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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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croire le nombre de nos députés." Alors, ils essaient de se rattraper autrement.
    « La proportionnelle est un scrutin qui donne aux Français le sentiment qu'ils sont équitablement représentés ; mais elle est inefficace. Le scrutin majoritaire est efficace ; mais il fait naître une amertume. Il m'arrive de me demander si, avec le système quasi présidentiel que nous avons depuis octobre, il ne vaudrait pas mieux un scrutin proportionnel, qui adoucirait les mœurs non seulement des parlementaires, mais des Français, et qui permettrait au Président de composer le gouvernement avec plus de souplesse, en manifestant à chaque élection législative qu'il tient compte des mouvements de l'opinion. »
    Beaucoup plus tard, je reposerai la question au Général sous une autre forme.

    Salon doré, 8 juillet 1965.
    AP : « Michel Debré voudrait que le principe du scrutin majoritaire soit inscrit dans la Constitution. Ne faudrait-il pas le faire ?
    GdG. — Non. Debré a raison de dire que le scrutin majoritaire est le meilleur moyen d'assurer la stabilité des institutions. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il pourrait y avoir un jour, à nouveau, des raisons de revenir à la proportionnelle dans l'intérêt national, comme en 45. Il ne faut pas se lier les mains. Ce qu'on pourrait faire, c'est imposer des conditions sévères pour le changement de mode de scrutin, de manière à ne pas permettre à une majorité de manipuler les élections, au dernier moment, en changeant le système pour adopter celui qui lui serait le plus favorable, comme l'ont fait en 51 les tripatouilleurs de la IV e , avec les apparentements. »

    « Jauger la confiance du peuple »
    Salon doré, 29 août 1962. Le Général me dit : « Comment voulez-vous jauger la confiance du peuple ? La meilleure manière, c'est le référendum. Pourquoi la question de confiance, par laquelle les gouvernements de la III e ou de la IV e mettaient leur responsabilité en jeu devant l'Assemblée nationale à propos d'un texte parfois insignifiant, serait-elle le summum de la démocratie ? Et pourquoi serait-ce anti-démocratique de poser aux Français une question essentielle, et de leur demander de manifester à cette occasion la confiance qu'ils ont dans le chef de l'État et le gouvernement ?
    AP. — C'est à cause des mauvais souvenirs qu'ont laissés les plébiscites du Second Empire...
    GdG. — Mais vous savez bien que la France d'il y a cent ans était illettrée ! Les Français ont mûri, ils sont devenus capables de juger par eux-mêmes, de prendre les décisions capitales ! Ilsl'ont montré en adoptant notre Constitution, la première qui tienne debout depuis deux siècles. Ils l'ont montré en permettant de régler l'affaire algérienne, dont le régime des partis ne serait jamais sorti ! En réalité, tout ça, ces histoires de principat plébiscitaire, de Badinguet ou de général Boulanger, ce sont des croquemitaines agités par les politichiens. »

    Au Conseil du 7 novembre 1962 2 , le Général déclare : « Il y a bien quelques mécontents — notamment le président du Sénat — qui sont indignés ; mais c'est sans importance. Aux yeux de ces gens-là, comme disait Chamfort, 1) la souveraineté nationale appartient au peuple ; 2) il ne doit pas l'exercer.
    « Tous ces hommes ne sont pas nuls. Je suis le premier à le savoir, moi qui les ai employés, ces hommes, en les prenant dans tous les partis sans aucune exception. »
    Quand il se lève et fait le tour de la table, il dit en aparté à un petit groupe de trois ou quatre : « Voilà que le Conseil constitutionnel lui-même s'est laissé tenter par les idées politichiennes. Heureusement qu'il s'est vite repris 3 .»

    « J'attendais Mendès, j'ai eu Ramonet »
    Salon doré, 5 janvier 1963.
    Le Général est plein d'ardeur. Ses méditations, pendant son séjour à Colombey à l'occasion des fêtes, le portent à l'optimisme :
    « Voyez-vous, me dit-il, nous voilà débarrassés des politichiens, grâce à ce référendum et à ces élections. L'État n'est plus à la merci des comités. Le peuple et l'État sont maintenant souverains. Les partis ont été écrasés.
    « La preuve est faite que les partis face à un référendum, c'est le pot de terre face au pot de fer. J'ai eu autour de moi, depuis 1940, toutes sortes d'hommes politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite. Quand ils travaillaient dans un gouvernement pour la France, ils devenaient des hommes

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