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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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genre de contact, qui ait de préférence l'accent du Midi et des intonations et des manières rocailleuses. (C'est le portrait de Dours !) Les syndicats, il faut les voir, passer beaucoup de temps avec eux, négocier, renégocier, accepter de perdre des journées entières.
    « Il faut que vous receviez une fois, vous-même, le Syndicat national des instituteurs, la Fédération de l'Éducation nationale, les grands syndicats et même les petits, de manière à ne pas donner l'impression de favoriser l'un au détriment de l'autre. Moi-même, je reçois une fois par an la FEN. Mais je me garde bien de négocier avec eux. Faites de même. Écoutez-les, mais que la négociation soit le travail de votre cabinet. Vous ne vous imaginez pas la situation. Il y a vraiment un grand courant à remonter. Les nominations, en fait, ce sont les syndicats qui les font. Je ne me fais aucune illusion à cet égard. Si vous arrivez à changer la situation!

    Pompidou : « Le bachot, je vous en supplie, qu'il n'y ait pas de drame ! »
    AP. — Fouchet a tout de même fait beaucoup de travail, ne serait-ce qu'en écartant les cadres d'autrefois de l'Éducation nationale. Pas un des directeurs actuels n'était là au moment de son arrivée. Ils paraissent tous de bonne qualité et dévoués à l'État. C'est immense.
    Pompidou. — Oui, ils m'ont l'air bien dans l'ensemble. Mais j' ai des réserves sur Aigrain 3 . Il a de grandes qualités d'intelligence, mais il va trop dans le sens du courant des professeurs de l'enseignement supérieur. Il ne faut pas se laisser entraîner.
    « Il faut être sur le qui-vive tout le temps. Tenez, le bachot. Je vous en supplie, qu'il n'y ait pas de drame! Je tremble avec cesenseignants. Ils sont d'une extrême légèreté ; ils ne savent pas s'organiser. Attention aux fuites. Attention à l'excessive dureté des sujets. Les recteurs et les professeurs ne se rendent pas compte. Ce sont des enfants.
    AP. — J'ai déjà commencé à regarder les conditions de la rentrée.
    Pompidou. — Il faudra bien que les recteurs se débrouillent (façon aimable de me dire de me débrouiller moi-même). Dites-le-leur. Ils n'auront pas un sou de plus. Il faut qu'ils se tirent d'affaire dans le cadre du budget 1967.
    AP. — Mais la prolongation de la scolarité de 14 à 16 ans crée des besoins 4 .
    Pompidou. — Oui, on m'a obligé à prendre cette décision. Ça ne me paraissait pas presser tellement. Enfin, maintenant que c'est décidé, il faut bien l'appliquer. En tout cas, il faudrait une circulaire pour les inspecteurs d'académie extrêmement compréhensive et arrangeante. Les dérogations sont faites pour régler les problèmes. Ne nous faisons pas d'illusions ; les deux tiers des enfants de 14 à 16 ans sont déjà scolarisés, le tiers qui n'est pas scolarisé, on n'arrivera pas en faire des phénix. Ce qu'il faudrait, c'est qu'ils fassent tranquillement l'apprentissage comme si de rien n'était, mais qu'ils suivent des cours, deux heures par semaine, d'orthographe ou de calcul.
    AP. — Il y a de grandes réformes de fond qui doivent être entreprises. Dans l'enseignement primaire, par exemple, il faudrait briser le principe de la départementalisation des instituteurs, pour y substituer un cadre régional, et même, si possible, national. Et faire en sorte que les futurs instituteurs passent leur bac au lycée.
    Pompidou. — Je suis d'accord. Mais ce sera difficile, et il faudra négocier avec le SNI. Il faut voir si ça ne diminuerait pas le recrutement. Une fois qu'on a eu son bac dans un lycée, est-ce qu'on souhaite devenir instituteur? Les instituteurs sont comme les curés; ils veulent former les jeunes recrues dès le plus jeune âge. Si vous leur arrachez les premières années, vous leur arrachez les yeux. C'est à voir. Et puis, faites attention. Les écoles normales, c'est le "legs républicain", c'est une "conquête démocratique". Vichy a voulu les supprimer. Si on fait quelque chose, en tout cas, que ce ne soit pas la même chose que Vichy... »

    Pompidou : « En réalité, le ministre, c'était moi »
    Il meuble un silence d'une volute de fumée. Puis il reprend, baissant la voix : « Pendant quatre ans, j'ai beaucoup travaillé pour l'Éducation. En réalité, le ministre, c'était moi. Je ne pouvais pasne pas m'en occuper beaucoup, étant donné l'importance des problèmes qui se posaient, étant donné les difficultés auxquelles se heurtait Fouchet et le mauvais accueil qui lui était

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