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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vraiment nationale. Ce seront 485 élections locales. C'est le kaléidoscope. Elles ne peuvent pas prévaloir sur l'élection solennelle du Président de la République, où tous les Français concourent le même jour à un seul choix, et où le Président, élu par une majorité, est alors consacré comme Président de tous les Français pour sept ans. ( Consacré a dans sa bouche comme une tonalité religieuse.)

    « J'attendrais tranquillement que l'Assemblée censure »
    AP. — Il faudrait par-dessus tout éviter que ce que vous venez de me dire se sache ! Sinon, les Français se demanderont à quoi ça sert d'aller voter, puisque leur vote ne changera rien à la conduite des affaires.
    GdG. — Évidemment, ce n'est pas à crier sur les toits. D'ailleurs, je ne dis pas que leur vote ne changerait rien. J'en tiendrais au contraire le plus grand compte.
    « Un raz de marée de l'opposition apparaîtrait fatalement comme un désaveu à mon égard. J'en tirerais aussitôt les conséquences. Mais dans le cas où il manquerait seulement vingt ou trente sièges, ou même cinquante, la Constitution donne au Président les moyens de tenir la barre. Elle est faite pour ça. Je vous l'ai dit, je nommerais un Premier ministre gestionnaire, des ministres techniciens. J'attendrais tranquillement que l'Assemblée censure ce gouvernement. Elle serait avertie d'avance qu'elle serait immédiatement dissoute. Vous avez lu La Réforme de l'État 4 ?
    AP. — Non, mon général. »
    Son regard me donne l'impression que je déchois à ses yeux.
    GdG : « Voyons, il faut lire ce bouquin. Il y a tout ! Tardieu avait tout compris, mais il était bien le seul. Il disait que les députés détestent avoir à faire campagne. La dissolution est une pratique essentielle, parce qu'elle affirme la souveraineté du peuple et parce qu'elle remet les députés à leur juste place : représenter le peuple, au lieu d'outrepasser sa volonté pour usurper son pouvoir. C'est justement pourquoi, de 1875 à 1955, elle n'a jamais fonctionné. Il n'y a qu'Edgar Faure qui ait eu le cran de la provoquer 5 .
    AP. — Et si l'Assemblée refuse de voter les lois et le budget ?
    GdG. — La Constitution a tout prévu. Le budget est automatiquement adopté au bout d'un certain délai. Les lois le sont aussi quand le gouvernement pose la question de confiance et que l'Assemblée ne le renverse pas. Et si elle le renverse, elle sait qu'elle se fait hara-kiri. (Un silence.) Au fond, vous voyez, je ne serais pas fâché que l'on puisse faire la démonstration des ressources que comporte la Constitution.

    « Tout comme le Président des États-Unis face à un Congrès hostile »
    AP (abasourdi). — Mais alors, si on perd les élections, vous excluez de vous incliner devant l'opposition victorieuse, sauf s'il y a un véritable raz de marée ?
    GdG. — Vous me voyez choisir comme Premier ministre un chef de l'opposition ? Vous me voyez installer Mitterrand à Matignon ? Ça voudrait dire que la légitimité du gouvernement reposerait, non sur celle du Président de la République, mais sur celle de l'Assemblée ! Ça voudrait dire qu'on retournerait à la IV e ! Non, non !
    « Dans ce cas-là, la Constitution donne au Président les moyens de se tirer d'affaire, tout comme le Président des États-Unis se tire d'affaire quand il a en face de lui un Congrès hostile. Nous avons un régime mi-parlementaire, mi-présidentiel. Il est parlementaire puisque l'Assemblée peut renverser le gouvernement ; il est présidentiel, puisque le Président est élu au suffrage universel pour sept ans et que le gouvernement procède de lui seul. »
    Comme souvent, il se plonge dans un insondable silence. Dois-je me retirer ? Pourtant, quand je lui pose une nouvelle question, le voilà reparti.
    AP : « Alors, vous ne feriez pas appel à l'article 16 ?
    GdG (vivement, comme si j'avais lâché une énorme bourde). — Mais non, voyons ! L'article 16 n'est pas fait pour ça ! Il n'est guère envisageable que s'il y a invasion, ou subversion ! Mais dans l'hypothèse que vous envisagez, il n'y aurait rien de tel. Les mécanismes ordinaires suffisent largement, pas besoin de faire appel à un état d'exception. Sinon, ce serait prendre un marteau-pilon pour écraser une mouche.

    « Il vaut mieux ne pas tripoter la Constitution »
    AP. — Ne faudrait-il pas une retouche à la Constitution, pour que ces perspectives soient bien claires ?
    GdG. — En dehors du Sénat, je ne vois rien à

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