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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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y changer un mot.

    « Il y a un consentement au massacre sur les routes »
    Conseil du 1 er juin 1966.
    Pisani détaille les mesures qui pourraient faire baisser le chiffre de 12 000 tués dans des accidents de la route : élimination des 1 500 « points noirs », plus grande exigence pour obtenir le permis de conduire, visite médicale des conducteurs de plus de 70 ans, limitation à 90 km/h pour les conducteurs débutants, visite technique périodique des automobiles, amélioration de la signalisation, port du casque obligatoire sur route pour les cyclomotoristes, etc.
    Fouchet (dont le ton monte à mesure que sa charge à fond se développe) : « Diminuer les accidents, c'est possible ! Puisqu'on aime parler de modèle scandinave, prenons au moins exemple sur lui pour la discipline de la route. Nous sommes devant un massacre des jeunes. Ils sont bouclés pendant la semaine au lycée ou en fac. Le week-end, ils entendent bien se défouler. Ils se rendent en groupe dans des sauteries, ils boivent, et au retour ils se tuent en chantant. Il faut avoir le courage de la répression ! Ce qui fait défaut dans la panoplie des mesures que propose M. Pisani, c'est l'organisation de la répression.
    GdG. — Vous avez raison, il y a un consentement au massacre sur les routes. Les magistrats consentent trop facilement à l'indulgence. Et quand il y a condamnation, je suis assailli par les demandes de grâce. Ça fait partie de l'avachissement général. Je crois comme vous que des dispositions techniques, s'il n'y a pas de sanctions, ne pourront pas résoudre le problème.
    Pompidou. — Les lois en vigueur seraient suffisantes, mais ce qui se passe, c'est que les magistrats ont des faiblesses à l'égard des contrevenants, et même des contrevenants récidivistes, et qu'ils compensent ces faiblesses en étant très généreux dans l'appréciation des dommages à la charge des compagnies d'assurance.

    « Cela dit, je suis d'accord dans l'ensemble avec les propositions de M. Pisani, et il faudra leur faire une certaine publicité. Mais je ne crois pas qu'on obtiendra des résultats mirobolants. Les Scandinaves ont moins de tués sur les routes, mais ils se rattrapent par le nombre des suicides. Et vous savez, quand nous aurons obtenu que six Français sur sept boivent pendant que le septième les regarde, nous aurons fait un progrès extraordinaire vers l'abrutissement des Français.
    Fouchet. — Je ne suis pas d'accord. C'est un manque de courage. »
    Le Général se tait. Il n'a pas pu s'empêcher de regarder Pompidou d'un oeil accablé, et Fouchet d'un oeil approbateur. Maisil se dit qu'il sortirait de son rôle s'il arbitrait contre son Premier ministre sur un sujet qui ne fait pas partie de son domaine réservé. Le scepticisme l'a emporté sur le volontarisme.
    Il faudra attendre juin 1978, douze ans, pour qu'une loi, « Boire ou conduire », que j'ai eu l'honneur de présenter et de faire voter, impose l'alcootest, fixe un taux maximum d'alcoolémie, prescrive des contrôles aléatoires. La seule annonce de ces mesures (non encore applicables) suffira pour que, dans l'été, l'hécatombe baisse de 20 % par rapport à la moyenne des trois années précédentes.

    « Vous avez trop de monde dans vos administrations centrales »
    Conseil du 1 er juin 1966.
    Joxe présente l'expérience en cours dans les administrations centrales sur le respect des horaires. Un contrôle, par émargement, a été fait sur les heures d'entrée et de sortie. L'expérience a été « concluante ». On respecte mieux l'horaire de quarante-cinq heures par semaine, on a aussi pu organiser une répartition des entrées et des sorties.
    GdG : « M. Joxe est très optimiste. Je serais intéressé par l'avis de ses collègues.
    Messmer. — J'ai fait pointer, pour obtenir un plus grand respect des horaires. On m'a fait observer que cette rigueur n'était pas de mise dans d'autres administrations, où l'indulgence des chefs de bureau semble être la règle.
    GdG. — Mais le gendarme est sans pitié. (Rires.)
    Edgar Faure. — Il faut éviter que tout cela prenne une allure vexatoire. Des sondages suffisent. Je me souviens d'une histoire d'horloge pointeuse, une idée de Jules Moch, qui s'était très mal terminée.
    GdG (à qui l'allusion à Jules Moch n'a pas plu, et qui regrette le tour plaisant que prend l'échange, un peu par sa faute). — C'est un fardeau écrasant qu'il s'agit de soulever. Ce ne sera pas facile.
    Sanguinetti. — J'ai pris

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