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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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conviction des électeurs. Ensuite, je serais privé pendant un an de la capacité de dissoudre la nouvelle Assemblée. La V e République, c'est la stabilité. La dissolution n'est faite que pour résoudre des crises.
    AP. —L'ennui, c'est que l'opposition ne joue pas le jeu des institutions. Elle présente les prochaines élections comme le troisième tour de la présidentielle.
    GdG. — Ne vous laissez pas impressionner par ces slogans ! C'est un langage qu'il faut combattre comme anticonstitutionnel.
    « Et puis, ne vous préoccupez pas tellement des législatives ! Tous, tant que vous êtes, vous ne pensez qu'à ça ! C'est ce qui encourage les journalistes et le petit monde politique, qui en sont toujours restés à la IV e , à se persuader qu'ils ont raison de croire que tout va de nouveau se jouer sur ces élections.
    AP. — Mais elles vont avoir quand même une grande importance ?
    GdG. — Nous ne sommes plus au temps où les présidents du Conseil devaient plier le genou devant les partis à la Chambre pour grappiller des voix. Nous tenons la dragée haute aux partis. Et si jamais les députés parvenaient à voter la censure, il faut qu'ils sachent qu'ils devront s'en expliquer aussitôt devant les électeurs.

    « Entre l'oligarchie et la démocrassouille »
    AP. — Mais il faut quand même, d'abord, que nous obtenions la majorité aux élections ?
    GdG. — Nous avons essayé d'inventer un nouveau régime, une troisième voie entre l'oligarchie et la démocrassouille : le gouvernement du peuple par le peuple et par ceux à qui le peuple accorde et maintient sa confiance.
    AP.— Il faut donc que le peuple maintienne aux élections législatives la confiance qu'il vous a accordée en décembre dernier ?
    GdG. — Si nous n'avons pas de majorité à l'Assemblée, nous nous en passerons ! À condition, évidemment, que nos troupes nesoient pas complètement écrasées. Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 58, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. Des commis de l'Etat. Des gestionnaires.
    AP. — Vous nommeriez un cabinet de gestionnaires sans les prendre parmi les parlementaires, comme le fait le Président des États-Unis ?
    GdG. — Comme j'ai commencé à le faire en 1958 2 .
    AP. - Mais en 58 il y avait aussi des hommes politiques chevronnés, d'anciens présidents du Conseil 3 .
    GdG. — Eh bien, il n'y en aurait pas. Régime parlementaire, ça ne veut pas dire régime où les ministres sont parlementaires. Ça veut dire régime où le Parlement peut renverser le gouvernement. Eh bien, nous verrions si l'Assemblée veut renverser le gouvernement, c'est-à-dire se saborder. »

    « 485 élections locales ne peuvent pas prévaloir sur l'élection solennelle du Président »
    Le De Grasse continue de fendre les flots de son étrave majestueuse, laissant derrière lui son long sillage blanc. J'insiste.
    AP : « Mais tout de même, si la majorité sortante est battue en mars prochain, et si vous ne nommez pas un leader de l'actuelle opposition devenue majoritaire, l'Assemblée pourra aussitôt renverser votre gouvernement.
    GdG. — On verra. On verra. Ça dépendrait de la force du courant. Si nous sommes battus à plate couture, ce n'est pas comme si vous êtes battus à quelques sièges près. (À plate couture, il s'englobe dans cette éventuelle défaite. S'il s'agit de quelques sièges, c'est seulement nous, les candidats, qui serions battus ; non lui, vainqueur de l'élection présidentielle.)
    « Les élections de 58 et de 62 venaient après deux dissolutions. Chaque fois, le débat était simplifié à l'extrême. En 58 : "Voulez-vous faire respecter votre vote pour la nouvelle République ?" En 62 : "Voulez-vous faire respecter votre vote sur le mode d'élection du Président ?" L'an prochain, les élections viennent au terme normal. Les partis y joueront un rôle dominant ; ils sont faits pour ça. Ma voix sera moins entendue que s'il s'agissait de trancher un grand débat national. Les candidats de l'opposition joueront de leurclientèle, de leurs vieux réseaux, de leur démagogie coutumière. Ils serviront de haut-parleur aux moindres récriminations. Alors, les gaullistes feront de leur mieux, mais ils ne sont pas encore assez implantés, on le sait bien. Donc, ces élections n'auront pas de valeur

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