Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
des calculs très sophistiqués, n'avaient même pas pu calculer qu'elle se trouvait devant un gouffre financier. Nous y avons mis beaucoup d'argent public, puis General Electric y est entré en force.
    GdG. — Nous ne pouvons pas être absents d'une technique qui jouera de plus en plus un rôle de premier plan pour le développement de notre industrie. Nous serons pour finir dans la main des Américains, si l'État ne s'en mêle pas. Évidemment, il faut que l' État s'en mêle. Vous voyez bien : en France, il n'y a pas de grands projets si ce n'est pas l'État qui en prend l'initiative. Comme toujours, les patrons se préoccupent de faire des affaires juteuses, ils se foutent de l'intérêt national.
    AP. — Voilà pourquoi nous réfléchissons à un "plan Calcul ", sur lequel le commissaire au Plan doit élaborer un rapport. Et puis, il faudra un homme qui mette en oeuvre ce plan.
    GdG. — Comment le mettra-t-il en oeuvre ? Que fera-t-il en pratique ?
    AP. — Il associerait plusieurs entreprises industrielles, il coordonnerait les achats de calculatrices dans le secteur public et parapublic. En même temps, il faudra qu'on développe l'enseignement des disciplines scientifiques nécessaires pour fabriquer et pour utiliser des calculatrices. Je me dispose à créer un Institut de recherche en informatique, dont le délégué au plan Calcul assurerait la présidence. Il formerait les ingénieurs qui nous font cruellement défaut.
    GdG. — On n'évitera pas, au moins au début, de passer par une période de dirigisme et de protectionnisme. Il n'est pas admissible que les administrations, les universités, les entreprises d'État soient libres d'acheter leurs calculatrices à l'étranger. Il faut que l'impulsion de l'État soit vigoureuse. À qui sera-t-il rattaché, ce délégué ?
    AP. — On pourrait le rattacher au ministre de la Recherche, comme l'Énergie atomique ou l'Espace. Mais, dans un premier temps, pour qu'il dispose de plus d'autorité interministérielle, on pourrait le rattacher directement au Premier ministre.
    GdG. — C'est ce qu'il faut faire et je pense que c'est ce que nous allons décider. Je vois d'ailleurs Boiteux tout à l'heure, qui vient me parler précisément de cette question. »
    Première nouvelle... Tout ce qui concerne le Général baigne dans une telle atmosphère de secret, que même de hauts fonctionnaires ou de grands scientifiques qui relèvent de ma responsabilité vont le voir en cachette de moi. Il est vrai qu'après l'avoir vu, ils me transmettent ses propos comme s'il leur avait confié des instructions à mon intention : comme si je n'avais pas moi-même de contact avec lui, et comme si je n'allais pas, avant tout, vérifier et relativiser lesdites « instructions ».

    « Beaucoup de choses dépendent du génie des peuples »
    GdG (il est resté un moment silencieux) : « C'est curieux que la recherche scientifique ne trouve pas sa place dans l'histoire des nations. On fait comme si les découvertes devaient être rattachées au génie individuel des savants. Ça doit être comme pour l'histoire des nations elle-même. Beaucoup de choses dépendent de quelques hommes de l'histoire, de leurs erreurs ou de leur talent ; mais beaucoup de choses dépendent aussi du génie des peuples. »

    On dirait que Pompidou a entendu mon dernier entretien avec le Général. Il me dit, à la sortie du Conseil du 31 mars :
    « Le Général se fait du génie national une haute idée. Il voit dans la recherche une grande oeuvre de l'esprit. Je veux bien, mais j'y vois surtout une énorme source de gaspillage. »

    Debré : « Il faut faire pour la recherche plus que le Plan n'a prévu »
    Déjeuner avec Michel Debré, 11 juillet 1966.
    Faut-il en croire mes oreilles ? Combien de ministres « dépensiers » ont-ils dû longuement attendre une audience de combien de ministres des Finances, pour se voir ensuite refuser par le secrétaire d'État au Budget les crédits qu'on leur avait laissé espérer ? Or, voici que Michel Debré m'a invité de lui-même à déjeuner pour me proposer d'inclure des actions en faveur de la recherche dans la loi de programme qu'il prépare. C'est le monde à l'envers.
    Debré : « Il faut faire pour la recherche plus que le Plan n'a prévu. J'ai réfléchi à la façon de faire. J'hésite entre deux formules. La première consisterait à affecter à la recherche scientifique, pour les trois ans (1967-1969) qui seraient couverts par une loi de programme, ce

Weitere Kostenlose Bücher