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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ironique). — Alors, vous avez satisfaction ? » (Rires.)
    Façon goguenarde de répondre à Frey : « Vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas, mais je vous aime bien. » Cependant,le Général, interrogé directement, répond toujours, ou fait répondre.

    « Ces Américains, par qui ont-ils été élevés ? »
    De nouveau, j'ai droit aux deux variations sur l'intervention en Conseil. Variation édulcorée pour la presse. Puis, variation aggravée :
    « C'est quand même un peu fort, que les Américains choisissent sans nous consulter le bonhomme qui commandera à nos armées et qui aurait droit de vie et de mort, non seulement sur nos soldats, mais sur notre population civile ! C'est pour ça que j'ai voulu le jauger. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter. C'est un père tranquille. Mais ces Américains sont incroyables. Par qui ont-ils été élevés ? Ils n'ont pas été élevés du tout, ou ils ont été élevés avec l'idée que sur la terre, il y avait eux — et puis des homoncules. »

    Au Conseil des ministres du 22 août 1962, Couve évoque la nouvelle crise de Berlin.
    « Une manifestation, anti-soviétique et anti-américaine à la fois, a eu lieu ; peut-être une provocation du secteur oriental de Berlin. Les Français, les Anglais, les Américains, essaient de calmer les incidents toujours prêts à renaître, notamment à propos du passage quotidien de la garde russe quand elle se rend au Monument aux morts. Les autorités russes se refusent à tout contact avec le commandement occidental de Berlin.
    « Les réflexions des Américains, des Anglais, des Français, face à ce durcissement, ne sont pas claires. Est-ce que le fait de toucher au statut de Berlin est toujours un casus belli nucléaire ? Il est de plus en plus clair que non. Berlin ne serait pas défendu par tous les moyens. »

    Après le Conseil, je demande au Général ce qu'il souhaite que je dise sur cette crise :
    « N'en faites pas une montagne. C'est une péripétie de plus. Ce qui est grave, mais il ne faut pas le dire, ce ne sont pas ces incidents sur le terrain, c'est qu'il est de plus en plus évident que l'administration Kennedy veut de moins en moins courir le risque d'un conflit nucléaire avec les Russes. Ils veulent rester bien au chaud. Ce qui peut se passer à Berlin, en Allemagne ou en France, en réalité, ils s'en foutent complètement, même s'ils font semblant de s'y intéresser 4 . Ça n'est pas ça qui les empêchera de dormir.»
    1 Allusion au rejet du plan Fouchet (II e partie).
    2 Cette expression, employée ici le 9 mai 1962, a été rendue célèbre par un article, paru dans la Revue de la Défense nationale de décembre 1967, du général Ailleret, auquel on l'a attribuée. Mais elle faisait partie, depuis longtemps, du vocabulaire courant de De Gaulle, précisément à propos de la force de dissuasion.
    3 Ministres des Affaires étrangères de Belgique et des Pays-Bas; ils ont ensemble fait échouer le plan Fouchet.
    4 Le lecteur se rappelle le « Ich bin ein Berliner » de Kennedy, près d'un an plus tard, le 26 juin 1963.

Chapitre 3
    «LES SEULES RÉALITÉS INTERNATIONALES, CE SONT LES NATIONS »
    Au Conseil des ministres du 6 juin 1962, Couve déclare : « Dans la même semaine, on a connu le krach de Wall Street et une crise importante à Moscou. Les États-Unis et l'URSS sont en difficulté simultanément.
    GdG. — Les deux font la paire. »

    « La France n'est pas la France quand elle est haïe par les peuples »
    À l'issue du Conseil, le Général me dit :
    « Les deux super-grands qui se défient l'un l'autre et entraînent, chacun derrière soi, leurs brebis affolées, c'est ce que nous ne voulons plus ! La IV e République était en pleine incohérence. Elle nous avait fabriqué une politique étrangère docile aux Américains et une politique coloniale combattue par eux. Elle se mettait à dos les pays de l'Est parce qu'elle était inféodée aux Américains et le monde entier parce qu'elle prétendait s'inféoder pour toujours nos colonies, à commencer par l'Algérie. Ce n'est pas le message que la France a lancé au monde. La France n'est pas la France quand elle est haïe par les peuples. Particulièrement, par les peuples qui aspirent à s'émanciper.
    AP. — La politique de la IV e avait une certaine cohérence. La France dominait de nombreux peuples. À son tour, elle était dominée par les Américains. Pourquoi n'aurait-elle pas été elle-même un protectorat, puisqu'elle

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