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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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j'expose que l'on va monter un service de liaison léger : un directeur, aidé par huit conseillers techniques dépendant des principaux ministères, et qui continueront à être rattachés aux cabinets de leurs ministres. Impossible de faire plus modeste 3 .
    Le Général reprend : « Il faut que ce service coordonne l'action des services de presse des différents ministères, de manière que la politique que nous arrêtons ici même n'apparaisse pas comme la juxtaposition des politiques hétéroclites d'administrations indépendantes les unes des autres, mais comme une politique unique, à laquelle le Président de la République donne l'impulsion et dont le Premier ministre coordonne l'exécution. »
    Personne ne fait d'observation.

    « La presse est une citadelle hostile »
    Au Conseil du mardi 1 er octobre 1963, après le voyage dans la vallée du Rhône :
    GdG : « L'attitude de la presse, notamment dans ces provinces-là, a quelque chose d'incroyable comme système de débinage et de malfaçon. La presse est une citadelle hostile. Elle dispose d'un monopole de l'information et de la publicité, qui est à la limite de l'odieux. Quant au Journal télévisé, qui ne bénéficie pas, lui, de la publicité, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'arrive pas à rétablir l' équilibre. »

    Septembre 1963.
    Il n'y pas de quotidien français aux Antilles : seulement des feuilles hebdomadaires. Robert Hersant, député de l'Oise et propriétaire de L'Auto-Journal, voudrait fonder un journal, France-Antilles. Nul besoin d'autorisation du gouvernement pour cela. Mais le projet n'est réalisable que si la Société nationale des entreprises de presse, propriétaire de la seule imprimerie moderne à la Martinique, imprime ce journal. Puisqu'il s'agit d'une société nationale, il faut l'aval du ministre de tutelle. Comme l'outre-mer fait partie du « domaine réservé », je pose la question au Général.
    GdG (il a sursauté) : « Hersant n'est pas des nôtres.
    AP. — En effet : il vote systématiquement la censure.
    GdG. — Cherchez un autre éditeur de journaux. »
    Je consulte l'un après l'autre les trois grands patrons de presse qui ont reçu son agrément 4 . Bredouille, je fais mon rapport au Général.
    GdG : « Pourquoi Hersant veut-il faire ce qu'aucun autre ne veut faire ? Si c'est juteux pour lui, ça devrait l'être pour les autres ? Renseignez-vous. »
    J'apprends ainsi qu'Hersant dispose d'un large crédit des banques. J'en fais part au Général, qui ne se rend pas encore :
    « Il vous faut vérifier qu'il ne sera pas favorable à une sécession des Antilles. Obtenez des garanties précises. »
    Hersant se prête à mes exigences : personne n'est plus favorable que lui au maintien des départements d'outre-mer dans la France. L'accord est conclu sur ces bases. Il me le confirme par écrit. Les Antilles ont enfin un journal.

    « Ils ont vécu de la guerre d'Algérie pendant huit ans »
    Salon doré, jeudi 14 novembre 1963.
    AP : « Que pensez-vous de l'accord égypto-algérien, aux termes duquel Le Caire doit réactiver en Algérie les bases aériennes abandonnées par notre armée ?
    GdG. — Les journaux donnent une importance démesurée à des choses qui n'en ont aucune. Mais vos journalistes ne cherchent qu'une chose, remplir leurs colonnes. Alors, il faut absolument qu'ils montent en épingle le moindre événement, même s'il est dérisoire. Nos journaux ont vécu de la guerre d'Algérie pendant huit ans. Ils l'ont fait durer le plus longtemps possible. Elle aurait été terminée bien avant, s'ils n'avaient pas joué à fond pour qu'elle dure. Maintenant qu'elle est finie, ils voudraient essayer de la ressusciter, ça leur permettrait de vendre leur papier. »
    Terrible accusation, que la presse — en tout cas les quelques journaux auxquels il pense —, si elle la connaissait, récuserait hautement. Elle arguerait qu'elle a aidé de Gaulle à convaincre les Français qu'il fallait partir. Mais il est convaincu qu'elle a poussé les chefs du FLN à durcir leurs exigences.

    « Il y a une rééducation à faire de la Nation »
    Deux ans plus tard, il revient sur le sujet, tout en l'élargissant ; car dans ce comportement, la presse est, à sa façon, très française :
    Salon doré, 27 octobre 1965.
    GdG : « Pendant la guerre d'Algérie, les fellagas se nourrissaient de ces journaux soi-disant français qui passaient leur temps à dire : "Le gouvernement français, c'est de la blague, il ne

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