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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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entraîner. Il n'y a pas de domaine où paraisse s'appliquer mieux la participation que vous préconisez tant.
    GdG. — Nous sommes en début de mandat législatif. Sauf imprévu toujours possible, vous avez cinq années devant vous, les cinq années qui restent de mon mandat présidentiel et les cinq années de l'Assemblée qui vient d'être élue. En cinq ans, on peut en faire des choses, même s'il faut faire évoluer les âmes ! »
    Ainsi, il y a quinze mois, il m'annonçait qu'il ne ferait qu'entamer son mandat puis se retirerait, « dès qu'il aurait assuré le coup », notamment pour la bombe H. Et voici qu'il dévoile devant moi les perspectives d'un entier quinquennat...

    « C'est pas la guerre-éclair »
    Il reprend, craignant sans doute de m'avoir ouvert de trop longues avenues : « À la prochaine rentrée, il faudrait que vous marquiez des changements.
    AP. — Je m'en suis soucié dès hier. Le secrétaire général du ministère m'a ri au nez: à partir de la fin mars, on ne peut pas changer une virgule à la rentrée qui suit. Ma première rentrée sera celle de septembre 68. »
    Celle que je ne ferai pas.

    Le Général fait la moue: « Fin mars ? C'est pas la guerre-éclair. »
    1 Le 18 avril 1962, voir C'était de Gaulle, tome I, II e partie, ch. 5.
    2 Jacques Narbonne, professeur agrégé de philosophie, chargé de mission puis conseiller technique au cabinet du Président de la République, depuis février 1959.

Chapitre 2
    POMPIDOU : « JE N'ENCASERNERAI PAS LA JEUNESSE FRANÇAISE »
    Matignon, vendredi 21 avril 1967.
    Jusqu'à hier, tout le temps du Premier ministre a été occupé par la préparation de sa « déclaration de politique générale », prononcée devant l'Assemblée le 18, puis par le débat. Le voici soulagé, mais ayant pris la mesure de la tension parlementaire.
    AP: « J'ai un peu regretté que vous ne parliez pas de l'Éducation nationale dans votre déclaration de lundi.
    Pompidou. — Oui, mais j'ai montré que le sujet était d'importance, puisque, dans ma réponse aux orateurs, j'ai annoncé un débat particulier. Il aura lieu à votre convenance, dans la deuxième quinzaine de mai ou dans la première de juin, quand vous aurez fait le tour des questions et que vous vous sentirez prêt.
    AP. — J'espère que vous pourrez intervenir dans le débat, ne serait-ce que pour marquer qu'il faut intégrer l'Éducation nationale dans la vie économique et sociale de la nation. Pour dire que la formation des jeunes, en vue d'une profession, en vue de leur place dans l'existence, c'est dans le droit fil de votre politique.

    Pompidou: « Les nominations, ce sont les syndicats qui les font »
    Pompidou. — Je suis entièrement d'accord avec vous, mais attention, c'est de la dynamite. Je ne vous conseille pas de dire cela comme ça aux enseignants. Ils pousseraient des cris de goret. Ils considèrent qu'ils doivent dispenser une culture humaniste et gratuite, et ne pas s'occuper de débouchés et autres soucis mercantiles qui caractérisent un gouvernement capitaliste. C'est un thème à ne pas développer, même si on le pense juste, et je le pense juste, tout autant que vous-même.
    AP. — Je souhaite naturellement que vous saisissiez cette occasion pour affirmer votre appui. Fouchet m'a dit, à plusieurs reprises, combien il avait été soutenu, dans ses moments difficiles, par le fait que vous aviez annoncé publiquement qu'il était là pour très longtemps et que vous ne le sacrifieriez pas aux clameurs.
    Pompidou. — Tout à fait d'accord. Vous savez, Fouchet a eu une tâche plus difficile que vous ne l'aurez. Il ne connaissait pas les problèmes alors que vous les connaissez déjà bien. Il ne connaissait pas le milieu alors que vous le connaissez. Il n'avait pas dediplômes universitaires alors que vous en avez. Il a une stature et un style militaires qui ont indisposé les gens contre lui; il a donc provoqué une allergie collective du corps enseignant.
    « Ça l'a amené à lâcher du lest et en lâcher beaucoup trop, à mon avis. Il a même fait du déviationnisme et n'a pas tenu la ligne que je lui avais demandé de tenir.
    « Dours 1 avait de bonnes relations avec les syndicats et c'est bien nécessaire. Peut-être leur a-t-il trop donné : peut-être leur était-il trop favorable ! Mais il avait l'avantage de garder avec eux un bon contact. Il faut que votre directeur 2 fasse de même ; à moins que vous ne choisissiez quelqu'un qui soit spécialisé dans ce

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