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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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bute à chaque instant sur des obstacles plus résistants que l'effort. Combien de fois n'avons-nous pas entendu le Général nous dire : « Il faut... il faut... il faut... » ? Combien de fois aussi n'avons-nous pas senti sa résignation douloureuse ?

    « La lenteur incroyable des tribunaux »
    Conseil du 2 mars 1966.
    Foyer fait un bilan fouillé et inquiétant de la situation pénitentiaire : « La population pénale augmente plus vite que la population. Un cinquième est composé d'étrangers, notamment maghrébins. Un Algérien sur 130 est en prison. Il faut construire des prisons. La décision est prise pour la Santé, qui sera reconstruite à la campagne, et dont le site pourra servir à bâtir le futur ministère de l'Education nationale.
    Pompidou. — La situation n'est pas satisfaisante, c'est vrai. Il y a eu un siècle et demi d'abandon. Il y a trop de détentions préventives ; il faut donc des moyens en personnel, mais aussi faire l'effort de raccourcir les instructions, et recourir davantage à la probation. Les tribunaux s'en méfient, ils préfèrent la prison. Mais la prison est le début de la récidive.
    Foyer. — Pour la probation, vous avez raison, mais il faudrait du personnel pour surveiller les probationnaires. Il y a aussi le cas des Algériens. Le mieux serait de leur donner la liberté conditionnelle moyennant expulsion. Or, ils sont expulsés par la porte et rentrent par la fenêtre.
    GdG. — Nous retenons vos observations. D'abord la lenteur incroyable des tribunaux, ce qui remplit les prisons de prévenus. Les facilités excessives données aux immigrants, notamment aux Algériens. Un système trop libéral : des libérations conditionnelles sans réelles conditions. On libère à tort et à travers pour avoir des places — et c'est vrai pour les pires, comme on l'a vu avec ce repris de justice qui a assassiné un malheureux policier alors qu'il devait être en train de purger sa peine.
    « S'il n'y a pas assez de places dans les prisons, il faut en construire.

    « La promiscuité dans les prisons rend impossible l'amendement »
    « Il faut en venir au régime cellulaire, pour que les gens soient face à eux-mêmes et non face aux autres. La promiscuité rend impossible l'amendement.
    (C'est exactement ce que démontrait Tocqueville, qui examinait les prisons américaines en 1830 et se demandait si on ne pourrait pas l'appliquer en France. Je sais que le Général a lu de près La Démocratie en Amérique et L'Ancien Régime et la Révolution ; mais a-t-il lu Du système pénitentiaire américain et de son application en France, jamais réédité depuis ?)
    Frey. — Nous expulsons des centaines et des milliers d'Algériens. Ils reviennent avec de fausses cartes d'identité.
    GdG. — Il y a quelque chose à organiser. Pourquoi ne pas imaginer des cartes d'identité avec des empreintes digitales ? On ne peut pas les falsifier. »
    Une réflexion de simple bon sens a surgi aussitôt dans l'esprit pratique du Général. Mais il s'interdit d'aller plus loin. Ce n'est pas à lui, c'est au ministre compétent « d'organiser quelque chose ».
    Trente-quatre ans plus tard, on n'a toujours rien organisé, alors que des pays comme les Etats-Unis ne se font aucun scrupule de prendre les empreintes digitales des touristes.

    Pompidou : « Deux réserves, à ce propos. Si on prend des mesures d'expulsion contre les Algériens, qu'on les traite dans les formes et comme des étrangers normaux. Le gouvernement algérien se plaint souvent des méthodes employées. Je veux bien qu'il soit susceptible, mais il y a aussi de vieilles traditions du côté français.
    GdG. — Il ne faut pas non plus fermer complètement le robinet des travailleurs algériens qui viennent en France. Ils sont indispensables à la santé de l'économie algérienne et devraient être utiles à la santé de la nôtre. Mais il faut ne les admettre qu'avec beaucoup de modération et mieux les trier.
    « Dernier point : les amendes. Elles seraient plus efficaces si elles étaient mieux recouvrées. On me dit qu'elles ne sont jamais recouvrées, par exemple, pour les délits de presse.
    « Nous retenons ceci : 1) Il n'y a pas assez de prisons, il faudra en bâtir. 2) Le besoin de personnel. 3) Il faut absolument accélérer le cours de la justice. 4) Sélection beaucoup plus stricte, à leur entrée en France, des étrangers, notamment des Algériens. »
    L'analyse est excellente. Hélas, elle demeure valable aujourd'hui, sans

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