Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
Général n'apprécie pas et me convoque dès mon retour.
    GdG : « Jamais vous n'auriez dû dire ça, jamais, comprenez-vous ? Pourquoi expliquer ce que je vais faire ou ne pas faire ? Pourquoi dire que je resterai à l'Elysée si la majorité est battue ? Et pourquoi dire que je ne me servirai pas de l'article 16 ? Il ne faut jamais dévoiler ses batteries, et a fortiori les miennes. L'article 16, c'est mon affaire. C'est à moi de décider de m'en saisir ou de ne pas m'en saisir. Il n'y a pas lieu de spéculer. Il faut laisser planer l'incertitude. Il faut garder un silence effrayant, je vous l'ai assez dit. Il faut les laisser dans leur cruelle incertitude ! »
    Des quelques mauvais moments que j'eus à passer dans son bureau, ce fut le pire. Le Général ne comprenait pas que le « silence effrayant », dont il pouvait s'envelopper au fond de l'Elysée, n'était pas une arme de terrain pour ses troupes en campagne.

    « S'il devait y avoir des difficultés sérieuses »
    Au Conseil du 1 er mars 1967, la leçon de politique continue.
    GdG : « On votera dimanche. Ce qui est en cause tous les jours un peu plus, c'est le régime. Les anciens ne s'y résignent pas. On ne voit se dégager aucun courant réel sur les autres problèmes. C'est donc sur la question du régime que vont se faire les élections. Je vous remercie tous, et d'abord le Premier ministre, de votreaction et de votre efficacité dans la campagne pour la V e République.
    « Quant aux opposants, on ne voit pas qu'ils puissent établir autre chose que l'ordre ancien, s'ils parvenaient à l'emporter. Donc au total, nous pouvons être plus convaincus que jamais que nous avons raison.
    « C'est dans cet esprit que nous aborderions la suite, s'il devait y avoir des difficultés sérieuses. »

    « S'il devait y avoir des difficultés sérieuses » : cela ne peut signifier que l'éventualité d'une perte de la majorité. Il faut comprendre que, fort de la certitude d'avoir raison, le Général aborderait « la suite » dans un esprit offensif : pas question d'installer un opposant à Matignon, sauf en cas d'évident désaveu. C'est ce qu'il m'avait dit, il y a six mois, sur le De Grasse.
    1 C'était de Gaulle, t. II, VI e partie, ch. 16.
    2 Les postes clés du gouvernement constitué par le général de Gaulle le 1 er juin 1958 étaient détenus par des hauts fonctionnaires : Couve aux Affaires étrangères, Pelletier à l'Intérieur, Guillaumat aux Armées, etc.
    3 Guy Mollet, Antoine Pinay, Pierre Pflimlin.
    4 André Tardieu (1876-1945), président du Conseil en 1929, 1930 et 1932, a fait dans La Réforme de l'État (Paris, 1934) un bilan très critique des institutions de la III e République.
    5 Le 30 novembre 1955, Edgar Faure, président du Conseil depuis le 20 février 1955, dissout l'Assemblée nationale élue en 1951.
    6 Le Général a pris systématiquement cette précaution à partir de janvier 1966. une véritable perversion de la Constitution gaullienne. Elle perturbe le fonctionnement bipolaire, en unissant au seul niveau de l'exécutif des contraires qui, à tous les autres niveaux de la vie politique, s'excluent et se combattent. Elle fait du Président l'otage du gouvernement. Pour l'essentiel, le gouvernement est libre. Pour l'essentiel, le Président n'est pas libre.
    7 Voir infra, II e partie, ch. 8.

II
    « ALORS, LA BOMBE H ? ILS ONT LA SOLUTION ? »
    Janvier 1966 - Mars 1967

Chapitre 1
    «VOUS ÊTES MINISTRE DES "POINTES"»
    Salon doré, 10 janvier 1966.
    Me voici, à compter du 9 janvier 1966, ministre de la Recherche scientifique. Comme chaque membre du gouvernement, je sais que le mandat est bref : dans quatorze mois les élections législatives y mettront un terme, provisoire ou définitif. Raison de plus pour embrasser la tâche avec ardeur.
    Dès le lendemain, le Général me convoque, comme il convoque tous les nouveaux ministres et les ministres qui ont changé d' attribution. Je succède à Sanguinetti. Quand il sort, nous plaisantons.
    Sanguinetti : « Avec moi, ça n'a pas traîné, les Anciens combattants, nous les connaissons bien, lui et moi !
    AP. — Alors, ça risque d'être plus long avec moi parce que je ne connais rien aux sciences et ça ne doit pas être son fort non plus. »
    Mais déjà l'aide de camp me fait signe d'entrer. Après quelques propos sur mon départ de l'Information 1 , le Général en vient à mes nouvelles fonctions.

    « Vous êtes ministre des "pointes " »
    GdG : « Bien, vous êtes donc

Weitere Kostenlose Bücher