presse où je me félicite de l'heureuse initiative du gouvernement gabonais et où Cardinal insiste sur le vif intérêt du Québec pour les problèmes d'éducation en Afrique francophone.
    Le lendemain, le Président Bongo, en ouvrant la séance inaugurale, salue la présence du ministre québécois et le fait applaudir en signe de bienvenue.
    La « percée » que le Général avait faite au Québec s'élargit. Après avoir acquis une notoriété mondiale, le Québec acquiert une personnalité internationale, certes modeste, mais réelle.

    Couve : « Étant donné la position prise par qui vous savez... »
    Jules Léger, ambassadeur du Canada à Paris, ne manque pas, dès mon retour à Paris, de venir m'exprimer son émotion.
    Léger : « Je n'aurais jamais demandé audience au ministre français de l'Éducation nationale pour lui parler d'éducation, puisque c'est chez nous une compétence exclusive des dix provinces, donc du Québec. Mais vous venez de jouer un rôle éminent dans une conférence internationale, où vous avez introduit le Québec comme s'il était un pays souverain. Votre démarche à Libreville vous fait entrer dans la grande politique planétaire (sic).
    « Encore le mois dernier, le général de Gaulle a estimé devoir prendre des accords avec des individus venus d'Acadie, qui ne représentaient guère qu'eux-mêmes, en court-circuitant et le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. Nous n'avons pourtant pas émis de protestation. En effet, si surprenante que fût cette démarche, elle allait dans le sens que nous souhaitons : que la France s'intéresse à d'autres provinces que le Québec.
    « Mais cette fois, l'entorse que vous faites à la Constitution canadienne est bien plus grave et nous ne pouvons pas

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