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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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de demi-heure en demi-heure, le chef du protocole venait me prendre et me conduire auprès d'un nouvel interlocuteur. J'ai eu ainsi une série de conversations avec le Président de la République, le Chancelier Erhard, le président du Bundestag et quelques-uns des principaux membres du gouvernement. Ces entretiens, qui se déroulaient par petites tables au milieu du brouhaha, m'ont laissé des impressions un peu déplaisantes. Mes interlocuteurs ont pris un ton aigre et revendicatif. Nullement au sujet du Marché commun — comme s'il ne les préoccupait plus. Mais au sujet de la réunification, des frontières, de l'armement atomique...
    GdG. — Les Allemands ont vite oublié. On ne peut pas compter sur eux. Ils avaient été mon grand espoir. Ils sont mon grand désappointement. »
    LES AUTRES
    1 Chef du gouvernement polonais. Il avait déclaré : « Notre frontière a été fixée à Potsdam par un accord avec la RDA, elle est défendue par notre alliance avec l'URSS. Elle est aussi approuvée par la France. » Ces propos ont irrité à Bonn tant le gouvernement fédéral que l'opposition parlementaire.
    2 La conférence de presse du 9 septembre 1965.
    3 Le Général n'annoncera sa candidature que le 4 novembre.
    4 La visite du ministre des Affaires étrangères d'URSS a eu lieu en avril 1965.

Chapitre 18
    « LA GRANDE-BRETAGNE, CE N'EST PLUS GRAND-CHOSE »
    Au Conseil du 31 juillet 1963, vient la question du choix entre le tunnel ou le viaduc pour traverser la Manche.
    Pompidou : « Les experts concluent en faveur du tunnel ferroviaire. Demander une autre étude, ce serait enterrer le projet. Il y a le choix entre le tunnel et rien du tout.
    GdG. — Il n'y a donc pas de choix.
    Pompidou. — Je voudrais mettre en garde M. Jacquet 1 contre le lobby du chemin de fer autant que contre le lobby automobile. Le premier ne voudrait que des trains, le second préférerait le viaduc sans trains. La SNCF pousse pour un tunnel accessible seulement aux chemins de fer, ce qui aurait pour effet que les Anglais traverseraient la France sans s'arrêter. Il faut absolument qu'il y ait une cassure à l'arrivée, et donc que le train soit seulement un outil de transport pour les voitures.
    Giscard. — Ce tunnel est d'un intérêt économique réduit, pour un coût considérable. Ce n'est pas une priorité.
    Pompidou (à Giscard). — C'est la thèse obstinée de vos services que de ne rien faire. Mais le fait de lier l'Angleterre au continent est politiquement important. Vos services partent des statistiques actuelles. Ils ne peuvent déduire ce qui sera de ce qui est !

    « Si le tunnel pouvait vraiment attacher l'Angleterre à l'Europe ! »
    GdG. — Si on choisit le train, il n'y aura pas seulement les voitures sur train, il y aura les trains sans voitures. Ne préjugeons pas. Il faudra que le gouvernement se décide par lui-même — et non selon ce que lui dictera Le Figaro ou Le Monde. »
    Le Général voit clair : si les voitures doivent prendre le train pour passer sous la Manche, comment empêcher que les trains n'y fasserit aussi passer des voyageurs qui ne s'arrêteront pas ?
    À l'issue du Conseil, le Général me dit : « Si le tunnel pouvait vraiment attacher l'Angleterre à l'Europe ! S'il pouvait la détacher des États-Unis ! »
    Au Conseil du 18 septembre 1963, la Manche revient. Jacquet résume un rapport sur les avantages et inconvénients d'un tunnel ou d'un pont entre l'Angleterre et la France: le pont moins sûr, le tunnel plus coûteux.
    Le Général conclut promptement : « Ce sera une des grandes affaires du siècle. Le gouvernement anglais, après des hésitations séculaires, admet aussi qu'il faut le faire. Mais il ne prendra pas sa décision avant de connaître les réactions du public. Ça veut dire se soumettre à des sondages. C'est bien aléatoire, ou bien hypocrite.
    « Donc : 1) nous publions le rapport ; 2) nous prenons ce projet en considération ; 3) le ministre de l'Information laissera entendre que nous penchons vers le tunnel. »
    Une grimace de Pompidou a marqué qu'il était marri de n'avoir pu s'exprimer. Contrairement aux règles, il prend la parole après le Général.
    Pompidou : « Je souhaiterais que nous ne soyons pas censés avoir opté. Les routiers sont favorables au pont. Ils vont déclencher des campagnes désagréables. Pourquoi prendre ce risque ?
    GdG (ironique). — "La vie du soldat en temps de guerre est une vie rude et parfois soumise à de réels dangers" 2 . En

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