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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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demandons nous sont données — lancement à partir de la Guyane, fourniture assurée des Blue Streak —, il doit nous permettre, puisqu'il est déjà aux trois quarts payé, d'obtenir pour dix fois moins cher, et de trois à six ans plus tôt, un lanceur aux performances meilleures que celui que nous fabriquerions nous-mêmes. »
    Le Général se résigne à me demander que l'on sonde nos partenaires pour essayer de sauver ce programme.
    Conseil du 4 mai 1966.
    J'informe le Conseil de la dernière réunion du CECLES-ELDO : « On y a parlé de la possibilité de lancer un satellite de télécommunications par le lanceur européen que nous appelons Europa. Ces ouvertures ont intéressé les Anglais. De notre côté, nous avons posé nos conditions : entre autres, que soit utilisé le champ de tir que nous nous disposons à construire en Guyane — il présente l'avantage d'être situé sur l'équateur — et que nous soit garantie la livraison de la fusée Blue Streak. Les Anglais sont réticents à s'engager. La session du début juin sera décisive pour savoir si le CECLES-ELDO surmonte ses difficultés, ou s'il doit sombrer définitivement. »

    « Il ne faut pas se fermer à toute nouveauté, y compris la Lune »
    Conseil restreint du 2 juin 1966.
    Le voyage du Général en Russie est tout proche. Ce Conseil restreint doit en boucler la préparation.
    Couve : « Nous devons mettre au point un accord de coopération scientifique et technique. »
    Je présente l'état actuel du projet d'accord : transmission d' émissions de télévision en couleur par un satellite russe de télécommunications, satellite météorologique.
    « Les Soviétiques vont proposer d'aller beaucoup plus loin. Ils voudraient que nous lancions un satellite français sur une fusée russe.

    « Les Russes ont deux projets encore plus intéressants. L'un, un satellite hyperexcentrique, comportant de grandes antennes sondeuses, à 200 000 km de la terre. Personne n'en a jamais envoyéde pareil. L'autre, un satellite circumlunaire ; ce serait intéressant aussi, mais cela coûterait de 100 à 110 millions de francs : on sort du budget du CNES.
    « Pour ma part, je proposerais un texte laissant des possibilités ouvertes. La première question à trancher : est-ce que l'on met la Lune dans notre accord cadre ?
    Couve (tranchant). — Il ne faut pas parler de la Lune ; ça ferait rire 5 . Et on ne peut pas attendre pour définir le contenu. Le texte doit être ficelé avant notre départ.
    Pompidou. — J'aurais préféré qu'il n'y ait pas d'accord du tout ; mais on ne peut pas l'éviter. Il ne faut pas parler de la Lune, ça ferait pouffer en effet tout Paris, ça serait démesuré. Déjà, le lancement d'un satellite français par une fusée russe ferait beaucoup de vagues. Nous nous avançons en terrain miné. Il faut être prudent.
    GdG. — Si nous perdons trop de temps, le bloc anglo-saxon peut nous devancer. (Veut-il parler de la télévision en couleur ?)
    « Il est utile de se poser des questions, de scruter toutes les conséquences et de prendre toutes les précautions. Mais il ne faut pas non plus se fermer à toute nouveauté, y compris la Lune. Nous explorons un domaine neuf, qui peut comporter des embûches, mais qui peut aussi nous aider à sortir de l'éternel affrontement entre les deux blocs et à lever peu à peu le rideau de fer, ou du moins à passer au travers. »
    Tout est dit.

    « Ne pas payer de plus en plus pour une entreprise de plus en plus aléatoire »
    Conseil du 9 juin 1966.
    Je n'assiste qu'au début du Conseil, car je dois aller présider la conférence du CECLES-ELDO, que Paris accueille au château de la Muette 6 ; c'est la réunion de la dernière chance. Le Général, à qui j'ai demandé à passer en premier, me donne aussitôt la parole. Je me borne à signaler, d'une part, l'intérêt que semble soulever notre projet de lancement d'un satellite de télécommunications par un lanceur d'ELDO ; mais, d'autre part, la note anglaise qui semble annoncer une volonté de se retirer d'ELDO. Il serait fâcheux de renoncer, alors qu'on est près du but.
    GdG (qui doit trouver ma conclusion un peu trop vague) : « Que ferons-nous, si les Anglais refusent de participer aux frais supplémentaires ?
    AP. — Il faudra tirer au clair les positions des uns et des autres. Si l'Angleterre fait défaut, nous pourrions essayer d'obtenir que lesautres partenaires prennent à leur charge la plus grande partie des dépenses

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