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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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reposer la question des frontières au-delà de l'Oder-Neisse ; elle se heurtera à tout le monde. Elle veut avoir une participation atomique ; finalement, elle ne l'aura pas. Et elle aura provoqué tout le monde avec ça. Nous ne pouvons pas l'accompagner dans cette série de provocations. Alors, nous ne pouvons plus avoir une politique commune avec elle.
    « Par ces prétentions, elle fait trembler tous les peuples qui ont gardé le souvenir de ce qu'elle leur a fait il y a vingt ans, et qui se soudent aussitôt avec nous, derrière nous. Elle met en boule, naturellement,d'abord, tout l'Est, tout ce qui est Polonais, Russe ou Tchèque. Et puis, elle nous inquiète aussi. Et même, elle ne fait pas plaisir aux Anglais.

    « Adenauer a empoché tout ce qu'il pouvait, mais il n'a pas dépassé la limite »
    « C' est pourquoi nous n'avons pas à épouser les querelles des Allemands ; d'autant plus que nous savons ce qu'ils ont été.
    « La politique d'Adenauer, c'était, sans le dire, de reconnaître que l'Allemagne n'avait que ce qu'elle avait mérité. Et par conséquent, de ne pas prétendre remettre en cause ce que lui avait coûté sa défaite. Adenauer n'allait jamais à Berlin. Il ne criaillait pas sur les frontières. Il ne piaillait pas sur la réunification, dont il se souciait fort peu ; d'autant plus qu'il ne voulait pas voir l'Allemagne gouvernée par les Prussiens. Enfin, il avait toutes sortes d' affinités avec nous pour le destin de l'Allemagne. Mais la bande Schröder, Erhard, etc., ce n'est plus la même chose.
    AP. — L'ennui, c'est qu'il ne compte plus, Adenauer.
    GdG. — Il n'y a plus d'Adenauer. C'est pour ça que je vous dis que l'Allemagne a changé de direction et que dans la direction qu'elle a prise, nous ne l'accompagnerons pas.
    « Adenauer a tiré de sa politique tout ce qu'on pouvait imaginer d'avantages pour l'Allemagne. D'abord, il a fait rendre l'Allemagne acceptable, il l' a fait réadmettre par nous, par le monde. Il l'a fait admettre dans l'Alliance atlantique. Il lui a fait rendre son charbon, son acier. Il lui a fait rendre une armée. Il lui a fait obtenir le traité de Rome. Il a empoché tout ce qu'il pouvait. Mais il n'a pas dépassé la limite. La limite, c'était de vouloir en revenir à l'Allemagne telle qu'elle était du temps d'Hitler. Alors, ça, c'est ce qu'Erhard, Schröder et la bande ont voulu inconsciemment, sans même se rendre compte qu'ils franchissaient une frontière. »
    Un silence, puis il reprend : « À partir du moment où les autres avaient arraché à Adenauer la promesse de s'en aller à une certaine date, il ne tenait plus rien. À partir du moment où on annonce qu'on s'en va, on ne gouverne plus. »
    Le propos ne manque pas de sel, à vingt jours de la date où le Général va annoncer s'il se retire...

    « Les ministres allemands n'en feront chacun qu'à leur tête »
    Au Conseil du 20 octobre 1965, Couve : « Le deuxième gouvernement Erhard est né. L'autorité d'Erhard est diminuée à la suite des pénibles consultations auxquelles il a procédé. »
    Après le Conseil.
    AP : « Erhard était le grand vainqueur : c'est déjà fini ?
    GdG. — Oui, après ses élections, il disposait de la légitimité populaire. Mais tous ses conciliabules la lui ont fait perdre. Il s'est soumis aux politiciens de son parti.
    AP. — Ses difficultés font penser à la IV e .
    GdG. — Oui. Seulement, les Allemands ont pour eux une Constitution qui facilite les choses au gouvernement, puisqu'on ne peut pas le renverser, à moins qu'on ait trouvé une majorité contraire. Mais ils ne la trouveront pas. Si bien qu'Erhard gouvernera quand même. Seulement, ses propres ministres n'en feront chacun qu'à leur tête, comme nous l'avons constaté la dernière fois que nous sommes allés à Bonn. Tout ça n'est pas encourageant. »

    « Ils en sont là, ils se traînent aux pieds de la presse ! »
    Salon doré, 10 novembre 1965.
    AP : « Je suis allé à Bonn, à l'occasion de la rencontre de routine. Mon homologue allemand avait vivement insisté pour que je vienne ce jour-là, car c'était le bal de la presse, le Presse-Ball, où chaque année le Président de la République et le gouvernement allemand au grand complet sont présents continuellement jusqu'à deux heures du matin.
    GdG. — Ils en sont là ! Ils se traînent aux pieds de la presse !
    AP. — Ce bal était placé cette fois sous le signe de la France. Comme on avait fait de moi l'hôte d'honneur,

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