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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Paris (1966-1967), directeur de la pédagogie, des enseignements scolaires et de l'orientation en 1967.

Chapitre 6
    CARNET DE ROUTE DE L'AGITATION OCTOBRE 1967 - MARS 1968
    Nanterre, octobre 1967.
    À Nanterre, depuis la rentrée de la faculté des lettres, un groupe d'étudiants, au nom de la « paix au Vietnam », se livre à une agitation quotidienne, organise réunion sur réunion, distribue des tracts. Ils se servent de slogans que personne ne récuse, pour légitimer leur désordre. Que préfèrent-ils au fond : la paix au Vietnam ou les délices du désordre ?

    Quartier latin, 10 novembre 1967.
    Hier soir, une manifestation violente s'est déroulée rue Soufflot. Trois mille étudiants très énervés criaient : « Non à la sélection ! » Nullement à cause des projets sur lesquels nous réfléchissions encore très secrètement, mais à cause de l'afflux de candidats à la préparation du certificat préparatoire aux études médicales.
    J'appelle Dannaud 1 : « N' êtes-vous pas préoccupé des heurts violents qui se sont produits hier soir rue Soufflot avec la police ? Avez-vous des informations sur ces groupements extrémistes dont on dit qu'ils ont organisé et animé ces violences ?
    Dannaud. — Mais oui. La préfecture de police les a à l'oeil et établit des fiches quotidiennes. Je peux lui demander de vous les envoyer. »
    À partir de ce jour, je reçois quotidiennement cette précieuse information, comme l'Elysée, Matignon, l'Intérieur et la Justice.
    On ne peut pas en relire la collection 2 sans admirer l'exactitude de leurs informations, la finesse de leurs analyses, et le degré de pénétration dans le milieu estudiantin dont elles témoignent.
    Nanterre, 17 novembre 1967.
    Une assemblée des étudiants de sociologie de Nanterre décide une grève.
    Il s'agit d'un problème technique mineur, que toute universitéraisonnablement autonome aurait réglé en quelques jours. Avant la réforme Fouchet, on collectionnait des « certificats de licence » ; depuis la réforme, on fonctionne par années d'études. Il faut donc des dispositions transitoires, qui traduisent les certificats en années. Il reste naturellement une zone d'incertitude. Ma position est que les facultés doivent trancher elles-mêmes ce contentieux résiduel. Mais certaines facultés, certains départements — c'est le cas en philosophie et en sociologie à Nanterre — connaissent une forte pression des étudiants. Les autorités se tournent vers le ministère pour savoir jusqu'où on peut aller. Le ministre renvoie la faculté à ses responsabilités. Le résultat de ce va-et-vient entre la faculté et le ministère est une certaine pagaille, et beaucoup d'irritation chez les étudiants. Chez qui ne manquent pas ceux qui savent saisir une occasion de mettre en cause l'Université de classe et la société répressive.
    Le problème se pose et se résout dans toutes les facultés de France, mais c'est à Nanterre seulement, et dans le département de sociologie, qu'il prend de l'ampleur.
    Le 17 novembre, les étudiants de sociologie lancent une grève qui s'étend les jours suivants. À la revendication d'équivalences généreuses s'ajoute celle d'une représentation étudiante dans les conseils de faculté et de département. Le mouvement est plus ou moins récupéré par l'UNEF, qui à Nanterre est contrôlée par les communistes, et aussi par les étudiants de la « Communauté chrétienne ». Après une dizaine de jours de débats, d'extension de la grève, de cours perturbés par des discussions, d'une rencontre entre Grappin 3 et 2 000 étudiants dans le grand amphithéâtre, le doyen autorise, avec mon aval, des « comités de liaison ».

    Missoffe : « C'est une peccadille ; laisse tomber »
    Nanterre, lundi 8 janvier 1968.
    La note de la préfecture de police souligne qu' « une cinquantaine d'étudiants ont poussé quelques cris hostiles à l'adresse de M. Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports ». Elle prête à un certain Cohn-Bendit ce propos : « La construction d'un centre sportif est une méthode hitlérienne, destinée à entraîner la jeunesse vers le sport, pour la détourner des problèmes réels, alors qu'il faut avant tout assurer l'équilibre sexuel de l'étudiant. » Elle précise : « Le susnommé s'est déjà fait remarquer à la faculté de Nanterre pour sa participation active à toutes les manifestations qui s'y sont déroulées. Ses conceptions personnelles paraissent l'orienter

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