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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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plaines de Russie et d'Ukraine qu'à la fin juin, alors qu'elle aurait dû le faire fin mars, dès le dégel. C'est à cause de ça qu'elle a calé devant Moscou et Leningrad. Ces trois mois de retard lui ont probablement fait perdre la guerre.
    « Le prestige de Mihaïlovitch était grand à l'intérieur du pays et parmi les Alliés. Le gouvernement yougoslave de Londres avait fait de lui le commandant en chef de la résistance yougoslave. Mais Tito l'a éliminé, l'a compromis, l'a fait abattre. C'est un peu comme si Thorez avait fait fusiller de Gaulle.

    « Croates, Serbes, Bosniaques se haïssent »
    « Et puis, ces dernières années, il s'est cru obligé de hurler avec les loups, avec le FLN et tous les Afro-Asiatiques, contre la France, bien que Coty, Guy Mollet et consorts lui aient déroulé le tapis rouge sous les pieds à Paris. Mais maintenant que la guerre d'Algérie est finie, il faut tourner la page.
    « D'ailleurs, il n'est pas sans mérite. La Yougoslavie est un État qui sait se faire respecter au-dedans et au-dehors. À l'extérieur, il a été le seul, longtemps avant la Chine, à dire non aux Soviets. À l'intérieur, il a fait tenir tranquilles toutes ces nationalités qui se détestent les unes les autres. C'est d'ailleurs la raison de sa querelle avec Mihaïlovitch, qui était grand-serbe, alors que lui, il est croate.

    « Comment voulez-vous que les Croates, les Slovènes, les Serbes, les Bosniaques ne se tirent pas la bourre ? Ils n'ont pas la même religion, ils ont subi des occupations différentes, les uns ont résisté, les autres ont collaboré, tous se haïssent. Ce sont des nations antagonistes, qu'on a prétendu après la première guerre enfermer dans la même cage. Tout ça ne tenait pas debout et Tito n'est pas sans mérite de faire tenir tout ça debout. »

    « Que tous les peuples affirment leur sentiment national »
    Après le Conseil du 10 septembre 1962, qui suit son retour d'Allemagne, je signale au Général :
    « Certains éditorialistes ont regretté que vous ayez exalté le nationalisme allemand.
    GdG. — Ça doit être des MRP, ou des socialistes. Ils ne voient pas les réalités. Leur internationalisme les aveugle.
    AP. — Vous ne craignez pas qu'on vous taxe vous-même de nationalisme ?
    GdG. — Mais non ! Ce que nous faisons n'a rien à voir avec le nationalisme. Le sentiment national est naturel à toutes les nations, à tous les pays. Il est aussi naturel que l'amour filial ou que l'affection familiale. Il est souhaitable qu'une nation veuille vivre, se défendre et se perpétuer. Un peuple n'est bien dans sa peau que s'il forme une nation indépendante. Le nationalisme, ça consiste à affirmer sa propre nation au détriment des autres. Le nationalisme, c'est de l'égoïsme. Nous, ce que nous voulons, c'est que tous les peuples affirment leur sentiment national.
    AP. — Votre doctrine, en somme, ce n'est pas le nationalisme français, c'est le pan-nationalisme, le nationalisme universel ?
    GdG. — Si vous voulez. Que tous les peuples du monde forment des nations et soient protégés par des États qui coopèrent entre eux.

    « La Russie boira le communisme »
    « Voyez-vous, l'Europe est composée de vieilles nations qui ont des siècles et des siècles derrière elles. Des langues différentes. Des cultures différentes. Les Italiens seront toujours des Italiens, les Allemands seront toujours des Allemands, les Polonais seront toujours des Polonais. Je veux dire : "S'ils restent agglomérés." On peut assimiler un Polonais, une famille polonaise, quelques groupes de Polonais, on ne peut pas assimiler le peuple polonais. On ne peut pas assimiler le peuple allemand. C'est pourquoi j'ai encouragé les Allemands à être eux-mêmes ; à condition que les Allemands respectent le sentiment national des autres, c'est-à-dire respectent les autres nations.
    AP. — C'est pour ça que vous parlez de la Russie et non de l'Union soviétique.
    GdG. — Les seules réalités internationales, ce sont les nations. La Russie boira le communisme comme le buvard boit l'encre. »

    J'ai rapporté cette phrase à notre meilleur "kremlinologue", mon aîné du Quai d'Orsay. Il s'est esclaffé en se tapant les cuisses : « Mais il n'a rien compris ! Le Russe, ça n'existe plus, la Russie a disparu. Il n'y a plus que l'Union soviétique. Il n'y a plus que l' homo sovieticus. Pendant trois générations, on a fait du lavage de cerveau, et le fond de la culture russe a disparu ;

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