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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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avait des protectorats ? »
    Le Général ne sourit pas. Il n'a pas apprécié que je l'interrompe. Je sens que ce paradoxe l'agace.

    « Il n'y a que l'indépendance qui n'avait pas de partisans ! »
    GdG : « Eh bien, cette subordination, c'est fini. Ce qui est bon pour la France ne sera pas décidé à Washington, mais à Paris. Ce qui est bon pour les Sénégalais ne sera pas décidé à Paris, mais à Dakar. Chaque peuple doit prendre son destin en main. Sinon, il arrive ce qui est arrivé avant mon retour aux affaires. Les Américains ont encouragé nos propres vassaux à la révolte contrenous, tout en nous traitant nous-mêmes en vassaux. Et trois Français sur quatre supportaient ça sans un murmure ! Et un Français sur quatre était prêt à se laisser vassaliser par les Soviets ! Il n'y a que l'indépendance qui n'avait pas de partisans !
    « Mais j'ai tort de dire les Français. Les Français, les pauvres, ils ne pensaient pas grand-chose. Ils suivaient, comme des bestiaux qu'on amène à la foire. Une faction, la plus forte, veut les entraîner à se blottir sous l'aile des Américains ; une autre faction, à se blottir sous l'aile des Russes. Mais où est la faction qui entraînerait le peuple vers la grandeur de la France ?
    « Nous avons connu ça du temps des Bourguignons et des Armagnacs, du temps de la Ligue et des Guise. C'est comme ça qu'a fini Athènes, c'est comme ça qu'a fini la République de Venise. Elles se sont disloquées, parce qu'elles manquaient de patriotes. Allons-nous nous disloquer aussi ? Heureusement que nous avons secoué tout ça! Le Président a pour vocation de rassembler les Français pour qu'ils gardent leur indépendance et leur personnalité! C'est son premier devoir! Nous avons commencé à faire échapper le peuple à la résignation. C'est peut-être sa dernière chance de relever la tête, d'échapper à l'asservissement, d'entraîner les autres peuples à y échapper aussi. »

    « On fait mieux que les Anglais »
    Au Conseil du 11 juillet 1962, Marette 1 : « La station de Pleumeur-Bodou a capté les images envoyées par satellite dans des conditions favorables, puisque leur qualité était comparable à celle d'une retransmission par réseau hertzien. Succès d'autant plus remarquable que la station britannique n'a pas été en mesure de capter ces images, et que la BBC a proposé d'acheter les nôtres à n'importe quel prix.
    GdG. — Donnez-les gratuitement à la BBC (il prononce bébécé), elle mérite bien ce geste, elle en a fait d'autres pour nous en d'autres temps.» (Sourires.)
    Cet accès de générosité ne lui fait pas perdre le sens de l'intérêt national. Il rectifie : « Mais, naturellement, servez la télé française en priorité. » (Nouveaux sourires.)
    Il ne cache pas qu'il jubile : « C'est très important à tous égards, notamment pour le standing technique de la France. » Il sait être généreux quand il est en tête de la course. Il devient plus âpre quand il veut faire reconnaître son rang et qu'on le lui dispute.
    Il me reparle de cette performance après le Conseil. « C'est bien, que la France fasse mieux que les Anglais. Nous avons été si longtemps les seconds des Anglais, et même pas de brillants seconds ! Il faut maintenant qu'il soit clair qu'on fait mieux qu'eux. La France doit être la première en Europe. Elle ne pourra montrer la voie aux autres qu'à cette condition.»

    « Comme si Thorez avait fait fusiller de Gaulle »
    Salon doré, 31 juillet 1962.
    La Yougoslavie tracasse le Général. Est-ce une nation ? un État ? une dictature ? Il s'interroge.
    Au Conseil, Couve annonce la reprise des relations diplomatiques avec ce pays. Les Yougoslaves soumettent à notre agrément leur actuel ambassadeur à Athènes, Milkonicz.
    Je ne songeais pas à interroger le Général sur cette affaire de routine. De lui-même, il répond à une question que je ne lui ai pas posée : « Il n'y a pas de raison de continuer à tenir Tito à bout de gaffe. Il faut reconnaître ce qui est. Il a quand même su forger un Etat qui en soit un.
    AP. — Pourquoi fallait-il le tenir à bout de gaffe ?
    GdG. — D'abord, il s'y est pris comme un sauvage pour asseoir son pouvoir. Il a zigouillé son rival. Quand la Yougoslavie a été submergée par la Wehrmacht, Mihaïlovitch avait le premier appelé à la résistance. Il s'est battu dans les montagnes d'Herzégovine. Il a retardé la Wehrmacht pendant trois mois. Elle n'a pu se ruer sur les

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