C'était de Gaulle - Tome II
presse de s'infiltrer partout ! Ils prendront toutes les photos de moi qu'ils voudront au cours du voyage. Et il y a déjà tellement de photos prises sur moi ! Qu'ils s'adressent aux agences !
AP. — Justement, c'est trop facile... Ils voudraient un scoop, ils titreraient : "De Gaulle intime."
GdG. — Oui, c'est ça ! Mais moi, je n'aime pas ça. C'est leur jeu, ce n'est pas le mien. Et ça ne sert à rien.
AP. — Vous l'aviez admis pour Match, à la veille du lancement de vos Mémoires.
GdG. — À ce moment-là, je n'étais pas aux affaires. Un chef doit s'entourer de mystère. Je me suis toujours conformé à ce principe et je m'en suis toujours bien trouvé. »
« Je suis la preuve vivante que les journaux n'ont aucune importance »
Salon doré, 2 décembre 1964
AP : « Demain, je suis invité par l'Association de la presse étrangère. Avez-vous un message ?
GdG. — Je vous avoue que je n'apprécie pas ces déjeuners. Je l'ai dit l'autre jour au Premier ministre. Ça tombe toujours mal. Alors, on dit des choses qui peuvent compromettre le jeu. Il ne faut pas se diluer ! Il faut rester sur sa position et on est sûr de gagner. La diplomatie ne se fait pas sur la place publique. Il n'y a qu'à les laisser pérorer. Mais le gouvernement ne pérore pas, lui. Quand il parle, c'est pour agir. Il choisit le moment. Il ne le fait pas pour faire plaisir aux journalistes.
AP. — Mais si on n'alimente pas un peu les journaux...
GdG. — Vous direz ce que vous voudrez, vous ne les empêcherez pas de pisser leur vinaigre. Depuis 1940, je suis la preuve vivante que les journaux n'ont aucune importance. Je crois même que le fait qu'ils me desservent finit par me servir. »
1 Cf. tome I, p. 133.
2 Lettre du Premier ministre aux ministres et secrétaires d'État du 12 avril 1963 :
« Les commentaires ou explications qui doivent être donnés devant la presse à l'issue du Conseil des ministres par le ministre de l'Information sont ordinairement élaborés, en accord avec chacun des ministres intéressés, dans des conditions de précipitation qui ne mettent pas pleinement M. Peyrefitte en mesure de faire face à cette tâche.
« J'estime nécessaire que les membres du gouvernement qui doivent intervenir en Conseil mettent préalablement au point un résumé de leur intervention sur la base duquel sera fait le commentaire public. (...)
« Je vous serais reconnaissant de bien vouloir veiller personnellement à l'application de cette règle. »
3 Ce sera le Service de liaison interministérielle pour l'information (SLII), qui, avec des moyens qui se sont fortement étoffés, a existé depuis lors, sous le nom de SID (Service d'information et de documentation), puis de SIG (Service d'information du gouvernement) à la disposition du Premier ministre.
4 Robert Meunier du Houssoy, Émilien Amaury, Jean Prouvost.
5 « Qu'il ait raison ou tort, c'est mon pays. »
6 Respectivement, secrétaire général de la Défense nationale et chef d'état-major des Armées.
Chapitre 19
«L'ÉGLISE DE FRANCE, CE N'EST PAS LE PATRIOTISME QUI L'ETOUFFE »
Au Conseil du 5 juin 1963, Couve parle des dispositions à prendre après le décès de Jean XXIII.
GdG : « Jean XXIII, à cause de son caractère, de sa nature et des circonstances, a pris une position originale et très publique, qui répondait au sentiment général des hommes, à une propension générale à la détente et à l'entente, compte tenu de l'équilibre de la terreur ; compte tenu aussi de la tendance au déclin de l'autorité ; compte tenu enfin du fait communiste, du bloc communiste chinois, du matérialisme extrême des pays marxistes. Cette position répondait également à un souhait qui portait les chrétiens à se rapprocher les uns des autres. Il a voulu pousser les spiritualistes de tous bords à s'entendre pour surmonter leurs oppositions. Il a bien traduit ce sentiment général. C'est ce qui explique la résonance exceptionnelle de sa mort.
« C'était un bonhomme, au sens noble du terme, un homme bon.
Il a exprimé cela par le Concile, qui était une entente entre les spiritualistes de tous les pays et une position de bonne volonté à l'égard de l'autre bloc. Il y a là quelque chose de mondial, dont un pays comme le nôtre ne peut pas ne pas tenir compte.
« Il est souhaitable que le nouveau pape ne se laisse entortiller par personne »
«Nous ne sommes pas les adversaires de la politique de Jean XXIII. C'est conforme à notre génie,
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