Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
dénonce aussitôt le « durcissement de la position du gouvernement. Il n'a même pas effleuré les trois exigences de l'UNEF 1 . Au contraire, il s'est permis de reparler de sélection et de dire qu'il est nécessaire de planifier l'enseignement. C'est une véritable provocation ».
    1 À savoir (communiqué du 7 mai) : 1. Levée des poursuites administratives, judiciaires et universitaires ; libération des détenus. 2. Retrait des forces de police du Quartier latin ainsi que de tous les lieux universitaires et de leur environnement. 3. Réouverture de tous les établissements universitaires.

Chapitre 12
    « IL FAUT SAVOIR DONNER L'ORDRE DE TIRER »
    Salon doré, mercredi 8 mai 1968.
    Après le Conseil des ministres, le Général fait signe à Joxe, Fouchet et moi de le suivre dans son bureau. Il commence par nous montrer le télégramme que cinq prix Nobel, Mauriac, Monod, Kastler, Jacob, Lwoff, lui ont adressé : « Vous demandons instam ment faire personnellement geste susceptible apaiser révolte des étudiants : amnistie des étudiants condamnés, réouverture des facultés. Profonds respects. »
    Il le commente sèchement : « C'est méprisable de démagogie. »
    Je me hasarde à répondre : « Mais ça va faire de l'effet. Les meneurs vont monter ça en épingle, les étudiants se sentiront encouragés à suivre les meneurs, et la mayonnaise va prendre un peu plus. »
    Le Général me foudroie du regard : « Quand une insurrection se déclenche, il ne faut pas chercher à amadouer les insurgés, il faut les réduire. Quand des opposants cessent de discuter et passent à l'émeute, on ne discute plus avec eux, on les coffre.
    AP. — Nous n'en sommes pas encore à l'insurrection, ce sont les émeutes du malentendu... Je vais essayer de le dissiper cet après-midi.
    GdG. — Ceux qui veulent mal entendre resteront sourds. Ne cherchez pas à leur faire plaisir, vous ne feriez que les renforcer. »
    Joxe et Fouchet restent muets.

    « Ramassez-en chaque fois quelques centaines, ils finiront bien par se calmer »
    GdG : « Mais enfin que veulent ces étudiants ?
    AP. — Chaque acte du pouvoir sert de prétexte à une revendication nouvelle. Vendredi dernier en fin d'après-midi, les émeutiers dans la rue protestaient contre l'interpellation de leurs camarades, réunis un peu plus tôt dans la cour de la Sorbonne. Et ceux-là avaient envahi la cour pour protester contre la convocation de Cohn-Bendit et de sept autres enragés de Nanterre devant la commission de discipline. Depuis lundi, les émeutiers revendiquent la libération de leurs camarades, condamnés dimanche à deux mois de prison. Ainsi de suite. Chaque fois, ce sont quelquesdizaines de meneurs révolutionnaires qui remontent la machine, distribuent les tâches, inventent les mots d'ordre.
    GdG. — Il faudra bien que ça s'arrête ! Il faut une situation nette. Nous sommes prêts à entendre toutes les récriminations et toutes les propositions. Nous n'avons aucune raison de nous confondre avec des mandarins qui ne songeraient qu'à conserver des avantages acquis. Mais nous ne sommes pas prêts à accepter que la violence se déchaîne dans la rue. »
    Il se tourne vers Fouchet : « En cas d'émeute, ramassez-en chaque fois quelques centaines. Il faudra bien qu'ils finissent par se calmer. »

    « Vous avez l'air terrorisés devant ces gamins »
    Puis il reprend pour nous trois : « Vous avez l'air terrorisés devant ces gamins. Ils ne sont redoutables que dans la mesure où vous les redoutez. C'est une affaire mineure, qui doit être réglée par la fermeté ! Elle était réglée naguère à coups de bâtons blancs et de pèlerines. Il ne faut économiser ni les matraques, ni les grenades lacrymogènes.
    Joxe. — Nous sommes quand même en face d'un malaise de la société. Il y a une crise de la civilisation, qu'on retrouve dans beaucoup d'autres pays. Elle alimente une hystérie collective, qu'il faut calmer de toute urgence.
    GdG. — Tout ça, c'est des histoires. Les problèmes, s'il y en a, c'est à nous de les résoudre, ce n'est pas l'anarchie qui les résoudra ! Il y a toujours eu chez les étudiants des monômes et des turbulences. Cette fois, les turbulences sont plus violentes, parce qu'ils ont à leur tête des excités, qui perçoivent votre appréhension et qui en jouent. Soyez intraitables, et ils ne pourront plus en jouer.
    Joxe. — Pourquoi les jeunes sont-ils en colère ? Parce que quatre des leurs sont en prison, parce que

Weitere Kostenlose Bücher