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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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que chacun autour de la table connaît déjà.
    Un Conseil interministériel présidé par Pompidou à Matignon le 26 mars a permis de mieux localiser les points d'accrochage. Le Premier ministre ne souhaite pas que des « quotas » d'entrée soient affichés. Il préfère un système plus discret : les recteurs donneraient aux facultés « des indications précises mais non officielles » sur les effectifs à accueillir. Je me rallie à cette fragile hypocrisie. La conception du baccalauréat nous oppose aussi : Pompidou veut maintenir cette barrière qui tient encore ; je souhaite en faire peu à peu un outil d'orientation, façonné pendant tout le second cycle. Mais cette évolution sera longue et le bac tel qu'il est peut servir provisoirement : je suis prêt à m'incliner, non sans défendre mon idée devant le Général. Plus délicate est la question d'un examen d'appel, pour les bacheliers refoulés au vu de leur dossier. Pompidou y tient, parce qu'un examen « ne se discute pas 1 ». Je le redoute, car sa rigidité met en cause la souplesse informelle d'un contrat entre l'université et l'étudiant, souplesse qui me semble seule pouvoir humaniser la rudesse de la sélection.

    « L'intention est bonne, la réalisation est douteuse »
    Le Général ouvre la discussion sur le sujet le plus simple : le « déstockage ».
    GdG : « L'intention est bonne, la réalisation est douteuse. Qui va prendre la décision de ne plus réinscrire les inaptes confirmés ? Vos universitaires. Vont-ils le faire ? Ne donneront-ils pas des dérogations à tout le monde ?
    Pompidou. — Sur le vocabulaire, évitons de parler de stock et de déstockage ; ce ne sont pas des marchandises. Sur le fond, je partage votre inquiétude. On peut durcir le système, en réservantles dérogations au recteur sur proposition du doyen, dans des cas précisément énumérés : maladie, etc. Il n'y a rien sur les manquements à la discipline, les procédures d'expulsion.
    AP. — Ce serait un autre décret. Je peux y réfléchir.
    GdG. — Bien. Passons au point principal : l'entrée à l'université.
    Debré (partant en guerre le premier). — D'abord, une observation de caractère général. Il y a en France deux fois trop d'étudiants par rapport à la population, et même par rapport au nombre de jeunes. Il y en a deux fois moins en Angleterre ; de même en Allemagne occidentale. Cette Université en expansion folle est un danger pour la nation. Il faut dès cette année diminuer le nombre des étudiants.
    AP. — Il ne serait pas raisonnable de vouloir diminuer de moitié le nombre des étudiants en France. Ce qui est raisonnable, c'est de freiner la croissance trop rapide que nous connaissons depuis une dizaine d'années et de la freiner encore plus dans les disciplines qui manquent de débouchés. C'est déjà une énorme révolution des mentalités. Nous pouvons indiquer la voie, fixer les principes, entreprendre une mise en pratique progressive. Stopper l'inflation, oui ; mais nous ne pouvons pas entreprendre une déflation brutale !
    « On ne peut pas interdire à des bacheliers de s'inscrire en faculté, sans leur donner une contrepartie ; à savoir, la possibilité, tout en entrant dans la vie active, d'étudier à temps partiel, par correspondance, par moyens audiovisuels et par cours du soir, ce qui est beaucoup moins coûteux par étudiant que les études ordinaires.

    Debré : « Le bac est une immense injustice »
    Debré. — Moins coûteux, c'est à voir, cela va créer un appel d'air. On va s' y inscrire en foule, on demandera des moyens, ce sera une relance de l'inflation universitaire. C'est vrai qu'on ne peut à la fois fermer les facs à des bacheliers et ne pas s'occuper d'eux. Mais il ne faudrait pas aboutir à quelque chose qui coûte plus cher que ce gaspillage.
    « Le bac, vous le maintenez mais vous lui enlevez sa valeur. Je comprends qu'on fasse évoluer le bac vers un bilan de scolarité, un certificat de fin d'études. Mais alors on abaisse le seul barrage qui existe. Organiser un examen d'entrée, c'est matériellement très difficile. Et en plus ça créera une année préparatoire forcément. Ce serait l'inflation garantie ! Fixer des quotas ? Mais sur quels critères ? Il faudrait diversifier les facultés, faire des universités de technologie, mais c'est coûteux, très coûteux ! (Je le sens négatif et incertain, cela me peine.)
    Pompidou. — La question est celle de l'entrée dans l'enseignement

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