Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
les organisateurs de telles manifestations en face des responsabilités qu'ils prennent en prolongeant cette situation. »

    Ai-je été trop laconique ? L'AFP a-t-elle été assez attentive ?
    Ce texte, dicté à 19 heures 20 de manière à faire l'ouverture des journaux parlés et télévisés de 20 heures, ne « tombe » sur les fils qu'à 20 heures 49, après les journaux et après le « bouclage » de la presse écrite.
    Les médias ont donné tant d'ampleur à l'annonce de la réouverture de la Sorbonne, la considérant comme acquise, et si peu à l'explication de la décision contraire, que l'opinion a l'impression d'une volte-face inexplicable de ma part. Les médias gomment le fait que c'est l'attitude des meneurs gauchistes qui oblige à renoncer à la réouverture annoncée. Le gouvernement donne l'impression de ne pas savoir ce qu'il veut, ou de le vouloir sans bonnes raisons.
    Vendredi 10 mai 1968.
    Cette journée du vendredi 10 mai est comme happée par la manifestation organisée à l'appel du Mouvement du 22 mars et des Comités d'action lycéens.
    Les Comités d'action lycéens commencent en fanfare. Tout comme pour les premières bagarres, celles du vendredi 3 mai 1 , ils forment l'avant-garde.
    Avant 8 heures du matin, deux milliers de garçons et filles des Comités d'action lycéens se rassemblent place Clichy. Ils se subdivisent ensuite, sur un mot d'ordre, en plusieurs colonnes, pour aller débaucher les lycéens aux portes de tous les établissements de Paris. Ces lycéens qui ont déjà manifesté arrivent auréolés de prestige devant leurs camarades qui ne l'ont pas encore fait.
    Les troupes grossissent au fur et à mesure. Elles se rassemblent en fin de matinée à la gare Saint-Lazare et se donnent rendez-vous à Denfert-Rochereau pour la manifestation lancée par l'UNEF. Leurs cortèges sont parfaitement encadrés. Ce mouvement à travers Paris est superbement organisé.
    Pour la première fois, on voit des professeurs accompagnant leurs élèves. Les professeurs communistes qui, jusqu'au début de la semaine, mettaient en garde leurs collègues contre les « trublions », se sont mis à ameuter leurs élèves contre leurs collègues coupables de « lâcher les élèves ». Les proviseurs nous téléphonent pendant toute la matinée : « Que faire ? Tenter une opération en sens inverse, en demandant aux professeurs de dissuader leurs élèves de se mêler à des manifestations qui risquent d'être violentes et ne sont pas l'affaire des lycéens ? » C'est évidemment ce discours-là que j'encourage. Mais il n'est guère entendu : comment empêcher de tout jeunes lycéens de céder à la griserie de se mêler à de grands étudiants ?

    L'UNEF : « La lutte qui a commencé continuera »
    L'UNEF suit. Elle lance un mot d'ordre classiquement gauchiste : « La lutte qui a commencé continuera. Organisez-vous ! Les examens, instruments de sélection, ne seront plus tolérés. » Mais son but est avant tout d'élargir le mouvement en s'appuyant sur les syndicats ouvriers. Sauvageot, Séguy 2 et Descamps 3 se sont réunis hier. Ils se réunissent à nouveau ce vendredi et on annonce dans l'après-midi une grande manifestation nationale pour lundi prochain 13 mai. Ce sera un rendez-vous général : CGT, CFDT, FEN, SNESup, UNEF. Seuls Force ouvrière et le SGEN sont restés hors du coup. Force ouvrière publie un communiqué embarrassé : elle se refuse à manifester « aux côtés d'une organisation politique, la CGT, que la majorité des étudiants a sévèrement jugée. » Le SGEN reste très modéré pendant toute cette période ; son secrétaire général honoraire, Vignaux, se tient en contact avec mon cabinet.
    Cependant, les activistes vont accélérer une histoire qui échappe aux appareils syndicaux.
    Face à l'extension du mouvement aux lycées, je recherche l'appui des associations de parents d'élèves. Des trois fédérations, deux publient des appels au calme et à la responsabilité des parents, dont le texte a été arrêté avec mon cabinet et que l'AFP diffuse dans l'après-midi 4 . J'adresse un télex aux recteurs, aussitôt rendu public. Le texte m'a été préparé par Lamicq, président de l'Amicale des proviseurs.
    « Ce matin, des groupes d'agitation ont essayé de perturber l'enseignement dans un certain nombre de lycées de la région parisienne, en établissant des piquets de grève ou en incitant les élèves à abandonner les cours. Je vous prie d'inviter tous les

Weitere Kostenlose Bücher