Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
1966.
    Messmer : « Je suis allé voir mon homologue à Bonn. Il m'a dit que l'ensemble des ministres souhaitent que nous conservions nos forces sur le territoire allemand. Les généraux allemands sont compréhensifs. Mais l'aide-mémoire préparé par les Affaires étrangères de Bonn se réfugie dans des arguties juridiques.
    Couve. — Les Allemands partent de l'idée que la France est demanderesse, et ils posent alors des conditions qui seraient le retour au statu quo de l' OTAN. Nous ne nous presserons pas de répondre. Un accord sera bien difficile à atteindre.
    GdG. — L'idée allemande est que l'intégration est bonne pour tout le monde. En réalité, elle est bonne pour eux. En effet, l'Allemagne est coupée en morceaux ; ses frontières ne sont pas reconnues ; il y a des troupes étrangères sur son territoire ; dans une confrontation avec le bloc soviétique, elle est très à l'étroit, elle n'a aucun recul, elle est acculée à nous. Nous, en revanche, nous ne sommes pas vaincus, pas coupés en morceaux ; nous avons une capitale, nous n'avons pas besoin de troupes étrangères.
    « Le mythe de l'intégration leur était commode parce qu'il permettait au vainqueur et au vaincu d'être dans le même sac. C'était le système Monnet. Il est agréable pour les Allemands et inacceptable pour nous. D'où le litige entre eux et nous. Pour en sortir, il faut être simple.
    « L'Alliance atlantique continue et continuera. Le dégagement militaire américain, il s'accomplit et continuera de s'accomplir. Si les Allemands ne souhaitent pas que nous restions en Allemagne, nous n'y resterons pas. Nous n'avons aucun souhait à formuler. S'ils ne se prêtent pas à un arrangement, le malheur ne sera pas bien grand. Si les Allemands se prêtent à notre maintien — et surtout les Américains, car ce mémorandum, c'est un mémorandum américain ! —, eh bien, nous resterons. Sinon, nous partirons. Finalement, après tous les conflits du monde, vient toujours un moment où chacun rentre chez soi.
    « Il vaut mieux être dans la situation de la France que dans celle des Allemands. Ils sont dans une situation difficile. Cela commande quelque commisération et même quelque considération. »

    « Ce qu'il faut, c'est enlever les soldats américains »
    Conseil restreint du jeudi 2 juin 1966.
    GdG : « Cette affaire de l'OTAN est à la fois simple et complexe. Simple, parce que nous savons ce que nous voulons et où nous allons. Complexe, parce qu'il y a en réalité plusieurs négociations. »
    Il en distingue quatre. La première avec la République fédérale d'Allemagne ; la deuxième sur l'emploi de nos forces en temps de guerre (« S'il y avait une action militaire de l'OTAN, nous adopterions d'abord une attitude de réserve. Nous nous joindrions à cette action, ou ne nous y joindrions pas, en fonction des circonstances. Cela dépendrait de notre libre volonté. Mais à partir du moment où nous aurions décidé de participer à ces opérations, il est clair que nous le ferions en conjonction avec nos alliés ») ; la troisième sur les conditions du départ des Américains ; la quatrième entre la France et les différents gouvernements alliés, sur les facilités que nous accordons en temps de paix pour le survol et les communications, ainsi qu'en temps de guerre éventuellement.
    Couve précise un point : « Quant aux facilités à accorder aux Américains, nous pouvons donner des délais plus longs. Par exemple, il y a deux oléoducs, l'un collectif de l'OTAN, l'autre seulement américain.
    GdG. — Ça, ce n'est pas de l'intégration, puisque nous pouvons couper les oléoducs à chaque instant... comme le survol des avions de l'OTAN, que nous pouvons interdire à tout moment. Ce qu'il faut, c'est enlever les soldats américains ; sinon, il n'y a pas de raison qu'ils ne restent pas éternellement chez nous, comme en pays occupé. »

    « Nous n'avons fait qu'anticiper un changement profond de l'Alliance »
    Conseil du 19 octobre 1966.
    Couve : « Il paraît certain que, l'an prochain, les Américains et les Anglais diminueront leur présence militaire en Allemagne. Bonn est très troublé, et du coup incité à regarder à nouveau vers nous. C'est l'effondrement de leur politique extérieure.
    GdG. — En fait, la question financière liée à la présence des troupes anglaises ou américaines en Allemagne, ce n'est pas notre affaire. Mais quant au fond, il est clair qu'en nous dégageant de l'OTAN, nous

Weitere Kostenlose Bücher