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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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change le gouvernement, c'est-à-dire le Premier ministre et le ou les ministres affectés par la motion de censure. À la rigueur, il peut se contenter d'accepter la démission du gouvernement et de renommer le même Premier ministre et les mêmes ministres, à l'exception du ou des ministres dont l'action aura motivé la motion de censure. En tout cas, il faut que ce soit possible.
    AP. — Vous admettez donc la possibilité que le Président ne se sente pas engagé par ce que fait le gouvernement ?
    GdG. — Le Président ne peut pas tout faire lui-même, s'occuper de tout, se porter garant pour tout. La Constitution n'est pas explicite à cet égard, et encore une fois, ça vaut mieux. Elle n'énumère pas les questions dont se mêle directement le Président et celles dont il ne se mêle pas. Mais il n'est pas possible qu'il soit en permanence responsable de tout. Si la censure avait lieu sur une question à propos de laquelle le Président lui-même a pris des options décisives et s'est engagé à fond, il faudrait bien, évidemment, qu'il se solidarise avec le gouvernement et qu'il accepte l'épreuve de force avec le Parlement. Mais ce n'est pas inéluctable dans tous les cas.
    AP. — Ainsi, la Constitution vous paraît bonne dans l'ensemble ?
    GdG. — Oui, je vous l'ai déjà dit, elle ne mérite que quelques retouches. Par exemple, une modification dans les rapports du Président et du Premier ministre. Il ne faut pas qu'un conflit puisse éclater entre le Premier ministre et le Président. Le Président doit pouvoir se défaire de son Premier ministre.
    AP. — Pour le moment, il n'y a pas de problème, parce que c'est vous, parce que c'est lui, comme disait Montaigne. Mais le problème pourrait se poser si le Premier ministre s'appuyait sur le Parlement contre le Président.
    GdG. — Exactement. Il faut que le Président puisse mettre fin aux fonctions du Premier ministre comme je l'ai fait avec Debré. Cela s'est très bien passé; c'était Debré. Mais il a fallu qu'il se prête au jeu. Je lui ai dit : "Puisque vous cessez d'exercer vos fonctions, il faut que vous me donniez votre démission." Il l'a fait, bien sûr ; mais peut-être qu'un autre ne l'aurait pas fait. Il vaudrait mieux spécifier que le Président met fin aux fonctions du Premier ministre de sa propre initiative et qu'il n'est pas suspendu à l'offre de démission.
    « Et puis, comme retouche, il y aura la transformation du Sénat et sa fusion avec le Conseil économique et social, dont les pouvoirs seraient élargis. Je vous l'ai déjà dit. »
    Je me retire en hâte. Quand le Général me dit : « Je vous l'ai déjà dit », c'est signe d'agacement. Je suis resté trop longtemps.

    Il est clair qu'à ses yeux, la Constitution est bonne, parce qu'elle est à la fois solide et souple. Son texte laisse assez de jeu pour s'adapter aux circonstances. Mais la pratique le façonne, justement à cause de ce jeu. Elle peut en faire vivre l'esprit, ou au contraire le trahir. D'où l'engagement du Général pendant ces années fondatrices. Il a grandi sous une III e République dont la Constitution, médiocre dans sa lettre, était devenue détestable par l'usage. La leçon, sur lui au moins, a porté : il a pu imposer aux partis une Constitution convenable ; il voudrait que l'usage la rendît excellente.
    1 Secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement.
    2 À cause de la motion de censure du 5 octobre 1962 et de la dissolution qui l'a immédiatement suivie.
    3 Douzièmes provisoires : procédure, en vigueur jusqu'en 1958, qui permettait en début d'année, tant que le budget n'était pas voté, de reconduire chaque mois le douzième du budget de l'année précédente.
    4 Ministre des Travaux publics à partir de décembre 1962, il avait été jusque-là rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale.
    5 C'est-à-dire reconduisant les crédits votés pour l'année précédente, sans mesures nouvelles.
    6 Allocution radiotélévisée du 16 septembre 1959 ; la question de confiance — engagement de la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée — fut posée en octobre. Il ne s'agissait donc même pas d'une « question de confiance » lors de la formation du gouvernement. Le Général veut éviter qu'on ne retombe dans la tradition de l'investiture par l'Assemblée.
    7 Ministre de l'Intérieur.
    8 Publiquement, il utilise une formule plus relevée : cahin-caha.
    9 D'après le contexte, le Général n'emploie

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