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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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malheureux pour l'Europe, où ils voudraient entrer tout en n'y entrant pas, de manière à empêcher les autres de travailler ensemble. Mais ils n'ont même pas l' esprit de décision qui leur permettrait de nous gêner. Ils mènent mélancoliquement une petite politique au jour le jour. Leur seul plaisir est de caresser les Américains. Ils voudraient bien aussi pouvoir caresser les Russes. Mais on voit bien qu'ils sont en porte à faux. Nous ne voulons rien déchirer, mais nous ne pouvons pas non plus nous suspendre à toutes les incertitudes des autres. »
    Conseil du 21 octobre 1964.
    Les travaillistes, conduits par Harold Wilson, ont gagné les élections britanniques du 15 octobre.
    Couve commente : « Les finances publiques britanniques sont dans un état dramatique. Il a fallu le changement de majorité pour qu'on s'en rende compte. Le gouvernement travailliste va être dans une situation précaire, aux prises avec des problèmes immédiats. »

    Après le Conseil.
    AP : « C'est important, cette victoire des travaillistes ?
    GdG. — Ce qui est remarquable, c'est qu'ils n'ont pas gagné une voix depuis la dernière fois. Tout ce que les conservateurs ont perdu — et qui n'est pas beaucoup — est allé vers les libéraux, qui ont bénéficié de deux millions de voix. Mais les travaillistes n'ont pas attiré le corps électoral en 64 plus qu'ils n'avaient fait en 60. L' Angleterre n'est pas devenue socialiste. Et pourtant, elle va être gouvernée par des socialistes. C'est bizarre, comme démocratie. »

    « Les Anglais sont complètement dans la main des Américains »
    Au Conseil du 28 octobre 1964, Couve déclare que le gouvernement travailliste fait face à une crise plus grave qu'on ne s'y attendait. Le déficit de la balance commerciale est énorme, d'où une taxe lourde sur les importations, compensée par une aide du même taux à l'exportation, la remise en cause du projet Concorde, le contrôle des prix.
    Giscard : « Les difficultés anglaises avaient été systématiquement camouflées dans la période avant les élections. La crise est beaucoup plus que monétaire.
    GdG. — Pour le moment, vous n'envisagez rien ?
    Giscard. — Si le déséquilibre s'aggravait, il faudrait des mesures rapides.
    GdG. — Les Anglais sont obligés de dévaluer, ou à la rigueur de faire un assainissement financier interne, ou plutôt les deux. »

    Après le Conseil :
    AP : « Croyez-vous que le gouvernement travailliste puisse réussir son opération de remise en ordre des finances ?
    GdG. — Non. C'est une opération qui ne réussira pas. Pour réussir une opération comme ça, il faut une ambiance, il faut une autorité, il faut une capacité comme celles que nous avons eues en 58. Alors, nous avons pu nous rétablir. Mais les Anglais ne sont pas dans cette situation-là. D'abord, ils n'ont pas de vraie majorité. Ensuite, ils n'ont à leur tête que des nouilles, à commencer par les travaillistes. Et puis, ils sont à la botte de l'Amérique. Par conséquent, ils sont couillonnés d'avance.
    « Ils vont boulotter le milliard de dollars que va leur donner le Fonds monétaire international. Et après celui-là, ils en demanderont un autre. Il est possible que les Américains mettent les pouces pour les sortir du trou et leur donnent un deuxième milliard. Ils le dépenseront aussi. Et puis un beau jour... Ça va avoir pour effet d'accroître encore la mainmise américaine sur les Anglais. Les Anglais sont complètement dans la main des Américains. On va l'apercevoir pour la Force multilatérale.
    AP. — Ils vont y participer, vous croyez ?
    GdG. — Les Américains les tiennent. Les Américains leur diront : " Voilà, c'est ça, ou vous n'aurez rien..." Ce sont les Américains qui tiennent le Fonds monétaire international. Si les Américains ne veulent pas qu'on sauve la livre, eh bien ! on ne la sauvera pas. C'est la politique de Nassau qui s'étend à tout le reste. Les Anglais tournent le dos à l'Europe. »

    « Le peuple anglais a besoin de se régénérer »
    Salon doré, 9 décembre 1964.
    AP : « Wilson a laissé entendre qu'il voulait venir à Paris, pour des conversations.
    GdG. — Je le recevrai peut-être, mais il n'y aura pas de conversation. Je ne pourrai pas l'empêcher de venir me voir. Mais c'est tout. Je publierai qu'il n'y aura pas de conversations. Wilson veut brouiller les cartes. C'est un hurluberlu. C'est un socialiste. Il est là comme un hanneton dans un tambour. Il tape sur

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