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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Tandis que je ne suis pas sûr que vos doyens et vos professeurs vous obéissent. »
    Le Général attache toujours de l'importance à l'organisation du commandement. Il a parfaitement senti la différence entre la structure des deux ministères : un ministère léger de mission d'un côté, le plus gros mastodonte de la République de l'autre.
    Mais il ne m'a pas fait venir pour un cours de comparaisons administratives, pas plus qu'il ne m'a choisi pour des talents supposés de gestionnaire : il se rassure sur ce point, en observant que les fonctionnaires obéissent, ou doivent obéir.

    « Il faut remettre les enseignants dans la nation »
    Il reprend : « La tâche est gigantesque et commande l'avenir de la nation. Je pourrais la résumer en un mot : l'orientation. Bien sûr, on a commencé à faire quelque chose dans ce sens. On a posé les principes. On a prévu des bachots spécialisés. On a décidé la création de collèges qui permettent aux enfants de toutes origines d'aspirer à toutes les destinations. On a créé les lycées et collèges techniques. Je ne sais pas très bien si on a suffisamment avancé dans cette voie. On a créé les instituts universitaires de technologie. En tout cas on les a créés sur le papier. Je voudrais bien savoir si on est allé très au-delà. On a spécialisé les enseignements. Mais on n'a pas empêché jusqu'à maintenant les jeunes Français de se ruer dans des facultés où, en réalité, beaucoup d'entre eux n'ont rien à faire et rien à espérer.
    AP. — Nous aurons un million d'étudiants quand les Anglais n'en auront que 250 000 et les Russes 400 000.
    GdG. — Justement, ce qu'il faut c'est, non pas briser le flot, mais le canaliser, le conduire vers une issue positive. C'est une tâche gigantesque. Ce sera difficile.
    AP. — D'autant plus difficile que le corps enseignant est encore rebelle à ces idées. Il s'enferme dans un ghetto.
    GdG. — Les enseignants se sont toujours considérés comme hors de la nation. Il faut les remettre dans la nation. Il faut leur faire comprendre qu'ils font partie intégrante de la réalité nationale et qu'ils doivent eux aussi s'y adapter. Sinon quel gaspillage! Quel gâchis! Quelle perte d'énergie !
    AP. — On pourrait d'autant mieux désenclaver le ministère qu'on l'installerait dans de nouveaux locaux, par exemple dans ceux que l'OTAN libère, à la Porte Dauphine. Cela présenterait l'avantage psychologique de briser les vieilles habitudes.
    GdG. — Je ne suis pas contre. Ce serait peut-être plus adapté que cette idée biscornue d'une tour à la place de la prison de la Santé. Sans doute faudra-t-il que nous fassions une réunion pour trancher cette question. Je suis de très près les problèmes de l'Éducation nationale. Je voyais régulièrement M. Fouchet. Nous avons pris, ici même en Conseil à l'Elysée, toutes les grandes décisions qui s'imposaient. Faites-vous donner les relevés de décisions et les notes manuscrites que j'ai moi-même faites à M. Fouchet sur ce sujet. Vous verrez ainsi dans quel esprit nous avons fait tout cela.

    « L'école et l'université sont inaptes à se réformer elles-mêmes. C'est à vous de les entraîner »
    AP. — Vous souhaitez que je vienne vous voir selon une périodicité régulière ?
    GdG. — Régulière non, vous verrez vous-même, et puis il m'arrivera de vous convoquer. Mais il faudra aussi que nous fassions une réunion au sujet de l'orientation. C'est vraiment ce qui reste à faire. Donner à la jeunesse une destination conforme à l'intérêt national. Faire en sorte que les réformes qui restent encore sur le papier entrent en vigueur. Informer les parents et les élèves des choix qui se présentent à tous. Faire en sorte que chacun trouve la voie qui correspond à ses moyens propres. Mais laisser une certaine souplesse: il peut se trouver qu'à 14 ans on soit très brillant et qu'à 19 on soit éteint, ou, inversement, qu'à 14 ans on ne paraisse rien donner et qu'à 19 on s'affirme. Il ne faut pas que les cloisonnements soient trop rigides et il faut permettre les dérivations.
    « Au fond, le problème de la quantité est pratiquement réglé. C'est bien, mais il faut passer maintenant à la mutation de la qualité ; c'est une tout autre affaire. L'école et l'université sont sclérosées. Elles sont inaptes à se réformer elles-mêmes. C'est à vous de les entraîner.
    AP. — Il faudrait que les enseignants et les enseignés se laissent

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