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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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engagée non plus en vue de la défense de l'Europe contre la menace soviétique, mais en vue de ses positions en Asie. Il y a un risque que nous soyons entraînés dans une conflagration, que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas.Quand, sous le gouvernement Guy Mollet, les Russes ont menacé de nous lancer des bombes à cause de notre intervention à Suez, l'Amérique non seulement a dit qu'elle ne réagirait pas, mais a même fait pression sur nous pour nous faire plier le genou. Et nous, nous serions intégrés, comme ils disent, dans une guerre que nous n'aurions pas vraiment décidée ? Et rien n'empêcherait que des bombes tombent sur notre territoire ?
    « Mais on n'intègre pas les forces atomiques. Or, nous en avons et nous en aurons de plus en plus.
    « Nous sommes un pays dans lequel, depuis vingt-cinq ans, il n'est pas né un Français qui se souvienne d'une France sans troupes étrangères. Ça ne peut pas durer éternellement.
    « Ce qui donne la dignité, ce qui constitue la raison d'être d'un gouvernement, c'est de répondre de la sécurité de son pays. Les responsabilités du commandement et de la défense sont des responsabilités qu'un grand État ne peut aliéner sans cesser d'être un grand État. Je pense à l'Allemagne, à l'Italie, qui le ressentent durement.

    « Un commandement militaire qui ne répond plus de la bataille est privé de son autorité, de sa conscience, de sa responsabilité. Nous avons eu des incidents graves, en Algérie, avec l'OAS. Pourquoi ? Parce que des chefs militaires oubliaient que leur seule légitimité est la défense de leur propre pays. Mais cette légitimité, il faut en assumer l'exigence.
    « Voilà la vérité. Voilà ce que nous sommes en train de faire. S'il y a un avis différent, c'est le moment de le dire. »
    Un silence s'établit, l'émotion est palpable. Puis un accent chaleureux s'élève :
    Edgar Faure : « Je voudrais dire, moi qui suis l'élément le plus hétérogène...
    GdG. — Vous ne l'êtes plus, puisque vous faites partie du gouvernement.
    Edgar Faure. — Eh bien, je suis profondément d'accord avec tout ce que vous venez de définir.
    GdG. — Je suis d'autant plus sensible à ce que vous dites que vous avez fait partie des gouvernements qui ont précédé mon retour aux affaires.
    Edgar Faure. — Nous y avons souvent souffert de cette dépendance et de cette intégration, mais nous n'avions pas la capacité politique de nous y opposer.
    GdG. — Nous allons y mettre fin. Personne d'autre ne demande la parole ? Messieurs, je vous remercie. »

    « Il faudra que nous fixions nous-mêmes les délais »
    Conseil du 16 mars 1966.
    Messmer propose la nomination d'un général à l'état-major du SHAPE.
    GdG : « Ce n'est pas pour bien longtemps. » (Rires.)

    Quand vient le moment des communications, Couve fait état des réactions à la décision française : « Le Pentagone, le Département d'État sont professionnellement mécontents. Mais personne ne met en cause le retrait. Ils en sont réduits à parler calendrier, frais, délais...
    GdG. — Pour les détails d'exécution, il faut créer un mouvement. À défaut de réponses des alliés, il faudra que nous fixions nous-mêmes des délais, qui seront observés sans aucun doute et que nous veillerons à faire observer.
    « Pour l'essentiel, personne ne paraît contester qu'il y a intérêt à ce que nous restions dans l'Alliance, et ce n'est pas contraire à nos intentions.
    « Pour nos troupes en Allemagne, elles resteront. De même que les approvisionnements allemands en France, qui ne nous gênent pas et qui sont même une garantie pour nous.
    « Restent les discours et les critiques. Nous y sommes rompus. De toute façon, ça n'aboutira pas à grand-chose.
    Pompidou. — Il y a un problème d'opinion publique et il faut donc expliquer.
    Debré. — Et il y a les contrecoups ponctuels de ces départs sur l'économie locale.
    GdG. — Il y a trois choses. Il y a les états-majors, qui ne font rien, mais le font à grand train. C'est terminé, et leur départ n'aura aucune conséquence sur la main-d'oeuvre. Il y a des bases aériennes : elles emploient surtout des Américains, et quelques Français, dans l'Est. Et puis il y a la base de Châteauroux ; nous ne les obligeons pas à la fermer du jour au lendemain. Ça durera jusqu'à l'an prochain. La question de la main-d'oeuvre ne se posera donc que progressivement.
    Debré. — Il faut montrer que nous faisons quelque

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