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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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gaullistes de gauche se promènent dans l'économie comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. » Je n'ai pas bien compris en quoi le fait de ne pas en parler le 11 juillet aurait rendu moins sensible ce qui allait être publié le 15 juillet. Mais sa réserve sur ce thème était frappante.

    « La Constitution aurait joué ! »
    Le Général n'en finit jamais d'enseigner la Constitution à ses ministres, qui pourtant devraient la connaître.
    Au Conseil du 27 février 1963, Pierre Dumas 1 dresse le bilan des travaux parlementaires à la fin de la session extraordinaire de décembre à février 1963, destinée à compenser la mise en chômage du Parlement du début d'octobre au début de décembre 1962 2 .
    Dumas a souligné que la première partie du budget de 1963 « a été votée assez tôt pour qu'on n'ait pas eu à faire appel aux douzièmes provisoires ».
    Le Général intervient vivement : « Mais, si elle n'avait pas été votée, il aurait suffi d'un décret ! La Constitution aurait joué ! Il n'y a plus de douzièmes provisoires 3 ! »
    Dumas, pris de court, bafouille un peu.
    Pompidou : « Il y a deux choses : le budget doit être voté en soixante-dix jours, sinon il est promulgué par décret.
    « Mais, d'autre part, la première partie de la loi de finances doit être votée, pour que l'on puisse percevoir les impôts et pour que les premiers crédits puissent être engagés. Si cette première partie de la loi de finances n'avait pas été votée avant la fin de 1962, on aurait dû demander des crédits pour commencer l'année. »
    Giscard d'Estaing et Marc Jacquet 4 font des signes de dénégation. Jacquet, mon voisin, me dit : « Georges n'a rien compris. (Il est de ceux, fort rares, qui l'appellent par son prénom.)
    GdG (impatient). — Mais enfin, si on n'avait pas pu voter cette première partie avant la fin de 1962, qu'aurait-on fait ?
    Giscard d'Estaing. — On aurait fait un texte spécial, dit "des services votés 5 " et l'Assemblée aurait eu à se prononcer sur l'ensemble de ce texte sans entrer dans les détails.
    GdG (triomphant). — Donc, ça n'aurait pas été des douzièmes provisoires. La Constitution l'interdit ! »
    Dumas s'excuse, recommence sa phrase en supprimant la mention des « douzièmes provisoires ». Murmures autour de la table : il faut bien admettre que le Général connaît sa Constitution mieux que personne au Conseil.
    Dumas conclut son exposé par des suggestions d'avenir : « Il faudrait mettre davantage la majorité dans le coup, en lui donnant l'impression qu'elle joue un rôle majeur dans la préparation de la politique gouvernementale. Et les parlementaires aimeraient qu'on réponde à leurs questions avec plus de célérité. »
    Pompidou saisit l'occasion de reprendre en main une situation qui lui avait momentanément échappé. Il appuie en recommandant aux ministres de répondre plus vite aux questions des députés ; il y a de la négligence dans ce domaine.
    Le Général (s'adressant à Dumas, et comme pour le sortir de l'embarras dans lequel il l'a lui-même plongé) : « Tout le monde a apprécié la façon dont vous vous êtes acquitté de votre tâche. »

    « Faire fonctionner tous les rouages »
    L' « esprit de la Constitution », il s'efforce sans cesse d'y revenir. Il me l'a défini dès les débuts du premier cabinet Pompidou.

    Salon doré, 25 avril 1962.
    « Essayez de faire comprendre à vos journalistes ce qu'est l' esprit de la Constitution. Sous la III e et la IV e Républiques, le gouvernement devait démontrer sans cesse qu'il disposait d'une majorité qui le soutienne à l'Assemblée. La V e République a renversé la charge de la preuve. C'est à l'opposition de prouver que le gouvernement ne dispose plus d'une majorité. La procédure par laquelle l'opposition pouvait obliger le gouvernement à poser la question de confiance, et par suite à chuter, a disparu. Quand nous avons mis au point la Constitution, Guy Mollet et Pflimlin ont particulièrement insisté sur la nécessité d'écarter ce danger. Gaillard avait formé le même vœu à plusieurs reprises. Les caciques de la IV e République considéraient que c'était la base même de la réforme constitutionnelle.
    « Et maintenant, vos journalistes voudraient qu'on recommence, comme avant, à recréer pour tous les gouvernements l'obligation de poser la question de confiance ! Ça serait à nouveau, chaque fois, une occasion de crise ! Ça donnerait aux journaux un

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