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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Ils obtiennent ce qu'ils veulent : ouverture de la Sorbonne ou pas, la lutte continue. La JCR de Krivine se rallie à cette stratégie provocatrice, et Sauvageot suit, de plus ou moins bon gré.
    1 Je n'ai pas de mal à invoquer les précédents. L'un de mes prédécesseurs, en 1936, les avait déjà inventoriés à l'intention du Parlement : « À plusieurs reprises au cours des dernières années, et notamment en mars 1921, en mars 1925, en décembre 1931, la veille de Pâques 1933, en novembre 1933, en mai 1934 et en janvier 1936, la police a été appelée par les doyens des facultés de lettres, de sciences et de droit, à rétablir l'ordre dans ces établissements. C'est au cours d'une séance du 25 mai 1908 que le conseil de l'université de Paris a déterminé les principes à suivre pour recourir à la force publique. M. Ernest Lavisse conclut que "MM. les doyens ne devaient se faire aucune sorte de scrupule de recourir à la force publique lorsque l'intérêt des études et le bon renom de l'université l'exigent". » Dans les quinze dernières années, la police a violé plusieurs fois ce tabou imaginaire : le 25 avril 1953, au début de 1958, en 1961, en février 1964.
    2 Le ministre de la Construction qui avait attribué à l'université 32 hectares de terrain militaire à Nanterre, par décret paru dans le Journal officiel du 6 août 1960, était bien Pierre Sudreau. Et le ministre de l'Éducation nationale qui avait approuvé le plan masse des bâtiments universitaires de Nanterre en juillet 1962, était bien le même Pierre Sudreau.
    3 Il y avait simultanément ce jour-là, dans les neuf départements de Bretagne et des pays de la Loire, des manifestations paysannes et une journée revendicative de tous les syndicats ouvriers.
    4 Le Grand Bazar, p. 36 et suiv.

Chapitre 13
    « VOUS AVEZ EU TORT »
    Salon doré, jeudi 9 mai 1968.
    Le Général m'a convoqué pour cet après-midi. L'aide de camp qui m'a appelé ce matin ne me cache pas que j'aurai sans doute un mauvais moment à passer : « Il est irrité. »
    Je devine bien pourquoi. Mais le temps marche plus vite au Quartier latin que dans les agendas du pouvoir. Un rassemblement s'est tenu en début d'après-midi sur la place de la Sorbonne. Les radios rapportent les phrases incendiaires de Cohn-Bendit et Sauvageot : « Nous avons été joués ! Nous ne voulons pas reprendre nos cours et passer nos examens comme de sages petits étudiants ! Nous voulons occuper la Sorbonne jour et nuit, pour y faire la Révolution culturelle ! Demain, nous nous rassemblerons de nouveau ici et nous prendrons la Sorbonne d'assaut. »
    Ces rodomontades tonitruantes sont aussitôt reprises par un tract distribué l'après-midi aux étudiants et badauds du Quartier latin, et auquel radios et agences donnent un large écho :
    « Plus que jamais, la lutte continue ! On nous propose la reprise des cours, dans l'ordre et le calme, comme s'il ne s'était rien passé ! Pire encore, le contrôle de l'entrée des facultés par les flics et l'administration !
    « La première manifestation de notre volonté reste : l'OCCUPATION DE LA SORBONNE.
    « Nous nous y rendrons, NON POUR REPRENDRE NOS COURS COMME DE SAGES PETITS ENFANTS, mais pour montrer dans les actes notre droit à exercer toutes les libertés politiques à l'intérieur de l'Université !
    « Pour que la lutte ne se relâche pas, il faut que tous les jours nous poursuivions nos actions de masse.
    « [...] La Sorbonne sera occupée, les meetings s'y multiplieront jour et nuit. »

    Ainsi, les meneurs gauchistes veulent à tout prix reprendre l'escalade, que j'ai interrompue hier soir par l'annonce de la réouverture conditionnelle de la Sorbonne. Ils exigent une complète abdication des autorités. Ils veulent le pouvoir dans l'université.
    La « désescalade » est mal partie, me dis-je en montant les marches de l'Élysée. Comment pourrait-on commencer à rouvrir ce soir ou même demain ?

    « Le gouvernement donne l'impression de reculer »
    Quand j'entre dans le Salon doré, le Général ne vient pas à mes devants comme à son habitude. Il se contente de se lever de son fauteuil, de me serrer la main par-dessus son bureau et, me montrant impérieusement un fauteuil, m'assène : « Vous avez eu tort. »
    Et il me passe un savon vigoureux : « Je vous avais dit qu'il fallait se montrer sans faiblesse. Je vous ai répété hier matin, en sortant du Conseil, que toute concession serait prise pour une capitulation.

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